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Nouvelle promesse d’action mondiale pour mettre fin à la tuberculose d’ici 2030
OFM Edition 157

Nouvelle promesse d’action mondiale pour mettre fin à la tuberculose d’ici 2030

Author:

Aidspan

Article Type:
NOUVELLES

Article Number: 5

Lors de l'AGNU23, quatre sommets ont été organisés pour débattre des questions et des défis en matière de santé mondiale: le sommet marquant le point à mi-parcours des objectifs de développement durable adoptés en 2015, le sommet sur la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies, la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle et le sommet sur la tuberculose. Certains membres de la société civile ne sont toutefois pas impressionnés par les résultats des discussions, en particulier les militants de la lutte contre la tuberculose. Le 22 septembre, les délégués ont voté en faveur de la déclaration politique sur la tuberculose; toutefois, le sentiment d'insatisfaction antérieur vis-à-vis de ce que certains considèrent comme un document peu convaincant demeure.

L’Assemblée générale des Nations unies 2023 (AGNU 23) s’est achevée vendredi, au terme d’une semaine exceptionnelle: quatre sommets consécutifs ont été organisés pour débattre des questions et des défis de santé mondiale. L’un de ces sommets, celui consacré à la tuberculose, fait l’objet du présent article.

 

L’objectif universel de ces réunions était de déterminer la bonne direction à prendre pour relever ces énormes défis sanitaires d’ici à 2030. Les déclarations ont été élaborées au terme de plusieurs mois de longs processus que la société civile internationale souhaitait “aussi concrets que possible: les décisions antérieures devraient être reconduites, de nouvelles approches stratégiques définies, des étapes de mise en œuvre concrètes fixées, les responsabilités déterminées et leur financement garanti”.

 

Il ne fait aucun doute que la ratification de la déclaration politique (DP) de la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose est une grande réussite. Toutefois, certains militants de la société civile estiment que les réalisations n’ont pas été à la hauteur des attentes. La Déclaration politique sur la tuberculose l’avait déjà laissé entrevoir, tel que nous l’avons rapporté dans le GFO 436  (Quelles sont nos attentes vis-à-vis de la réunion de haut niveau sur la tuberculose?) Et ces divergences au sujet du contenu de la DP n’ont pas été aplanies au cours de la réunion proprement dite; en effet, les parties prenantes de la société civile étaient fermement convaincues que bien d’autres éléments que la DP étaient inadéquats.

 

Le sommet sur la tuberculose et sa déclaration politique

 

Le thème de la réunion était le suivant: “Faire progresser la science, le financement et l’innovation, ainsi que les avantages de ces derniers, pour mettre fin d’urgence à l’épidémie mondiale de tuberculose, notamment par  un accès équitable à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins”.

 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a travaillé en étroite collaboration avec le bureau du président de l’Assemblée générale, les cofacilitateurs, les États membres et les partenaires, ainsi que la société civile, pour préparer la réunion de haut niveau. L’objectif principal de la réunion était de procéder à une analyse complète des progrès accomplis dans le cadre de la réalisation des objectifs fixés dans la DP 2018 et dans les objectifs de développement durable (ODD). En préparation de la Réunion de haut niveau, les États membres avaient demandé au Secrétaire général, avec l’appui de l’OMS, d’élaborer un “rapport complet et analytique sur les progrès accomplis et les défis restant à relever dans la réalisation des objectifs de lutte contre la tuberculose dans le contexte de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que sur les progrès et la mise en œuvre de la déclaration politique de 2018”.

 

Le 22 septembre, les États membres des Nations unies ont officiellement adopté la Déclaration politique de la réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose à New York, lors de la 78ème AGNU. Le Réseau des défenseurs du Fonds mondial (GFAN) indique que, dans la matinée du 22, la société civile et les communautés affectées ont acclamé et scandé #YesWeCanEndTB depuis la salle de conférence 1 des Nations unies à New York lorsque la DP a été adoptée sans objection. Si les États membres respectent leurs engagements, cela permettra au monde de mettre fin à la tuberculose d’ici 2030 et de sauver jusqu’à 45 millions de vies d’ici  2027.

 

Le document lui-même contient 84 engagements.  Vous pouvez lire la Note conceptuelle de la DP ici ; et la diffusion en direct de la réunion est disponible ici.

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Tableau 1. Principaux objectifs et engagements pour 2023, réunion de haut niveau sur la tuberculose

S’ENGAGER À FOURNIR LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT dans le but de traiter avec succès 45 millions de personnes entre 2023 et 2027.

S’ENGAGER À FOURNIR LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT dans le but de traiter avec succès 4,5 millions d’enfants atteints de tuberculose et jusqu’à 1,5 million de personnes atteintes de tuberculose résistante aux médicaments (TB-MR).

S’ENGAGER POUR LA PRÉVENTION DE LA TUBERCULOSE auprès des personnes les plus exposées au risque de tomber malades, afin qu’au moins 45 millions de personnes, 30 millions d’autres contacts familiaux de personnes atteintes de tuberculose, y compris les enfants de moins de cinq ans, et 15 millions de personnes vivant avec le VIH bénéficient d’un traitement préventif contre la tuberculose (TPT).

 

S’ENGAGER À MOBILISER UN FINANCEMENT SUFFISANT ET DURABLE, en quadruplant au minimum les niveaux de financement annuel de la tuberculose au niveau mondial (5,4 milliards de dollars) pour atteindre 22 milliards de dollars par an d’ici 2027, puis 35 milliards de dollars d’ici 2030, mobilisés par le biais de mécanismes d’investissement nationaux et internationaux, de mécanismes de financement novateurs et de plans d’action chiffrés.

S’ENGAGER À MOBILISER UN FINANCEMENT SUFFISANT ET DURABLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT dans l’optique de porter l’ensemble des investissements mondiaux à 5 milliards de dollars par an d’ici 2027 pour la recherche et l’innovation dans le domaine de la tuberculose – soit cinq fois plus que le milliard de dollars annuel actuel – en vue de la mise au point de diagnostics au point de prise en charge, de vaccins contre toutes les formes de tuberculose et de schémas thérapeutiques plus courts, plus sûrs et plus efficaces.

COMBATTRE LES INÉGALITÉS ET ÉLIMINER LA DISCRIMINATION, LA STIGMATISATION ET LES AUTRES OBSTACLES AUX DROITS HUMAINS LIÉS À LA TUBERCULOSE, en priorisant les communautés affectées par la tuberculose par le biais d’un accord portant sur la création de cadres juridiques et politiques habilitants afin d’assurer une riposte à la tuberculose équitable, inclusive et centrée sur les personnes, de promouvoir l’égalité des sexes et de respecter les droits humains, notamment en ce qui concerne les forums d’élaboration des politiques, la planification et la prestation de soins complets contre la tuberculose, et d’accroître et de maintenir l’investissement dans les initiatives au niveau communautaire.

 

Traduire les belles paroles en actions concrètes

 

Le partenariat Halte à la tuberculose a publié une déclaration à l’issue du sommet sur la tuberculose.

 

Lucica Ditiu, Directrice exécutive du partenariat Halte à la tuberculose, a déclaré: “Cette déclaration contient des objectifs clairs pour la lutte contre la tuberculose. La communauté de la lutte contre la tuberculose peut être fière du travail remarquable qu’elle a accompli pour atteindre ces objectifs. Toutefois, nous savons que les engagements seuls ne suffisent pas et que les déclarations resteront au placard si elles ne sont pas suivies d’effets. En 2018, les États membres ont promis de fournir 13 milliards de dollars par an pour le financement de la lutte contre la tuberculose d’ici 2022, et pourtant, ils ont fourni moins de la moitié de ce montant – qui est responsable de l’absence de suivi de cette promesse? Nous avons à cet effet besoin d’efforts et d’outils solides pour responsabiliser les dirigeants et nous-mêmes dans l’optique d’amener ces derniers à tenir leurs promesses. Cette démarche commence par la déclinaison des objectifs et des engagements mondiaux au niveau national, tâche à laquelle s’attelle actuellement le partenariat Halte à la tuberculose, et par la mise à disposition de la société civile et des communautés touchées par la tuberculose des ressources et des outils nécessaires pour assurer le respect des engagements pris par les dirigeants”.

 

Malheureusement, les États membres ont omis de fixer des délais pour ces engagements, qui avaient été jugés prioritaires par les communautés affectées par la tuberculose dans leur rapport sur la redevabilité intitulé ‘Deadly Divide‘ et qui ont à nouveau été mentionnés dans les interventions lors de la réunion de haut niveau proprement dite. Un petit groupe d’États membres s’est également opposé aux références pourtant cruciales au suivi piloté par les communautés et les plans d’action communautaires, aux droits et à l’égalité des sexes, ce qui a entraîné leur suppression au cours du processus de négociation.

 

Les États membres ne sont pas parvenus à trouver un accord concernant plusieurs autres mesures clés sollicitées dans le document des principales priorités de la communauté de lutte contre la tuberculose, notamment un système de redevabilité solide et robuste dans la DP afin de garantir un contrôle et un suivi réguliers et en temps utile, ainsi que des termes appropriés en ce qui concerne la mise à disposition d’un nouveau vaccin sûr et efficace contre la tuberculose dans les cinq années à venir.

 

Le GFAN a déclaré le 22 que “les dirigeants rassemblés à New York pour la réunion de haut niveau sur la tuberculose ont adopté la déclaration politique ce matin sans réserve. Nous sommes soulagés que la déclaration politique ait finalement été adoptée par consensus, même si elle présente des lacunes importantes”. Il a ensuite présenté la déclaration du Pôle  en charge de l’élaboration de la déclaration politique.

 

“Grâce aux efforts de plaidoyer déployés par de nombreuses personnes au sein de la communauté de lutte contre la tuberculose, la déclaration a fait du chemin depuis ses humbles débuts au mois de mai. Nous avons à présent des objectifs spécifiques, mesurables et assorties de délais pour trouver, diagnostiquer et traiter les personnes atteintes de tuberculose avec les derniers outils recommandés par l’OMS, ainsi que des objectifs spécifiques et assorties de délais pour le financement de la riposte à la tuberculose et de la R&D”.

 

“L’engagement à “renforcer les protections financières et sociales pour les personnes affectées par la tuberculose” constitue une belle victoire pour la communauté. Cette mesure est essentielle pour alléger la charge financière liée à la santé et à d’autres aspects de la tuberculose qui pèse sur les personnes atteintes de la maladie et leurs familles. Les États membres des Nations unies ont convenu de veiller à ce que, d’ici 2027, “100 % des personnes atteintes de tuberculose aient accès à un ensemble de prestations sanitaires et sociales, de sorte qu’elles n’aient pas à subir des préjudices financiers en raison de leur maladie”. La communauté est également fière du fait que ce soit la première déclaration politique sur la santé à reconnaître de manière explicite le droit des personnes à jouir des avantages des progrès scientifiques”.

 

Mais malgré ce résultat, la dilution des questions identifiées dans les premières versions de la déclaration est manifeste. ” La déclaration aurait certes pu être beaucoup plus énergique qu’elle ne l’est, et n’a pas intégré toutes les principales priorités des parties prenantes de la lutte contre la tuberculose, mais elle constituera une référence importante en matière de redevabilité “.

 

“Cependant, malgré le langage encourageant, aucune de nos principales requêtes visant à assurer des ripostes nationales à la tuberculose équitables, inclusives, sensibles au genre, basées sur les droits et centrées sur les personnes, n’a été retenue”. La déclaration ne contient aucun engagement spécifique en faveur de plans d’action chiffrés pour les communautés, les droits et le genre (CDG), de plans de réduction de la stigmatisation ou de renforcement des réseaux nationaux de personnes affectées par la tuberculose. Il est également préoccupant de constater qu’aucun engagement explicite n’a été pris pour assurer des conditionnalités d’accès au financement public de la recherche et du développement. Nous avons tous vu et expérimenté les conséquences de l’inefficacité de l’argent des citoyens lors de la pandémie de COVID-19, lorsque des diagnostics, des vaccins et des traitements essentiellement financés par des fonds publics n’étaient en fin de compte pas abordables ou accessibles de manière équitable.

 

“Bien que la DP adoptée aujourd’hui soit un outil que les militants de base peuvent utiliser et utiliseront pour stimuler l’action et la redevabilité au niveau national, la lutte continue et nous resterons engagés et unis pour susciter une ambition, une redevabilité et un impact plus importants”.

La déclaration du pôle contient également de nombreuses citations d’organisations de la société civile et de parties prenantes des quatre coins du monde.

 

Quelques points positifs relevés

Ce n’est pas tout le monde qui est accablé par les lacunes perçues de la DP. Un délégué indien représentant la jeunesse indienne à la réunion de haut niveau sur la tuberculose a déclaré: “Nous sommes enfin parvenus à un accord sur la DP concernant la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose. Ce document constitue une étape importante, non seulement pour nous en tant qu’individus, mais également pour l’avancement de l’objectif de développement durable n° 3, en particulier les objectifs 3.3, 3.8 et 3.B”.

 

“En tant que jeunes, nous incarnons l’avenir, et en tant que citoyens du monde, nous croyons fermement que chaque article de ces 84 DP est d’une importance égale.

“Notre engagement envers la réalisation de l’agenda de l’ODD 3 reste ferme.

 

Quelles sont les prochaines étapes?

 

Comme l’a rapporté Devex, avant la réunion, des inquiétudes avaient déjà été exprimées par rapport à la possibilité d’un faible taux de participation des chefs d’État. Cette crainte n’était pas infondée: Le président du Zimbabwe, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, et le premier ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, Terrance Drew, sont les seuls chefs d’État à avoir assisté à la réunion en personne; les autres participants de haut niveau ont pris part à la réunion par le biais de délégations électroniques. Pour que ces sommets et conférences de presse puissent avoir la portée voulue, un engagement de haut niveau de la part des gouvernements était nécessaire au plus haut niveau, et une présence physique fait passer ce message beaucoup plus clairement qu’une présence virtuelle. Lucica Ditiu a déclaré que même si des “personnes extraordinaires” étaient présentes dans la salle, elle s’attendait à voir davantage de personnalités de haut niveau, ajoutant que les Ministres de la santé ont du mal à s’en sortir avec leurs budgets de santé et que la lutte contre la tuberculose pourrait bénéficier du soutien des Ministres des finances et des Chefs d’État.

 

Le succès mitigé perçu du sommet et de la DP ne doit pas faire oublier que la DP en elle-même a été une réalisation importante. La recherche d’un consensus est difficile et presque impossible avec autant de parties prenantes de différents horizons représentant de nombreuses organisations différentes dans de nombreux pays. Célébrons ce succès tout en gardant à l’esprit que nous en connaissons désormais les points faibles et que nous pouvons travailler à les renforcer au fur et à mesure que nous avançons dans la lutte contre la tuberculose.

 

 

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