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ENTREVUE AVEC M. ÉRIC FLEUTELOT, DIRECTEUR TECHNIQUE DU PÔLE GRANDES PANDÉMIES DU DÉPARTEMENT SANTÉ CHEZ EXPERTISE FRANCE
OFM Edition 137

ENTREVUE AVEC M. ÉRIC FLEUTELOT, DIRECTEUR TECHNIQUE DU PÔLE GRANDES PANDÉMIES DU DÉPARTEMENT SANTÉ CHEZ EXPERTISE FRANCE

Author:

Christian Djoko

Article Type:
Interview

Article Number: 2

RÉSUMÉ Un mois après la fin de la Conférence de la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial qui s’est tenue à New-York, l’OFM a souhaité donner la parole à un acteur institutionnel de p

RÉSUMÉ Un mois après la fin de la Conférence de la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial qui s’est tenue à New-York, l’OFM a souhaité donner la parole à un acteur institutionnel de premier plan afin de recueillir ses impressions sur le montant des dons collectés et les enjeux du prochain cycle de financement triennal.

 

S’il fallait vous présenter en quelques mots, que diriez-vous?

Pandémies, maladies infectieuses, santé communautaire et droits humains. De façon moins télégraphique, je dirige le pôle Grandes Pandémies du département santé d’Expertise France, dont je suis le directeur technique. J’ai rejoint Expertise France en avril 2019, après près de cinq ans en Asie du Sud-Est en tant que conseiller régional en santé mondiale pour le Ministère français des Affaires étrangères. J’ai un tropisme plutôt orienté sur la santé communautaire, notamment dans le VIH. Mais j’ai également travaillé avec grand intérêt sur d’autres pandémies, et dans le domaine de la recherche et de la diplomatie sanitaire.

Quelle appréciation globale portez-vous sur la septième Conférence de reconstitution des ressources qui s’est tenue récemment à New-York?

Il y a plusieurs aspects positifs, évidemment, car dans le contexte international actuel une telle mobilisation n’était pas évidente. L’intérêt des grands et plus modestes donateurs est toujours là, et il y a un engagement commun à ne pas s’arrêter au milieu du gué. Très clairement, de nombreux leaders politiques ont rappelé l’importance de poursuivre et d’amplifier la riposte aux pandémies de VIH, de tuberculose et de paludisme. En revanche, il est clair qu’on est encore loin de l’objectif fixé de 18 milliards de US$ et, l’Italie et le Royaume-Uni n’ont fait qu’annoncer leur intérêt à s’engager pour l’avenir, mais aucun montant pour l’instant.

Le Fonds mondial sollicitait un montant minimal de 18 milliards de dollars pour son cycle de financement triennal (2024-2026). À l’heure actuelle, les engagements financiers promis par les différents donateurs représentent 14,25 milliards de dollars. N’est-ce pas un échec, malgré le montant record récolté?

Les engagements s’élèvent aujourd’hui à 14,25 milliards de dollars américains, en comptant 100 % de la contribution américaine qui pourtant la conditionne à ce qu’elle ne représente pas plus d’un tiers des ressources totales. Donc, potentiellement, l’engagement est peut-être en dessous des 14,25 milliards. C’est évidemment préoccupant.

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels devra faire face le Fonds mondial lors du prochain cycle triennal?

Ils sont nombreux et très motivants. Ils ont la potentialité d’emmener tous les membres du partenariat Fonds mondial vers les objectifs de 2030. Ils engagent donc toutes les parties prenantes, à commencer par les pays eux-mêmes. Je citerais, sans ordre de priorité, la mise en œuvre opérationnelle de la nouvelle stratégie, notamment avec son objectif renforcé sur les systèmes de santé intégrés et centrés sur la personne… Il est clair qu’aujourd’hui, pour passer à l’échelle dans de nombreux pays, il va falloir travailler plus franchement sur les différents piliers des systèmes de santé. La thématique des droits humains, de l’approche genre et de l’équité dans l’accès aux services de santé est également un défi de taille, en particulier pour les populations les plus marginalisés et dans les contextes les plus fragiles. Le contexte sécuritaire est lui aussi un défi sensible. Dans certains pays, les services de santé ne s’étendent plus, ils se réduisent… Comment va-t-on assurer tout de même l’accès à des services de santé primaire dans ces régions ? Ce n’est pas que de la responsabilité du Fonds mondial, mais il devra y apporter une partie de la réponse. Enfin, comment ne pas mentionner l’impact de la COVID19, qui a montré combien les acquis étaient fragiles ?

À travers sa contribution exceptionnelle à la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial, la France a réaffirmé sa détermination à contribuer significativement à l’éradication du VIH, de la tuberculose du paludisme en tant que pandémies à l’horizon 2030. Au-delà des engagements financiers annoncés, il était aussi question pour le Président Emmanuel Macron, au cours de la présentation des promesses de la France, de proposer une méthode et un cadre d’action. Ainsi, a-t-il souhaité voir L’Initiative, aux côtés du Fonds mondial, jouer un rôle plus important dans la lutte contre les trois maladies. Qu’est-ce que cela implique concrètement pour vous et pour les bénéficiaires de vos différentes interventions?

La France est fidèle et loyale vis-à-vis du Fonds mondial et de dynamique incontestable qu’il a apporté à la lutte contre les pandémies. Il n’est pas permis d’en douter.

L’Initiative entend donc appuyer et renforcer l’écosystème du Fonds Mondial, pour plus de performance et de cohérence. Nous sommes au service des pays comme du Fonds mondial, nous travaillons à une convergence stratégique pour amplifier les investissements massifs contre les pandémies afin que les systèmes pour la santé soient mieux accessibles, plus accueillants, plus abordables et de meilleure qualité. Les partenaires du Fonds mondial et de L’Initiative sont identiques. Nous travaillons avec les autorités nationales, les organisations de la société civile et les autres partenaires techniques et financiers. Avec un focus sur les pays les plus fragiles, respectant en cela la liste des pays prioritaires de l’aide publique au développement française.

Pour être mieux préparés, nous mettons à jour actuellement la stratégie de L’Initiative qui avait été adoptée en 2020. L’augmentation des ressources de L’Initiative va permettre une opérationnalisation plus ambitieuse, notamment sur les systèmes pour la santé et pour les communautés les plus vulnérables.

Pour terminer, souhaitez-vous aborder une problématique ou un sujet qui n’a pas été couvert au cours du présent entretien?

Le rôle d’Aidspan, en tant qu’observateur indépendant du Fonds mondial, reste crucial. Il faut poursuivre et amplifier la production et la diffusion d’une information qui permet de mieux comprendre le Fonds mondial, les contextes des pays, les difficultés et les succès rencontrés. Donc, c’est un message d’encouragement que je veux transmettre, aussi bien à l’équipe d’Aidspan qu’à ses lecteurs et utilisateurs de son travail.

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