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Repenser la finance du développement durable : l’émergence de l’Investissement Public Mondial
OFM Edition 163

Repenser la finance du développement durable : l’émergence de l’Investissement Public Mondial

Author:

George Njenga Kiai

Article Type:
Actualités

Article Number: 3

Cet article explore le rapport "L'heure est à l'investissement public mondial", plaidant en faveur d'un passage au modèle d'Investissement Public Mondial (IPM) pour la finance du développement durable. L'IPM met l'accent sur la contribution mutuelle, les avantages, et la prise de décision, visant à relever des défis mondiaux tels que l'équité en matière de santé et le changement climatique. L'article met en lumière les contributions d'experts, des études de cas hypothétiques, et discute des défis et des opportunités potentiels de l'IPM. Il conclut par un appel à l'action pour les leaders mondiaux et les décideurs politiques, en soulignant le rôle de l'IPM dans la promotion d'un avenir mondial plus équitable, coopératif, et durable.

 

Introduction

 

Le rapport transformateur “Time for Global Public Investment” du Réseau d’Investissement Public Mondial marque un tournant majeur dans le paysage de la finance du développement durable. À travers ses essais complets, le rapport introduit le concept d’Investissement Public Mondial (IPM), un cadre novateur visant à remplacer les modèles d’aide traditionnels par une approche plus inclusive et équitable du financement mondial.

 

Le modèle GPI : Une nouvelle approche des défis mondiaux

 

Le modèle d’IPM est ancré dans les principes de contribution mutuelle, de bénéfice et de prise de décision, marquant un changement par rapport à la dynamique traditionnelle donneur-destinataire, prônant un cadre plus égalitaire et coopératif. Ce paradigme est particulièrement pertinent pour aborder des problèmes mondiaux critiques tels que l’équité en matière de santé, la sécurité alimentaire, la crise climatique et les complexités de la justice fiscale et de la dette.

 

La pertinence du modèle IPM est vivement illustrée par la crise de la COVID-19, qui a mis en évidence une inégalité flagrante dans les réponses mondiales en matière de santé et les structures financières, comme le soulignent divers contributeurs au rapport. Selon les mots de Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA :

 

“Le seul moyen de lutter efficacement et équitablement contre les pandémies est de les considérer comme une priorité mondiale. Cela n’a pas été le cas avec la Covid-19, pas plus qu’avec la crise du SIDA il y a des décennies. Ces erreurs n’ont fait qu’exacerber la crise de l’inégalité. Alors que les pays à revenu élevé ont pu investir 14 % de leur PIB pour faire face à la crise, les pays à faible revenu n’ont pu se permettre que 3 % et n’ont même pas été soulagés des remboursements de la dette. En Afrique subsaharienne en 2022, les remboursements de la dette étaient en moyenne quatre fois plus élevés que les investissements dans la santé. … Pfizer et Moderna ont distribué ensemble 23,8 milliards de dollars aux actionnaires pendant la pandémie, plus que le PIB du Cambodge, de Chypre ou du Sénégal.”

 

Contributions et perspectives

 

Le rapport “Time for Global Public Investment” réunit une remarquable diversité de voix, offrant une mosaïque riche d’aperçus sur l’avenir de la coopération et de la finance mondiales. Enrique V. Iglesias, réfléchissant à son expérience approfondie dans la finance du développement, voit le cadre IPM comme une évolution cruciale pour les Nations Unies et la gouvernance mondiale, établissant des parallèles avec des jalons historiques comme la création des Nations Unies elles-mêmes. Il souligne la nécessité d’un nouvel instrument de coopération pour répondre aux défis environnementaux et sociaux urgents de notre époque, positionnant l’IPM comme une réponse créative à la crise climatique et un pas vers la protection des biens publics mondiaux.

 

Les universitaires Thomas Piketty et Simon Reid-Henry explorent les subtilités de la redistribution mondiale des richesses, plaidant en faveur d’un impôt mondial sur la richesse comme moyen de remédier aux inégalités flagrantes qui marquent notre monde. Ils proposent qu’un tel impôt, s’il est mis en œuvre, pourrait générer des fonds importants pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique, la santé et la pauvreté, faisant ainsi valoir fermement l’IPM comme un mécanisme de développement mondial juste et équitable.

 

Perspectives africaines : Stephen Chacha et Martha Bekele de Development Initiatives discutent du rôle essentiel de  l’IPM dans le renforcement de l’investissement public régional pour les biens publics régionaux, en mettant l’accent sur l’importance du leadership africain dans la co-création de l’IPM. Ils soulignent l’inadéquation de l’architecture financière mondiale obsolète pour répondre aux besoins des pays africains, mettant en évidence l’importance de la décolonisation de l’aide, de la mobilisation de ressources nouvelles et du passage à une dépendance moins importante vis-à-vis des donateurs.

 

Rôle de la société civile : Nana Afadzinu de l’Institut de la Société Civile de l’Afrique de l’Ouest et David McNair de la Campagne One mettent en avant le potentiel transformateur de la co-création dans l’IPM, qui peut entraîner un changement en incorporant les connaissances locales, l’expertise et les partenariats dans les processus de prise de décision. Ils soulignent l’importance des organisations de la société civile dans la promotion de l’équité, de la propriété et de l’innovation, contribuant ainsi à une architecture de développement plus inclusive.

 

Regards latino-américains : Andrea Ordóñez de Southern Voice et Carolina Cosse de Mercociudades (Villes Municipales) mettent en avant les deux piliers de l’IPM – la priorisation du financement public et la promotion de structures de gouvernance efficaces – comme particulièrement résonnants dans le contexte latino-américain. Elles discutent de l’importance de l’intégration régionale, de la gouvernance locale et de la nécessité d’un cadre financier qui tienne compte de la diversité locale. Les discussions touchent également à l’impact historique du Nord Global sur le Sud Global, en particulier dans le domaine du changement climatique, plaidant en faveur d’une recalibration de la coopération internationale qui mette l’accent sur la participation collective.

 

Sud Global et régions à revenu intermédiaire : Le rapport met également en lumière l’esprit de coopération Sud-Sud et la nécessité de l’IPM pour garantir la fourniture de biens publics aux niveaux régional et mondial. Il appelle à un cadre vraiment multilatéral où tous contribuent, décident et bénéficient, favorisant ainsi un monde plus démocratique, équitable et durable. Cette approche est considérée comme cruciale pour les régions à revenu intermédiaire, notamment l’Amérique latine, où le financement public et les structures de gouvernance peuvent avoir un impact significatif sur la résolution des défis contemporains.

 

Ces contributions présentent une vision collective d’un modèle IPM qui transcende les récits traditionnels donneur-destinataire, plaidant pour un système où toutes les nations, quel que soit leur statut économique, contribuent à et bénéficient d’un pool mondial de ressources destinées à relever des défis partagés.

 

Études de cas et exemples

 

Équité en santé en Afrique subsaharienne

 

Une initiative IPM pourrait se concentrer sur l’amélioration de l’équité en matière de santé en Afrique subsaharienne, où les ressources en matière de santé sont souvent limitées. En appelant à la mutualisation des contributions de plusieurs pays, l’IPM offre un cadre pour ceux qui souhaitent investir dans les infrastructures de santé essentielles, la formation du personnel médical et l’accès aux médicaments. Cette approche collaborative permet non seulement de répondre aux besoins immédiats en matière de santé, mais également de jeter les bases d’une résilience à long terme du système de santé.

 

Résilience climatique en Asie du Sud-Est

 

En Asie du Sud-Est, confrontée aux conséquences du changement climatique, les principes de l’IPM pourraient être invoqués pour soutenir des projets de développement durable nécessitant, par exemple, un financement dans des initiatives d’énergie renouvelable, des pratiques agricoles durables et des mesures de protection côtière. En mettant l’accent sur le partage des connaissances et des ressources, le modèle IPM permet aux pays de cette région de développer des stratégies de résilience climatique à la fois pertinentes localement et informées à l’échelle mondiale.

 

Éducation et connectivité numérique en Amérique latine

 

L’IPM pourrait guider les investissements dans des projets d’éducation et de connectivité numérique dans toute l’Amérique latine en mettant l’accent sur le comblement de la fracture numérique, la fourniture d’un accès à une éducation de qualité et l’équipement des jeunes avec les compétences nécessaires pour un marché du travail en évolution rapide. En utilisant le cadre IPM, ces efforts peuvent être coordonnés et amplifiés, garantissant que les investissements ont un impact significatif et durable.

 

Agriculture durable en Asie du Sud

 

En Asie du Sud, l’IPM pourrait être un facilitateur pour ceux qui souhaitent soutenir des initiatives d’agriculture durable. Celles-ci pourraient impliquer le développement de cultures résilientes au climat, l’amélioration des systèmes de gestion de l’eau et la formation des agriculteurs aux pratiques durables.

 

Défis et opportunités du GPI

 

Défis :

 

  1. Résistance politique : La mise en œuvre de l’IPM nécessite un changement dans les dynamiques traditionnelles du pouvoir financier mondial, qui pourrait rencontrer une résistance de la part des intérêts établis.
  2. Risque de cooptation : Il existe un risque significatif que les pouvoirs établis non seulement résistent aux changements progressistes que l’IPM vise à apporter, mais tentent également de s’approprier l’initiative à leurs propres fins, diluant ainsi son potentiel transformateur.
  3. Complexités logistiques : La transition vers un cadre IPM implique des défis logistiques, notamment l’établissement de nouvelles structures de gouvernance et la garantie d’une participation équitable de tous les pays.
  4. Variabilité économique : Les différentes capacités économiques et priorités des nations pourraient poser des défis dans la standardisation des contributions et des avantages.

 

Opportunités :

 

  1. Promotion de la coopération Mondiale : L’IPM offre une plateforme pour une coopération mondiale renforcée, promouvant la responsabilité partagée et le bénéfice mutuel.
  2. Financement innovant pour le développement : L’IPM pourrait conduire à des mécanismes de financement plus innovants et efficaces, ciblant des domaines critiques tels que le changement climatique, la santé et l’éducation.
  3. Croissance équitable et durable : En se concentrant sur l’équité et l’inclusivité, l’IPM a le potentiel de stimuler une croissance et un développement durables, bénéficiant à toutes les nations.

 

Avancer avec le GPI :

 

Le succès de l’IPM repose sur l’action collective et l’effort unifié de la communauté mondiale, impliquant une large gamme d’acteurs de divers secteurs. Le rapport met en lumière les étapes essentielles pour donner de l’élan à l’IPM :

  • Affiner la proposition : Amélioration continue de l’IPM pour répondre à la faisabilité technique et à l’attrait politique, en impliquant un processus de co-création diversifié des parties prenantes.
  • Application pratique : Encourager les premiers adoptants à mettre en œuvre les principes de l’IPM, en démontrant sa polyvalence et son impact.
  • Création de soutien : Une stratégie d’engagement large pour remporter le soutien à l’IPM, nécessitant un dialogue prolongé pour un cadre IPM complet d’ici 2030.
  • Intégration des initiatives : Aligner l’IPM avec les campagnes existantes et les efforts de leadership régional, notamment dans les domaines impactés par la COVID-19 et ayant besoin d’un nouveau pacte vert.

 

Engagement civique :

 

Le rôle crucial de l’action civique est souligné dans la promotion de l’IPM, en mettant l’accent sur la participation active de la société civile dans la promotion des investissements pour les communautés marginalisées et dans la résolution des disparités financières. L’IPM défend une approche participative dans la prise de décision et la conception des politiques, garantissant une représentation équitable et un changement impactant, veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.

 

Conclusion

 

Plonger dans le rapport “Time for Global Public Investment” revient à ouvrir une carte des territoires inexplorés de la finance mondiale. Ce n’est pas seulement une radiographie du statu quo, mais une carte au trésor nous indiquant le chemin vers un monde où l’équité et la durabilité ne sont pas seulement des mots à la mode, mais le fondement de notre parcours collectif vers l’avant. Imaginez essayer de pousser le lourd chariot de la finance mondiale sur de nouveaux chemins sans le renverser entièrement. Voilà l’essence de ce que propose ce rapport avec son modèle d’IPM.

 

Alors que nous naviguons dans les mers agitées des défis mondiaux d’aujourd’hui – que ce soit la crise climatique qui frappe à nos portes ou le fossé grandissant des disparités en matière de santé – le modèle IPM nous lance une bouée de sauvetage. Il s’agit de retrousser nos manches et de travailler ensemble, où chacun met la main à la pâte, tout le monde en bénéficie et tout le monde a son mot à dire. Imaginez ceci comme un effort collaboratif non seulement pour colmater le navire, mais aussi pour tracer un cap vers de nouveaux rivages, plus accueillants.

 

Le rapport peint le portrait d’un monde où l’ossature financière est construite pour soutenir chaque nation, pas seulement celles avec les plus gros portefeuilles. En ralliant derrière l’IPM, nous rejoignons essentiellement nos forces pour cultiver un voisinage mondial plus uni, durable et florissant.

 

Considérez ce rapport comme une invitation à secouer, reconstruire et insuffler une nouvelle vie dans les rouages de la finance mondiale. Ensemble, ouvrons la voie à un demain où le développement durable n’est pas seulement un idéal – c’est notre réalité.

 

 

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