Subscribe To Our Newsletter
Abonnez-vous Ć  notre bulletin
Le Soudan n’a aucun espoir d’atteindre ses objectifs de 2030
OFM Edition 156

Le Soudan n’a aucun espoir d’atteindre ses objectifs de 2030

Author:

Aidspan

Article Type:
ANALYSE

Article Number: 6

Subventions du Fonds mondial Ć  la RĆ©publique du Soudan

Le rapport d'audit du Bureau de l'Inspecteur GĆ©nĆ©ral concernant les subventions du Fonds mondial au Soudan illustre les difficultĆ©s de mise en œuvre des programmes de lutte contre les maladies dans un contexte d'intervention difficile. Compte tenu de la situation, il est encourageant de constater que la gestion financiĆØre et la supervision sont jugĆ©es satisfaisantes. La triste rĆ©alitĆ© toutefois est que les programmes de lutte contre les maladies ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2025 et de 2030 ; et, avec les changements rĆ©currents de gouvernement au niveau central et au niveau des Ɖtats, il est peu probable que les actions convenues de la Direction soient menĆ©es Ć  bien de maniĆØre satisfaisante et dans les dĆ©lais. Le rapport comporte Ć©galement des points obscurs qui ne manqueront pas de susciter des interrogations chez les lecteurs attentifs.

Contexte

Le 4 avril 2023, le Bureau de l’Inspecteur GĆ©nĆ©ral (BIG) a publiĆ© son rapport sur les subventions du Fonds mondial au Soudan pour la pĆ©riode allant de janvier 2020 Ć  dĆ©cembre 2021.

 

Le Fonds mondial a classĆ© le Soudan dans la catĆ©gorie des contextes d’intervention difficile en raison de la guerre civile et de l’instabilitĆ© politique qui ont marquĆ© l’histoire du pays. L’instabilitĆ© Ć©conomique et politique s’est poursuivie au cours de la pĆ©riode d’audit. L’inflation a plus que doublĆ©, passant de 163 % en 2020 Ć  359 % en 2021, en raison de la dĆ©prĆ©ciation de la monnaie et de la suppression des subventions aux carburants. Le rapport indique que cette situation a eu un impact sur les dĆ©penses du Gouvernement en matiĆØre de soins de santĆ© (rĆ©duites de 159 dollars par habitant en 2014 Ć  47 dollars en 2019), limitant ainsi l’accĆØs de la population aux services. La base de donnĆ©es de la Banque mondiale est citĆ©e comme source, mais en juillet de l’annĆ©e derniĆØre, cette base de donnĆ©es indiquait que les dĆ©penses gouvernementales en matiĆØre de santĆ© Ć©taient de 29,6 dollars en 2014 et de 10,6 dollars en 2019. Ces chiffres ont ensuite Ć©tĆ© rĆ©visĆ©s, de sorte que la base de donnĆ©es actuelle indique qu’ils Ć©taient de 23,4 dollars en 2014 et de 7,8 dollars en 2019, et ont lĆ©gĆØrement augmentĆ© pour atteindre 8,0 dollars en 2020.

 

Le rapport note que les subventions actives ont reprĆ©sentĆ© un total de 170 millions de dollars pour la pĆ©riode d’allocation des fonds 2020-2022 (c’est-Ć -dire la pĆ©riode de mise en œuvre de janvier 2021 Ć  dĆ©cembre 2023), dont 64 % avaient Ć©tĆ© dĆ©caissĆ©s Ć  la fin du mois de dĆ©cembre 2021. Cependant:

 

    1. le tableau de la Figure 2 du rapport indique des dĆ©caissements au titre du NFM3 d’un montant total de 142 millions de dollars, soit 84 % du montant total signĆ© de 170 millions de dollars; et, fait dĆ©routant
    2. le montant de la subvention signƩe pour le paludisme dans le cadre du Cycle de subvention6 (NMF3) Ơ la Figure 2 (92 millions de dollars) ne correspond pas Ơ celui indiquƩ dans le tableau de la section 3.1 (89 millions de dollars).

 

Le MinistĆØre fĆ©dĆ©ral de la santĆ© (FMOH) et le Programme des Nations unies pour le dĆ©veloppement (PNUD) sont les principaux rĆ©cipiendaires (PR) pour le paludisme et le VIH/TB, respectivement. Les subventions sont Ć©galement mises en œuvre par l’intermĆ©diaire de la Sudan Disease Control Directorate du MinistĆØre fĆ©dĆ©ral de la santĆ© pour le VIH, la tuberculose et le paludisme (en tant que sous-rĆ©cipiendaire).

 

Les progrĆØs accomplis dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sont rĆ©sumĆ©s dans le tableau suivant, qui figure dans le rapport :

 

Objectifs et portĆ©e de l’audit

Les objectifs de l’audit Ć©taient d’Ć©valuer l’adĆ©quation et l’efficacitĆ© :

 

    1. de la mise en œuvre des interventions en matiĆØre de lutte VIH et de paludisme afin de garantir l’accĆØs des bĆ©nĆ©ficiaires Ć  des services de qualitĆ©;
    2. des modalitĆ©s de mise en œuvre, de supervision et d’assurance permettant d’atteindre les objectifs de la subvention dans les contextes d’intervention difficiles; et
    3. des mĆ©canismes de gouvernance et de contrĆ“le de la chaĆ®ne d’approvisionnement afin de garantir la disponibilitĆ© en temps utile et ininterrompu des produits sanitaires et non sanitaires.

 

Premier constat

MalgrĆ© des coĆ»ts importants de 10 millions de dollars entre les NFM2 et NFM3 soutenus par le Soudan pour combler les lacunes de la chaĆ®ne d’approvisionnement et notamment Ā les coĆ»ts opĆ©rationnels, les amĆ©liorations sont peu visibles. La faiblesse de la supervision associĆ©e au manque de soutien au niveau infranational et la faible capacitĆ© des ressources humaines Ć  tous les niveaux de la chaĆ®ne d’approvisionnement affectent la traƧabilitĆ©, la disponibilitĆ© et la redevabilitĆ© concernant les produits de santĆ©. Ces facteurs ont contribuĆ© Ć  accroĆ®tre les taux de pĆ©remption et les ruptures de stock.

 

L’achat et la distribution de produits de santĆ© reprĆ©sentent 71% (140,6 millions de dollars) des subventions du NFM3 au Soudan, l’UNICEF Ć©tant responsable de l’achat des produits de lutte contre le paludisme et le PNUD de l’achat des produits de lutte contre la tuberculose et le VIH. Les produits de santĆ© Ć  l’exception des moustiquaires imprĆ©gnĆ©es d’insecticide de longue durĆ©e d’action sont stockĆ©s et distribuĆ©s par le National Medicines Supplies Fund (NMSF), qui dispose d’un rĆ©seau de 18 entrepĆ“ts rĆ©gionaux dans le pays.

 

Le BIG a constatƩ:

 

    1. Des lacunes dans la quantification et la prĆ©vision des niveaux de produits de santĆ©, ainsi que dans les processus d’entreposage et de distribution. Lā€™absence de suivi et de supervision des localitĆ©s et des Ć©tablissements de santĆ© a eu une incidence sur la disponibilitĆ© des produits de santĆ© Ć  tous les niveaux, avec de longues pĆ©riodes de rupture de stock et de surstockage au niveau des Ć©tablissements. Le risque de pĆ©remption des produits de santĆ© pour le paludisme et le VIH est Ć©galement important au niveau central. Tous les produits de santĆ© essentiels pour le paludisme ont Ć©tĆ© stockĆ©s au niveau central pendant des pĆ©riodes allant de 4 Ć  15 mois au cours des 41 mois couverts par le rapport.
    2. Le non-respect des bonnes pratiques de stockage. Par exemple, deux des cinq entrepĆ“ts de l’Ɖtat conservaient les produits Ć  des tempĆ©ratures supĆ©rieures au niveau recommandĆ© (30Ā° Celsius). Il n’y avait pas non plus de contrĆ“le de la tempĆ©rature dans les trois autres entrepĆ“ts de l’Ɖtat et dans tous les entrepĆ“ts des localitĆ©s visitĆ©es.
    3. Les rapports de consommation des localitƩs indiquaient zƩro jour de rupture de stock, bien que des ruptures de stocks aient ƩtƩ constatƩes pendant plusieurs mois consƩcutifs.
    4. Les Ć©tablissements de santĆ© ne disposaient pas non plus de documents essentiels, notamment de fiches de stock, pour gĆ©rer les inventaires. En lieu et place de ces documents, ils utilisaient des registres de distribution improvisĆ©s et non standardisĆ©s, ainsi que d’autres documents qui se sont rĆ©vĆ©lĆ©s inefficaces pour enregistrer les produits dĆ©livrĆ©s aux patients.

 

DeuxiĆØme constat

MalgrĆ© les investissements substantiels du Fonds mondial (353 millions de dollars depuis 2015) dans la lutte contre le paludisme, les rĆ©sultats programmatiques sont restĆ©s stagnants. La performance et l’impact des subventions sont minĆ©s par des conditions de mise en œuvre sous-optimales, une supervision insuffisante des PR depuis l’Ɖtat jusqu’aux Ć©tablissements de santĆ© et un paysage financier limitĆ©. Si la tendance actuelle se poursuit, le Soudan pourrait ne pas ĆŖtre en mesure de rĆ©duire la morbiditĆ© et la mortalitĆ© dues au paludisme de 30 % d’ici 2025.

 

Le rapport explique les points suivants :

 

      1. Une planification et une coordination sous-optimales des interventions de lutte antivectorielle pourraient entraƮner une augmentation du taux de transmission du paludisme et du nombre de cas de paludisme.
      2. Les lacunes rĆ©currentes dans le dĆ©pistage du paludisme et la prise en charge des cas ont une incidence sur les efforts dĆ©ployĆ©s pour rĆ©duire l’incidence du paludisme et la mortalitĆ© due Ć  cette maladie.
      3. Les lacunes dans la qualitƩ des donnƩes et les dispositions de contrƓle ont une incidence sur le suivi efficace de la qualitƩ des services pour le programme de lutte contre le paludisme.

Ā 

TroisiĆØme constat

 

Le troisiĆØme constat concerne l’insuffisance des rĆ©sultats des programmes de lutte contre le VIH. Les rĆ©sultats en matiĆØre de lutte contre le VIH se sont amĆ©liorĆ©s au Soudan, avec une diminution des dĆ©cĆØs liĆ©s au VIH/sida de 17% depuis 2017. En 2020, le Gouvernement a mis Ć  jour ses directives sur le traitement antirĆ©troviral (ART) pour inclure des activitĆ©s communautaires et a Ć©largi le champ d’action des organisations communautaires dans la prestation de services liĆ©s au VIH. Bien que notables, ces progrĆØs sont insuffisants pour permettre d’atteindre l’objectif 95-95-95 d’ici 2025 et dā€™Ć©liminer le VIH en tant que menace pour la santĆ© publique d’ici 2030.Ā  Les progrĆØs limitĆ©s du Soudan sont illustrĆ©s dans les figures suivantes qui comparent ses performances Ć  la moyenne rĆ©gionale :

 

Le BIG attribue cette piĆØtre performance aux facteurs suivants :

 

    1. Des lacunes dans la conception des subventions, et notamment l’absence de certains indicateurs permettant de suivre et de mesurer la mise en œuvre.
    2. La mise en œuvre ne correspond pas Ć  la conception : bien que la subvention actuelle soit conƧue pour accroĆ®tre la couverture du dĆ©pistage au sein des populations clĆ©s, le dĆ©pistage est encore essentiellement axĆ© sur la population gĆ©nĆ©rale par l’intermĆ©diaire des services de dĆ©pistage du VIH. Le Soudan ne dispose pas non plus de stratĆ©gie d’auto-dĆ©pistage, alors que la stigmatisation et la discrimination liĆ©es au VIH sont Ć©levĆ©es.
    3. Les lacunes et les goulots d’Ć©tranglement dans la mise en œuvre des subventions qui affectent l’accĆØs aux services pour les bĆ©nĆ©ficiaires visĆ©s, tels que: (a) des retards dans le lancement de la mise en œuvre; (b) des dĆ©ficits budgĆ©taires pour les activitĆ©s visant Ć  atteindre les PC avec des kits de prĆ©vention; (c) une formation et une supervision limitĆ©es; (d) une faible couverture du dĆ©pistage de la charge virale (CV), avec seulement 10 % des personnes vivant avec le VIH ayant bĆ©nĆ©ficiĆ© d’un test de la CV en 2021; et (e) des sites de services de dĆ©pistage du VIH sous-utilisĆ©s. Le nombre limitĆ© de tests effectuĆ©s est principalement dĆ» Ć  une sensibilisation limitĆ©e de la communautĆ© aux services de dĆ©pistage du VIH, Ć  une forte stigmatisation et Ć  une rĆ©partition des services non alignĆ©e sur les variations gĆ©ographiques de la charge de morbiditĆ© du VIH.
    4. Absence de donnĆ©es rĆ©centes pour guider la conception et la mise en œuvre du programme de lutte contre le VIH au Soudan. La derniĆØre enquĆŖte de surveillance biologique et comportementale intĆ©grĆ©e (IBBS) s’est achevĆ©e en 2015. Une enquĆŖte de suivi Ć©tait prĆ©vue pour 2019, mais elle a Ć©tĆ© retardĆ©e en raison de l’instabilitĆ© politique et de la pandĆ©mie de COVID-19. En outre, malgrĆ© la disponibilitĆ© de fonds pour une Ć©tude sur la survie et la rĆ©tention dans les traitements antirĆ©troviraux en 2021, celle-ci n’a pas Ć©tĆ© rĆ©alisĆ©e.
    5. Un financement limitƩ qui, par exemple, a restreint la couverture des services de dƩpistage du VIH et le nombre de sites de traitement antirƩtroviral Ơ seulement 45, principalement dans les zones urbaines.

 

QuatriĆØme constat

L’approche du Fonds mondial consistant Ć  mettre Ć  profit la politique relative aux CID au Soudan, en particulier dans les situations d’urgence, doit ĆŖtre amĆ©liorĆ©e. L’approche du SecrĆ©tariat, le suivi stratĆ©gique dans les pays et les modalitĆ©s de mise en œuvre n’ont pas suffisamment exploitĆ© les principes de flexibilitĆ©, d’innovation et de partenariat encouragĆ©s par la politique en matiĆØre de CID. L’utilisation d’une “approche dĆ©veloppementale” pour rĆ©pondre aux urgences humanitaires au Soudan a contribuĆ© Ć  une faible performance des subventions et Ć  des progrĆØs limitĆ©s dans la lutte contre le paludisme et le VIH.

 

Le BIG donne les exemples suivants dans lesquels il estime que le Fonds mondial aurait pu faire usage des flexibilitĆ©s pour accroĆ®tre l’efficacitĆ© de la mise en œuvre des subventions :

 

    1. Bien que les tests de diagnostic rapide (TDR) du paludisme soient gratuits et constituent la mĆ©thode de diagnostic recommandĆ©e, aucune approche nouvelle ou innovante (telle qu’un systĆØme de compensation pour les Ć©tablissements de santĆ© utilisant les TDR au lieu de la microscopie) n’a Ć©tĆ© mise au point. Ce dĆ©faut d’adaptation limite l’accĆØs des bĆ©nĆ©ficiaires Ć  des services de qualitĆ©.
    2. Des sources de financement alternatives n’ont pas Ć©tĆ© exploitĆ©es pour combler des lacunes connues (telles que l’intervention de pulvĆ©risation intra-domiciliaire d’insecticides Ć  effet rĆ©manent qui a Ć©tĆ© interrompue dans deux Ɖtats en raison d’un financement insuffisant).
    3. Ā Des adaptations n’ont pas Ć©tĆ© utilisĆ©es pour amĆ©liorer la qualitĆ© des donnĆ©es. Le Soudan a enregistrĆ© des progrĆØs limitĆ©s dans l’amĆ©lioration de la qualitĆ© des donnĆ©es programmatiques et logistiques, et les programmes continuent de s’appuyer sur des donnĆ©es faibles et incomplĆØtes qui compromettent la prise de dĆ©cision.
    4. En 2019, le SecrĆ©tariat du Fonds mondial a confiĆ© Ć  un prestataire de services, la rĆ©alisation dā€™une Ć©valuation et l’Ć©laboration dā€™un plan de transformation de la chaĆ®ne d’approvisionnement ciblĆ©. Les mĆ©canismes et outils de base de la chaĆ®ne d’approvisionnement issus de cette Ć©valuation n’ont pas Ć©tĆ© mis en œuvre au niveau des Ć©tablissements de santĆ©. En outre, le rapport n’a Ć©tĆ© communiquĆ© au pays que deux ans aprĆØs la rĆ©alisation de l’Ć©valuation. De plus, il n’existe pas de consensus clair sur la maniĆØre dont les recommandations seront mises en œuvre, notamment en ce qui concerne la date d’Ć©chĆ©ance et l’identification des parties responsables du financement du plan.
    5. Les partenariats, tels que celui avec Gavi, ne sont pas suffisamment exploitƩs.

 

Des amĆ©liorations sont Ć©galement nĆ©cessaires en matiĆØre de contrĆ“le et de gestion des risques.Ā  Le rapport note que :

 

    1. les rĆ©unions et les visites effectuĆ©es par le comitĆ© de suivi stratĆ©gique de l’Instance de coordination nationale (ICN) n’ont souvent pas Ć©tĆ© aussi frĆ©quentes que prĆ©vu. Par consĆ©quent, les auditeurs ont constatĆ© qu’il existait des questions en suspens depuis longtemps et des problĆØmes rĆ©currents, ainsi que des recommandations Ć©manant de divers prestataires de services d’assurance qui nā€™ont pas Ć©tĆ© mises en œuvre.
    2. En rĆ©ponse au risque accru que l’instabilitĆ© politique fait peser sur la gouvernance, l’Ć©quipe pays a maintenu deux mesures d’attĆ©nuation lors de la session exĆ©cutive du ComitĆ© de performance du portefeuille en mars 2021. Toutefois, ces mesures sont insuffisantes pour relever les dĆ©fis mis en Ć©vidence dans ce portefeuille ; en particulier, ces dĆ©fis consistent en des changements continus de responsables au sein du FMOH et des gouvernements des Ɖtats qui contribuent Ć  la mauvaise performance des subventions.
    3. Deux mesures d’attĆ©nuation relatives aux systĆØmes d’entreposage et de distribution, y compris la distribution des produits de santĆ© jusqu’au dernier kilomĆØtre, n’ont pas Ć©tĆ© mises en œuvre au cours du cycle d’allocation du NFM2. Ces mesures ont ensuite Ć©tĆ© remplacĆ©es par une nouvelle action d’attĆ©nuation qui n’avait pas encore commencĆ©. Ce retard a eu un impact significatif sur la prestation de services.
    4. Seules cinq des onze recommandations formulĆ©es par le comitĆ© technique d’examen des propositions (CTEP) au titre du NFM3 ont Ć©tĆ© entiĆØrement exĆ©cutĆ©es aprĆØs deux ans de mise en œuvre de la subvention. Aucun mĆ©canisme n’est disponible pour achever la mise en œuvre de ces recommandations.

 

Enfin, le BIG dĆ©clare que des amĆ©liorations sont nĆ©cessaires en ce qui concerne les modalitĆ©s d’assurance. Le BIG a examinĆ© 28 % du montant total des transactions gĆ©rĆ©es directement par le FMOH de 2019 Ć  2021 et a notĆ© une amĆ©lioration considĆ©rable de la gestion financiĆØre au niveau de l’UnitĆ© de gestion du programme (UGP). MalgrĆ© des amĆ©liorations dans la gestion financiĆØre depuis le dernier audit, le BIG a observĆ© que lā€™agent fiscal nā€™effectue pas de rapprochement entre les transactions approuvĆ©es et celles enregistrĆ©es dans le grand livre du PR. Il est par consĆ©quent impossible de garantir lā€™exhaustivitĆ© et lā€™exactitude des informations financiĆØres communiquĆ©es au Fonds mondial.

 

Conclusions de l’audit

Par rapport aux objectifs de lā€™audit, lā€™Ć©valuation globale du BIG a conclu que :

 

    1. Lā€™adĆ©quation et lā€™efficacitĆ© des modalitĆ©s de mise en œuvre, de surveillance et dā€™assurance doivent ĆŖtre amĆ©liorĆ©es de maniĆØre considĆ©rable.
    2. La mise en œuvre des interventions contre le VIH et le paludisme en vue de garantir l’accĆØs des bĆ©nĆ©ficiaires Ć  des services de qualitĆ© doit ĆŖtre amĆ©liorĆ©e de maniĆØre considĆ©rable.
    3. La conception et lā€™efficacitĆ© des mĆ©canismes de la chaĆ®ne dā€™approvisionnement afin dā€™assurer une disponibilitĆ© dans les dĆ©lais et ininterrompue des produits sanitaires et non sanitaires sont inefficaces.

 

Actions convenues de la Direction (AMA)

Les actions convenues de la Direction (AMA) pour chacun des quatre constats sont les suivantes:

 

    1. Le SecrĆ©tariat travaillera avec le PR pour, d’ici le 31 dĆ©cembre 2024 :
      1. Clarifier les rĆ“les et responsabilitĆ©s du Groupe de travail technique sur la quantification et la prĆ©vision, notamment pour surveiller de maniĆØre obligatoire les niveaux de stocks au niveau central et au niveau des Ɖtats et prendre les dĆ©cisions appropriĆ©es en vue dā€™Ć©viter les ruptures de stock Ć  ces niveaux.
      2. Mettre Ć  jour la derniĆØre Ć©valuation des capacitĆ©s du NMSF pour comprendre la cause profonde des dĆ©fis liĆ©s Ć  la prestation des services jusqu’au dernier kilomĆØtre, notamment :
        • revoir la stratĆ©gie de distribution pour le Soudan;
        • renforcer le cadre de gouvernance et de redevabilitĆ© des responsables de mise en œuvre identifiĆ©s; et
        • fournir un plan de priorisation chiffrĆ© basĆ© sur les rĆ©sultats de l’Ć©valuation des capacitĆ©s.
        • Renforcer les ressources humaines pour la gestion de la chaĆ®ne d’approvisionnement dans le pays afin de surveiller le niveau des stocks de produits de santĆ© et d’amĆ©liorer la collecte et la communication de donnĆ©es logistiques.
    2. Le SecrĆ©tariat, en collaboration avec le PR, soutiendra le FMOH jusqu’au 31 dĆ©cembre 2024 pour :
      1. Mener une recherche opĆ©rationnelle et une enquĆŖte post-campagne complĆ©tĆ©e par des discussions de groupe et des entretiens avec des informateurs clĆ©s pour comprendre les causes profondes de la faible utilisation des MILDA au Soudan.
      2. AmĆ©liorer lā€™utilisation des TDR :
        • En assurant la mise en œuvre de l’utilisation des TDR conformĆ©ment aux directives nationales en matiĆØre de dĆ©pistage, ainsi que la distribution des protocoles et la formation du personnel ; et
        • En menant une Ć©valuation des causes profondes de la faible utilisation des TDR et en formulant des recommandations chiffrĆ©es priorisĆ©es
      3. Ā Renforcer la capacitĆ© des ressources humaines en vue dā€™amĆ©liorer la collecte, la qualitĆ© et la communication des donnĆ©es programmatiques sur le paludisme, le VIH et la tuberculose.
    3. Le SecrĆ©tariat, au cours de la pĆ©riode allant jusqu’au 31 dĆ©cembre 2024, travaillera avec les PR concernĆ©s pour :
      1. Mener lā€™enquĆŖte IBBS dans le but de guider la conception et la mise en œuvre du programme VIH du Soudan.
      2. Ā AmĆ©liorer les services diffĆ©renciĆ©s de dĆ©pistage du VIH en vue dā€™accroĆ®tre l’accĆØs au dĆ©pistage du VIH en faveur des populations Ć  haut risque de contracter le VIH (par exemple, les PC, les participants aux services d’IST et les patients atteints de TB) et par le biais du dĆ©pistage lĆ  oĆ¹ les taux de positivitĆ© sont Ć©levĆ©s (par exemple, les patients hospitalisĆ©s).
    4. Le SecrĆ©tariat Ć©valuera, d’ici le 31 dĆ©cembre 2024, la conception et la mise en œuvre des activitĆ©s de la subvention et mettra au point une solution innovante pour les activitĆ©s liĆ©es au paludisme et au VIH. Il sera notamment question de :
      1. Mettre Ć  jour les mesures d’attĆ©nuation des risques correspondant aux problĆØmes identifiĆ©s en matiĆØre de collecte et de communication de donnĆ©es programmatiques et logistiques de qualitĆ©, de qualitĆ© de service et de distribution jusquā€™au dernier kilomĆØtre, du niveau Ć©tatique jusqu’au niveau des Ć©tablissements de santĆ©.
      2. Soutenir le ComitĆ© de suivi stratĆ©gique de lā€™ICN en vue dā€™assurer la prise en compte et la mise en œuvre des recommandations du CTEP, en tenant compte du contexte difficile du pays, soutien qui couvre :
        • La formation du ComitĆ© de suivi stratĆ©gique sur les rĆ“les et responsabilitĆ©s ;
        • Le suivi et le compte rendu concernant le statut des recommandations du CTEP ; et
        • Lā€™adaptation et le caractĆØre rĆ©aliste du plan de suivi stratĆ©gique permettant dā€™assurer une surveillance minimale mĆŖme dans les situations critiques.

 

Commentaire

 

Le prĆ©sent rapport d’audit donne un aperƧu des difficultĆ©s liĆ©es Ć  la mise en œuvre des programmes de lutte contre les maladies dans un pays classĆ© dans la catĆ©gorie des CID et montre Ć©galement que le SecrĆ©tariat Ć©prouve des difficultĆ©s Ć  appliquer les flexibilitĆ©s prĆ©vues par la politique relative aux CID, qui ont Ć©tĆ© Ć©voquĆ©es Ć  plusieurs reprises tant par le BIG que par les pays eux-mĆŖmes. Il est encourageant de lire que le Fonds mondial a mis en place des systĆØmes et des processus de contrĆ“le solides dans le cadre de la gestion des subventions afin de rĆ©duire les risques financiers et fiduciaires au Soudan. Le FMOH a mis en place une UGP qui assure la gestion financiĆØre globale et le suivi stratĆ©gique des subventions du Fonds mondial accordĆ©es au FMOH et veille Ć  ce que les rapports financiers soient Ć©tablis dans les dĆ©lais impartis. Les subventions disposent Ć©galement d’un agent fiscal qui supervise les procĆ©dures de gestion financiĆØre, notamment le suivi des activitĆ©s du programme et la vĆ©rification des transactions financiĆØres. L’agent fiscal se sert d’un manuel de protocole de suivi pour effectuer des contrĆ“les de qualitĆ© Ć  diffĆ©rents niveaux. L’agent fiscal a Ć©galement amĆ©liorĆ© les dĆ©lais de transmission des rapports Ć  l’Ć©quipe pays du Fonds mondial.

 

Il est donc dĆ©plorable de constater que certaines parties du rapport sont confuses.Ā  Par exemple, dans le rĆ©sumĆ© introductif, il est indiquĆ© que “la flexibilitĆ©, l’innovation et les principes de partenariat autorisĆ©s par la politique relative aux CID du Fonds mondial n’ont pas encore Ć©tĆ© mis Ć  profit de maniĆØre efficace au Soudan”. Le rĆ©sumĆ© continue ensuite immĆ©diatement en ces termes : “Bien que le BIG ait constatĆ© une amĆ©lioration considĆ©rable de la gestion financiĆØre, les solutions innovantes et flexibles sont inefficaces pour rĆ©soudre les problĆØmes concernant la qualitĆ© des donnĆ©es, accroĆ®tre l’utilisation des tests de diagnostic rapide du paludisme, amĆ©liorer les interventions de lutte antivectorielle ou accroĆ®tre le contrĆ“le des subventions au-delĆ  du niveau de l’Ɖtat”. Alors, si les solutions innovantes et flexibles sont inefficaces pour la rĆ©solution de ces problĆØmes, pourquoi, comme cela a Ć©tĆ© recommandĆ© par la suite, continuer Ć  essayer de les utiliser ?

 

Autre exemple, dans son commentaire sur la nĆ©cessitĆ© d’une amĆ©lioration significative de la gestion des programmes, le rapport indique que “Le SecrĆ©tariat aurait pu travailler en permanence avec le Gouvernement pour trouver une substitution appropriĆ©e Ć  l’intervention par pulvĆ©risation intra-domiciliaire.” Pourtant, quelques pages plus loin, le rapport reconnaĆ®t que “depuis le premier coup d’Ɖtat de 2019, de nombreux changements sont intervenus Ć  la tĆŖte du MinistĆØre fĆ©dĆ©ral de la santĆ©, avec sept ministres de la santĆ©, quatre directeurs de la santĆ© mondiale et trois chefs de dĆ©partement de lutte contre les maladies. Cette instabilitĆ© a portĆ© atteinte Ć  la redevabilitĆ© et Ć  la mise en œuvre des activitĆ©s de la subvention.” Comment le SecrĆ©tariat a-t-il pu travailler “de maniĆØre continue” avec un gouvernement qui Ć©tait – et est toujours – en perpĆ©tuel changement ? Cette question est importante, car elle pourrait contribuer Ć  la rĆ©ussite de la mise en œuvre des AMA.

 

Dans la section sur les questions clĆ©s et les risques, le rapport nous dit que “le programme ne dispose d’aucun plan opĆ©rationnel pour la prise en charge des cas de paludisme et n’a pas organisĆ© de rĆ©union de revue sur le paludisme en cinq ans au cours de la pĆ©riode d’audit”. Cette affirmation semble Ć©trange pour plusieurs raisons. PremiĆØrement, la demande de financement du pays pour la subvention paludisme n’aurait pu ĆŖtre approuvĆ©e quā€™en cas de mise en place dā€™un plan programmatique et, si ce plan prĆ©sentait une lacune importante, le CTEP en aurait pris note et aurait exigĆ© des mesures pour y remĆ©dier. DeuxiĆØmement, il n’Ć©tait pas possible de prĆ©parer et de soumettre la demande de financement pour la lutte contre le paludisme sans une certaine forme d’examen. TroisiĆØmement, un programme ne peut pas diriger une rĆ©union. Il est Ć©galement maladroit de parler de “cinq annĆ©es au cours de la pĆ©riode d’audit” alors que cette pĆ©riode n’Ć©tait que de deux ans.

 

Le rapport soulĆØve la question de la distribution inefficace qui a Ć©tĆ© observĆ©e lors des visites dans les Ć©tablissements de santĆ©. Dans la section relative aux objectifs et Ć  la portĆ©e, le rapport indique que “nos auditeurs ont visitĆ© 19 Ć©tablissements de santĆ© dans 6 des 18 Ɖtats du Soudan, ainsi que cinq entrepĆ“ts appartenant au National Medical Supplies Fund”. Cependant, dans l’analyse du premier constat, il est indiquĆ© que “dans les quatre premiers Ɖtats visitĆ©s, seuls 15 vĆ©hicules Ć©taient disponibles pour effectuer des livraisons dans 1 450 Ć©tablissements de santĆ© et 31 localitĆ©s, 20 % des vĆ©hicules n’Ć©tant pas en Ć©tat de marche”. Alors, combien d’Ɖtats les auditeurs ont-ils visitĆ© ? Quelques paragraphes plus loin, nous apprenons que seuls 13 Ć©tablissements de santĆ© ont Ć©tĆ© visitĆ©s. Cela signifie que les auditeurs ont visitĆ© moins de 1 % des Ć©tablissements de santĆ© dans seulement quatre (ou six ?) des 18 Ɖtats. Compte tenu d’un Ć©chantillon aussi restreint, leurs constats – quelle que soit leur fiabilitĆ© – ne peuvent ĆŖtre considĆ©rĆ©s comme reprĆ©sentatifs. Il est Ć©galement surprenant que le rapport ne contienne aucun autre commentaire sur la non-disponibilitĆ© des vĆ©hicules, ce qui, logiquement, expliquerait en partie les ruptures de stock. De plus, dans la rĆ©fĆ©rence au nombre de vĆ©hicules disponibles, il n’est pas prĆ©cisĆ© si ceux-ci appartiennent au NMSF ou aux Ć©tablissements de santĆ©. Ainsi, qui manque de quoi ?

 

Les rĆ©fĆ©rences aux PR sont trĆØs confuses. L’audit est censĆ© avoir couvert les PR et les sous-rĆ©cipiendaires (SR) des programmes soutenus par le Fonds mondial. Toutefois, ce n’est pas rĆ©ellement le cas, car le rapport indique que (a) le BIG n’a pas auditĆ© les dĆ©penses du PNUD, qui est le PR pour les subventions VIH/TB, car les Nations unies et ses agences ne donnent pas Ć  des tiers l’autorisation d’accĆ©der Ć  leurs livres et registres ; et (b) le BIG n’a pas eu accĆØs aux piĆØces justificatives des sous-sous-bĆ©nĆ©ficiaires chargĆ©s de la gestion des activitĆ©s liĆ©es au VIH, en raison du refus du FNUAP (le sous-rĆ©cipiendaire du PNUD). En consĆ©quence, les constats d’audit relatifs Ć  l’assurance financiĆØre concernent la subvention du paludisme, qui reprĆ©sente 54 % du portefeuille.

 

Dans le premier AMA, il est Ć©vident que le PR visĆ© est le FMOH. Cependant, le deuxiĆØme AMA, qui porte sur le paludisme, indique que le SecrĆ©tariat, en collaboration avec le PR (qui est le FMOH), soutiendra le FMOH. Ce point n’a pas de sens. Le troisiĆØme AMA, qui concerne les constats relatifs au VIH, fait rĆ©fĆ©rence aux “PR responsables” alors que le PR responsable du programme de lutte contre le VIH et la tuberculose est le PNUD.

 

La quatriĆØme AMA comprend l’Ć©valuation de la conception de la subvention. Dans un CID, aucune forme de conception ne garantira le succĆØs sans une certaine stabilitĆ©, les ressources nĆ©cessaires et l’obligation de rendre des comptes. L’AMA est Ć©galement censĆ©e impliquer le dĆ©veloppement d’une “solution innovante”. Or, ce qui est citĆ© n’est pas une solution innovante, mais les mesures de bon sens habituelles. Les approches Ć©prouvĆ©es ont en effet plus de chances de rĆ©ussir que des efforts soutenus avec des ressources limitĆ©es pour essayer d’inventer des solutions innovantes dans une situation qui n’est pas susceptible d’Ć©voluer. Mais ni les solutions Ć©prouvĆ©es ni les solutions innovantes ne feront la diffĆ©rence lorsque, comme nous l’avons vu plus haut, les changements constants de dirigeants au sein du FMOH et des gouvernements des Ɖtats contribuent Ć  la faible performance des subventions.

 

Enfin, le tableau indiquant les progrĆØs rĆ©alisĆ©s dans la lutte contre les maladies utilise diffĆ©rentes Ć©chelles temporelles qui ne sont pas toutes pertinentes pour les subventions actuelles. Il serait plus appropriĆ© et plus instructif de comparer – ou au moins d’inclure – les progrĆØs enregistrĆ©s pour chacune des maladies depuis l’audit prĆ©cĆ©dent.

 

 

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Aidspan

Categories*

Loading
Aidspan

Categories*

Loading