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Fluctuations monétaires : comment le Fonds mondial et les récipiendaires principaux gèrent le risque
OFM Edition 68

Fluctuations monétaires : comment le Fonds mondial et les récipiendaires principaux gèrent le risque

Author:

Charlie Baran

Article Type:
NOUVELLES ET ANALYSE

Article Number: 3

Dans les pays confrontés à la volatilité monétaire, différentes approches sont adoptées pour protéger les achats

RÉSUMÉ Les fluctuations monétaires constituent une préoccupation importante pour les parties prenantes du Fonds mondial, notamment les pays bénéficiaires dont la monnaie peut connaître des variations significatives sur des périodes relativement courtes. La force du dollar US et de l’euro ces dernières années a encore aggravé le problème pour de nombreux pays. Cependant, une part significative des crédits de subvention du Fonds mondial est gérée de manière à limiter leur vulnérabilité face à ces fluctuations locales, protégeant ainsi les subventions de pertes majeures dues à des taux de change défavorables.

Les fluctuations monétaires constituent une préoccupation importante pour les parties prenantes du Fonds mondial, notamment les pays bénéficiaires dont la monnaie peut connaître des variations significatives sur des périodes relativement courtes. La force du dollar US et de l’euro ces dernières années a encore aggravé le problème pour de nombreux pays. Cependant, une part significative des crédits de subvention du Fonds mondial est gérée de manière à limiter leur vulnérabilité face à ces fluctuations locales, protégeant ainsi les subventions de pertes majeures dues à des taux de change défavorables. Dans cet article, nous décrivons quelques-unes des stratégies utilisées par le Fonds mondial et ses partenaires au niveau des pays en vue d’atténuer ce risque.

Le risque

Le principal risque associé aux fluctuations monétaires dans le contexte du Fonds mondial est lié à la dévaluation des monnaies locales, qui réduit la quantité de produits et services qu’un montant de subvention fixe (en dollars US ou en euros) permettrait d’acheter. En l’absence de mesures d’atténuation, cela pourrait avoir un effet dévastateur sur la réalisation des objectifs d’impact de nombreux pays et du Fonds mondial globalement. Supposons, par exemple, que le pays X a reçu une subvention de 150 millions de dollars du Fonds mondial, qui équivalaient au moment de la signature de l’accord de subvention à 450 millions dans la monnaie locale. Si, postérieurement à la signature de l’accord de subvention, la monnaie locale venait à se dévaluer de 20 pour cent, le nouveau montant de la subvention en monnaie locale limiterait son pouvoir d’achat à 120 millions de dollars, soit un revers de taille.

Les mesures d’atténuation

Achat groupé

Le Secrétariat du Fonds mondial et les récipiendaires principaux au niveau des pays adoptent diverses mesures d’atténuation des risques potentiels liés aux fluctuations monétaires. La plus importante de ces mesures est l’achat groupé de marchandises. Pour la plupart des subventions reposant sur l’achat massif de marchandises, comme celles du Mozambique et du Malawi, plus de 80 pour cent des crédits de subvention sont consacrés à l’achat de marchandises telles que des antirétroviraux, des antipaludiques, des moustiquaires et des outils de diagnostic. En ce qui concerne les budgets relatifs aux marchandises admissibles à l’achat groupé, le Fonds mondial ne verse pas les fonds au récipiendaire principal, au lieu de quoi il les retient et effectue directement l’achat des produits, de manière à bénéficier de prix plus bas du fait du groupement des achats. Dans la pratique, la vaste majorité des crédits des subventions reposant sur l’achat massif de marchandises ne sera jamais convertie en monnaie locale, car ils seront utilisés pour acheter des marchandises en dollars US ou en euros. Les crédits sont ainsi protégés face à la volatilité des taux de change, et face au risque de pots-de-vin et de détournement dans les pays. En outre, l’énorme pouvoir d’achat du mécanisme d’achat groupé – un milliard de dollars en 2017 – permet aux pays participants d’accéder aux marchandises aux prix les plus concurrentiels.

D’après la gestionnaire de portefeuille du Fonds responsable du Mozambique, Kirsi Viisainen, les fluctuations des monnaies locales ont « peu ou pas d’impact sur les achats de produits et de matériel de santé ». En ce qui concerne les subventions du Mozambique, les médicaments et le matériel sanitaire sont achetés en dollars US, directement par le Secrétariat du Fonds mondial, au travers du mécanisme d’achat groupé (géré par le Fonds mondial) et du Service pharmaceutique mondial (pour les antituberculeux ; géré en externe). Ces achats représentent 84 pour cent du portefeuille de subventions du Mozambique, selon Mme Viisainen, ce qui limite donc tout impact majeur des fluctuations de la monnaie locale, le metical, sur les subventions du Mozambique.

Outre les achats groupés, le Mozambique fait appel à l’UNOPS en qualité d’agent d’approvisionnement dans le cadre d’achats massifs de véhicules. Dans ces cas, les paiements sont réalisés directement, en dollars US, par le Secrétariat du Fonds mondial en faveur de l’UNOPS, ce qui limite davantage encore l’exposition aux fluctuations du metical.

Comptes doubles et décaissements de précision

La majorité des subventions du Fonds mondial sont libellées en dollars US, ce qui octroie au Fonds lui-même une certaine stabilité au niveau des projections financières. La plupart des achats de produits se font également en dollars US, souvent directement depuis le Secrétariat du Fonds mondial. Cependant, même pour la portion des subventions qui est transférée aux récipiendaires principaux dans les pays, une grande partie reste en dollars. Une pratique courante parmi les récipiendaires principaux – le plus souvent gouvernementaux – consiste à avoir deux comptes bancaires pour le Fonds mondial : un en dollars US (ou dans certains cas en euros) et un dans la monnaie locale. Pour les appels d’offres internationaux, ils utilisent le compte en dollars, et pour les appels d’offres nationaux, le compte en monnaie locale. Quant aux décaissements, ils sont généralement déposés sur le compte en dollars jusqu’à leur utilisation en monnaie locale, moment auquel ils sont convertis en monnaie locale.

Le Malawi gère ces risques de façon similaire au Mozambique. Pour les quatre subventions du Malawi qui ont pris fin en 2017, d’une valeur totale de 350 millions de dollars, quelque 284 millions de dollars ont été prélevés directement par le Secrétariat en dollars US aux fins des achats groupés. Selon Musoke Sempala, gestionnaire de portefeuille du Fonds pour le Malawi, d’autres mesures prises comprennent des « décaissements trimestriels planifiés », également connus sous le nom de libérations de liquidités, en fonction du besoin ou du taux d’utilisation. Ces deux mesures cherchent à restreindre le montant des liquidités transférées du Fonds mondial vers le pays, limitant le flux de fonds au strict montant nécessaire chaque trimestre, dans le but d’éviter l’accumulation de liquidités dans le pays et de réduire l’exposition aux fluctuations monétaires.

Double budgétisation et moyennes de 200 jours

Pour de nombreux récipiendaires, la procédure d’atténuation des risques liés à la monnaie commence au stade de la budgétisation. Les directives pour l’établissement des budgets du Fonds mondial fournissent des recommandations sur les monnaies utilisées pour l’établissement du budget (section 2.3.2) et l’application des taux de change et d’inflation (section 2.3.3). Lors de l’établissement des budgets, ceux-ci tendent à envisager quelles dépenses seront encourues en dollars US (marchandises et appels d’offres internationaux) et quelles dépenses seront encourues dans la monnaie locale (salaires, produits et services locaux). Cela permet non seulement d’établir le budget de manière plus exacte, mais cela protège également la subvention face aux variations de la valeur de la monnaie locale.

L’Azerbaïdjan est un exemple de pays bénéficiaire dont la monnaie, le manat ou AZN, a connu une dévaluation significative ces dernières années. La dévaluation du manat s’est vue compensée par l’inflation au niveau local, à hauteur de 12,4 pour cent en 2016 et de 9 pour cent en 2017.

Lorsque l’instance de coordination nationale d’Azerbaïdjan prépare son budget pour une demande de financement, les transactions encourues localement, comme les salaires et autres dépenses au sein du pays, sont initialement comptabilisées en AZN, puis converties en dollars. Mais elles ne sont pas simplement converties selon le taux de change à une date donnée. Conformément aux directives pour l’établissement des budgets, au stade de l’établissement de la subvention, l’Azerbaïdjan a utilisé une « moyenne mobile exponentielle de 200 jours » en guise de taux de change aux fins de l’établissement du budget. Cette moyenne de 200 jours est une procédure selon laquelle le taux de change moyen entre la monnaie locale et le dollar US est calculé en fonction des 200 jours précédents. La gestionnaire de portefeuille du Fonds pour l’Azerbaïdjan, Olga Avdeeva, souligne que conformément aux directives pour l’établissement du budget, les pays bénéficient d’une certaine souplesse pour actualiser leur moyenne mobile exponentielle au cours d’une subvention, si a) un événement important a lieu qui entraîne des modifications durables du taux de change, comme une dévaluation contrôlée de la monnaie, ou si b) la volatilité à court terme augmente (augmentation de plus de 10 pour cent).

Les mesures d’atténuation abordées dans cet article ne représentent qu’une partie des mesures prises par le Fonds mondial et d’autres pour se protéger face aux pertes dues aux fluctuations monétaires. De plus, chaque instance de coordination nationale et chaque équipe de pays du Fonds mondial analysent le contexte spécifique en vue de déterminer le choix de protections approprié.

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