CLASSEMENT DES 20 PAYS AYANT REÇU LES ALLOCATIONS LES PLUS ÉLEVÉES DU FONDS MONDIAL POUR LA LUTTE CONTRE LES TROIS MALADIES
Author:
Djesika Amendah
Article Type:Article Number: 3
Le Mozambique, l’Inde et le Nigeria se sont vu allouer les sommes les plus importantes au titre du VIH, de la tuberculose et du paludisme
RÉSUMÉ Le Mozambique, l’Inde et le Nigeria sont à la tête des 20 pays bénéficiant des allocations les plus élevées au titre de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme respectivement pour le cycle de financement 2020/2022.
Le Fonds mondial a augmenté de 23 pour cent au total le financement accordé à l’ensemble des pays pour le cycle 2020/2022 par rapport au cycle 2017/2019. (Voir un article récent de la version anglaise de l’OFM décrivant les nouvelles allocations.). Le Fonds mondial octroie des fonds aux pays admissibles selon un barème qui prend en compte deux variables principales, à savoir la charge de morbidité des maladies et le revenu par habitant. Le barème du Fonds mondial est par conséquent plus favorable pour les pays à faible revenu qui ont une charge de morbidité élevée de chaque maladie.
Cet article met en lumière les pays dont la somme allouée totale a augmenté de 50 pour cent ou plus, ainsi que les 20 pays qui ont reçu les allocations les plus élevées pour chacune des trois maladies au cours du cycle 2020/2022. Les données proviennent du service de données du Fonds mondial.
Vingt pays dont les allocations totales ont augmenté de 50 % ou plus
Nous examinons tout d’abord les pays dont la somme allouée totale a augmenté de 50 pour cent ou plus pour le cycle de financement 2020/2022 par rapport au cycle 2017/2019, étant donné que cela représente une augmentation substantielle des fonds disponibles pour la lutte contre les trois maladies.
Pour cette section, les données des pays/subventions suivants n’ont pas pu être localisées au sein du service de données du Fonds mondial : Bulgarie, Fidji, Iraq, multipays Amériques (subvention VIH pour des activités menées dans 11 pays d’Amérique latine), Palestine, Fédération de Russie, République arabe syrienne et Yémen.
L’Albanie est le pays dont la somme allouée totale a enregistré la plus forte hausse, soit 490 pour cent. Sept pays ont vu leur allocation doubler d’un cycle de financement à l’autre (augmentation d’au moins 100 %) (voir le Tableau 1, sous la Figure 1 ci-après). Fait intéressant, la plupart de ces pays ont des portefeuilles relativement modestes : six pays ont reçu moins de 10 millions de dollars, et neuf autres entre 10 et 100 millions de dollars. Seuls deux de ces 20 pays – le Mali et l’Afrique du Sud – sont définis par le Fonds mondial comme des pays « à fort impact », c’est-à-dire « de très grands portefeuilles ayant une charge de morbidité stratégique pour la mission du Fonds mondial ».
Figure 1 : Pays dont la somme allouée a augmenté d’au moins 50 % par rapport à 2017/2019
Source : Le Fonds mondial
Classement des 20 premières allocations VIH/sida
Pour cette section, Aidspan n’a pas pu localiser les données relatives à la Bulgarie, au Gabon, à la subvention multipays Amériques (CRN+), à la Palestine, à la Fédération de Russie, à la République arabe syrienne et au Yémen sur le site Web du service de données du Fonds mondial.
Classement des 20 plus grosses subventions VIH/sida
Nous classons les 20 premiers pays au regard de leur allocation VIH/sida pour la période 2020/2022, hors fonds à effet catalyseur, le cas échéant.
Sur les 20 pays bénéficiant des plus grosses subventions de lutte contre le VIH/sida, 17 pays sont situés en Afrique, deux en Asie (Inde et Indonésie) et un dans les Caraïbes (Haïti, voir le Tableau 1). Le Mozambique et l’Afrique du Sud sont les deux pays ayant reçu les sommes allouées les plus élevées en termes absolus pour ce cycle, soit 496,4 millions et 491,2 millions de dollars respectivement. Leurs sommes allouées sont alignées sur leur charge de morbidité, l’Afrique du Sud ayant l’épidémie de VIH la plus importante au monde, avec un taux de prévalence de 20,4 pour cent en 2017. Le Mozambique, voisin de l’Afrique du Sud, affichait en 2017 un taux de prévalence du VIH chez les adultes de 12,6 %, selon l’ONUSIDA. Autre fait intéressant, la Tanzanie et le Rwanda, malgré une baisse de 11 % et 21 % respectivement de leur somme allouée au titre du VIH, figurent toujours parmi les 20 premiers pays en termes de somme allouée. Les sommes allouées à l’Inde et au Myanmar sont restées sensiblement les mêmes pour les deux périodes, s’élevant à 155 millions et 123 millions de dollars respectivement.
Tableau 1 : Classement des 20 allocations VIH/sida les plus élevées au cours du cycle d’allocation 2020/2022
Pays | Régions de la Division de la gestion des subventions | Allocation 2020/2022
$ US |
Allocation 2017/2019
$ US |
Différence
entre les deux cycles |
Variation en %
% |
Mozambique | Afrique – fort impact 2 | 496 359 122 | 289 889 134 | 206 469 988 | 71 % |
Afrique du Sud | Afrique – fort impact 1 | 491 237 860 | 317 721 470 | 173 516 390 | 55 % |
Zimbabwe | Afrique – fort impact 2 | 425 034 567 | 406 518 928 | 18 515 639 | 5 % |
Malawi | Afrique australe et orientale | 393 004 813 | 370 804 766 | 22 200 047 | 6 % |
Tanzanie (République-Unie de) | Afrique – fort impact 2 | 364 840 423 | 408 487 081 | -43 646 658 | -11 % |
Nigeria | Afrique – fort impact 1 | 329 107 978 | 239 781 871 | 89 326 107 | 37 % |
Ouganda | Afrique – fort impact 2 | 289 203 023 | 255 632 244 | 33 570 779 | 13 % |
Éthiopie | Afrique – fort impact 2 | 278 315 505 | 194 160 288 | 84 155 217 | 43 % |
Kenya | Afrique – fort impact 2 | 271 649 197 | 246 899 292 | 24 749 905 | 10 % |
Zambie | Afrique – fort impact 2 | 233 545 183 | 184 377 140 | 49 168 043 | 27 % |
Congo (République démocratique) | Afrique – fort impact 1 | 174 093 362 | 122 678 456 | 51 414 906 | 42 % |
Inde | Asie – fort impact | 155 000 000 | 155 063 624 | -63 624 | 0 % |
Cameroun | Afrique occidentale | 149 772 367 | 94 644 534 | 55 127 833 | 58 % |
Myanmar | Asie – fort impact | 122 408 561 | 123 102 465 | -693 904 | -1 % |
Rwanda | Afrique australe et orientale | 121 349 916 | 154 462 907 | -33 112 991 | -21 % |
Indonésie | Asie – fort impact | 102 717 937 | 91 934 562 | 10 783 375 | 12 % |
Côte d’Ivoire | Afrique – fort impact 1 | 90 998 410 | 70 216 292 | 20 782 118 | 30 % |
Ghana | Afrique – fort impact 1 | 88 833 024 | 66 436 395 | 22 396 629 | 34 % |
Mali | Afrique occidentale | 80 322 830 | 49 083 927 | 31 238 903 | 64 % |
Haïti | Amérique latine et Caraïbes | 72 959 840 | 66 216 854 | 6 742 986 | 10 % |
Source : Service de données du Fonds mondial
Vingt-quatre pays ont vu leur somme allouée au titre du VIH/sida augmenter d’au moins 50 %
La somme allouée de onze pays a au moins doublé (augmentations d’au moins 100 %). Parmi ces pays, l’Égypte a enregistré l’augmentation la plus forte, à savoir 740 %, tandis que la somme allouée au Paraguay a augmenté de 52 %. Les pays ayant enregistré les augmentations les plus fortes en termes de pourcentage ne sont pas ceux qui ont les subventions VIH/sida les plus importantes. Ainsi, la subvention VIH/sida de l’Égypte pour ce cycle est de 4,2 millions de dollars, tandis que celle du Paraguay s’élève à 6,7 millions de dollars.
Classement des 20 premières allocations Tuberculose
Pour l’analyse des allocations au titre de la lutte contre la tuberculose, nous ne disposions pas de données adéquates pour les pays/subventions suivants : Bulgarie, Fidji, Iraq, multipays Amériques (CRN+), Palestine, République arabe syrienne et Yémen.
Nous avons classé les 20 premiers pays en termes d’allocation 2020/2022 pour la lutte contre la tuberculose. Parmi les 20 pays bénéficiant des allocations les plus élevées en matière de tuberculose, dix-huit sont des pays d’Asie et d’Afrique à fort impact (voir le Tableau 2). L’Inde et le Pakistan ont les deux allocations de lutte contre la tuberculose les plus élevées, soit 280 millions et 171,9 millions de dollars respectivement. L’Inde, dont la population atteint 1,4 milliard de personnes, accumule plus d’un quart de la charge de morbidité mondiale imputable à la tuberculose, selon les données du Fonds mondial. Ce pays enregistre par ailleurs le taux d’incidence de la tuberculose le plus élevé au monde, avec 2,7 millions de cas annuels. L’Inde s’est fixé pour objectif d’éliminer la tuberculose d’ici 2025, cinq ans avant la cible des Objectifs de développement durable. Le Pakistan, son voisin, recense selon les estimations 562 000 personnes atteintes de tuberculose.
Tableau 2 : Classement des 20 allocations Tuberculose les plus élevées au cours du cycle d’allocation 2020/2022
Pays | Régions de la Division de la gestion des subventions | Allocation 2020/2022 (équivalent en USD) | Fonds alloués | Montant | % |
Inde | Asie fort impact | 280 000 000 | 279 929 924 | 70 076 | 0 % |
Pakistan | Asie – fort impact | 171 981 709 | 130 163 215 | 41 818 494 | 32 % |
Indonésie | Asie fort impact | 150 456 123 | 102 416 537 | 48 039 586 | 47 % |
Nigeria | Afrique – fort impact 1 | 143 595 962 | 107 495 151 | 36 100 811 | 34 % |
Philippines | Asie fort impact | 119 096 167 | 78 543 887 | 40 552 280 | 52 % |
Bangladesh | Asie – fort impact | 115 770 502 | 97 935 663 | 17 834 839 | 18 % |
Myanmar | Asie fort impact | 93 126 255 | 82 947 503 | 10 178 752 | 12 % |
Congo (République démocratique) | Afrique – fort impact 1 | 76 950 962 | 56 656 946 | 20 294 016 | 36 % |
Viet Nam | Asie – fort impact | 59 771 812 | 47 281 094 | 12 490 718 | 26 % |
Kenya | Afrique – fort impact 2 | 56 694 297 | 45 507 072 | 11 187 225 | 25 % |
Mozambique | Afrique – fort impact 2 | 55 152 849 | 45 122 235 | 10 030 614 | 22 % |
Éthiopie | Afrique – fort impact 2 | 50 893 976 | 51 599 381 | -705 405 | -1 % |
Ukraine | Europe orientale et Asie centrale | 48 644 568 | 48 646 090 | -1 522 | 0 % |
Afrique du Sud | Afrique – fort impact 1 | 45 528 766 | 35 599 651 | 9 929 115 | 28 % |
Tanzanie (République-Unie) | Afrique – fort impact 2 | 43 068 093 | 25 849 887 | 17 218 206 | 67 % |
Ouganda | Afrique – fort impact 2 | 29 773 958 | 21 101 922 | 8 672 036 | 41 % |
Somalie | Moyen-Orient et Afrique du Nord | 29 018 030 | 22 110 931 | 6 907 099 | 31 % |
Ouzbékistan | Europe orientale et Asie centrale | 26 150 623 | 21 640 400 | 4 510 223 | 21 % |
Haïti | Amérique latine et Caraïbes | 25 422 056 | 17 896 075 | 70 076 | 0 % |
Zimbabwe | Afrique – fort impact 2 | 23 771 855 | 23 775 807 | 41 818 494 | 32 % |
Source : Le Fonds mondial
L’Albanie est le pays dont l’allocation au titre de la tuberculose a enregistré la plus forte hausse (611 %), suivie du Suriname (233 %). Toutefois, la valeur de leur somme allouée, soit 3,5 et 3,2 millions de dollars respectivement, est dérisoire par rapport aux sommes allouées des 20 premiers pays du classement.
Somme allouée pour le paludisme
Nous avons classé les 20 premiers pays en termes d’allocation 2020/2022 pour la lutte contre le paludisme. Ils se situent tous les vingt en Afrique (Tableau 3). L’Inde arrive en 21ème position (ne figure pas dans le tableau). Le Nigeria s’est vu allouer la somme la plus élevée au titre du paludisme – approximativement 417,8 millions de dollars – suivi de la République démocratique du Congo, qui s’est vu attribuer 393,9 millions de dollars. Le paludisme est endémique dans ces deux grands pays, de 206 et 89 millions d’habitants respectivement. Ces deux pays représentaient 37 % des cas de paludisme à l’échelle mondiale en 2018 (voir le Rapport 2019 sur le paludisme dans le monde de l’OMS).
Tableau 3 : Classement des 20 pays aux sommes allouées à la lutte contre le paludisme les plus élevées pour la période 2020/2022
Pays | Régions de la Division de la gestion des subventions | Allocation 2020/2022
$ US |
Allocation
2017/2019 $ US |
Différence
entre les deux cycles |
% |
Nigeria | Afrique – fort impact 1 | 417 893 727 | 313 409 111 | 104 484 616 | 33 % |
Congo (République démocratique) | Afrique – fort impact 1 | 393 891 463 | 347 651 023 | 46 240 440 | 13 % |
Ouganda | Afrique – fort impact 2 | 260 024 950 | 188 322 878 | 71 702 072 | 38 % |
Mozambique | Afrique – fort impact 2 | 200 001 211 | 167 870 339 | 32 130 872 | 19 % |
Tanzanie (République-Unie de) | Afrique – fort impact 2 | 179 362 012 | 145 258 808 | 34 103 204 | 23 % |
Burkina Faso | Afrique centrale | 155 188 287 | 94 868 155 | 60 320 132 | 64 % |
Côte d’Ivoire | Afrique – fort impact 1 | 145 592 530 | 118 139 717 | 27 452 813 | 23 % |
Ghana | Afrique – fort impact 1 | 119 665 794 | 111 531 421 | 8 134 373 | 7 % |
Éthiopie | Afrique – fort impact 2 | 115 344 133 | 129 849 218 | -14 505 085 | -11 % |
Cameroun | Afrique occidentale | 111 670 203 | 69 591 080 | 42 079 123 | 60 % |
Soudan | Afrique – fort impact 1 | 110 314 123 | 98 522 995 | 11 791 128 | 12 % |
Niger | Afrique occidentale | 107 446 514 | 53 763 719 | 53 682 795 | 100 % |
Malawi | Afrique australe et orientale | 99 984 069 | 70 670 374 | 29 313 695 | 41 % |
Mali | Afrique occidentale | 90 096 464 | 53 055 381 | 37 041 083 | 70 % |
Kenya | Afrique – fort impact 2 | 86 966 676 | 63 225 487 | 23 741 189 | 38 % |
Guinée | Afrique occidentale | 72 670 272 | 56 663 302 | 16 006 970 | 28 % |
Burundi | Afrique centrale | 70 849 593 | 36 656 018 | 34 193 575 | 93 % |
Sierra Leone | Afrique centrale | 68 353 985 | 43 960 771 | 24 393 214 | 55 % |
Tchad | Afrique occidentale | 67 614 009 | 39 986 124 | 27 627 885 | 69 % |
Zambie | Afrique – fort impact 2 | 65 131 160 | 69 000 000 | -3 868 840 | -6 % |
Source : Le Fonds mondial
Tout comme pour les allocations VIH/sida et Tuberculose, les pays qui ont enregistré les plus fortes augmentations de leur somme allouée au titre du paludisme ne figurent pas parmi les 20 premiers pays en termes de somme allouée totale pour le cycle de financement 2020/2022. Sao Tomé-et-Principe et le Congo ont enregistré les plus fortes augmentations, soit 198 % (somme allouée totale de 11 millions de dollars) et 156 % (somme allouée totale de 34 millions de dollars) respectivement.
Tous les pays qui ont reçu une lettre d’allocation doivent soumettre leur demande de financement auprès du Fonds mondial au cours des trois périodes d’examen de 2020. Les augmentations des sommes allouées sont associées à une augmentation des engagements de cofinancement des pays – en d’autres termes, elles sont liées à l’obligation pour ces pays d’augmenter les ressources nationales consacrées au secteur de la santé et aux programmes de lutte contre les trois maladies. (Voir un autre article de ce numéro sur le cofinancement dans le contexte des dernières allocations.)