AUDIT DE LA GESTION DES RISQUES DE FRAUDE AU SEIN DU FONDS MONDIAL
Author:
Oliver Campbell White
Article Type:Article Number: 6
Vous devez ĆŖtre trĆØs Ć©veillĆ© pour pouvoir le comprendre.
RĆSUMĆ Le rapport du Bureau de l'Inspecteur GĆ©nĆ©ral sur son audit de la gestion des risques de fraude au sein du Fonds Mondial adopte une nouvelle mĆ©thode d'Ć©valuation qui n'est pas facile Ć suivre, car ce quāil qualifie de niveaux de maturitĆ© de la gestion de la fraude nāest pas facile Ć comprendre; et n'a aucun rapport avec les Ć©valuations faites dans l'audit prĆ©cĆ©dent de la gestion des risques de fraude. Toutes mes excuses pour le caractĆØre vague des conclusions, mais les lecteurs intĆ©ressĆ©s peuvent consulter le rapport complet pour connaĆ®tre les rĆ©sultats dĆ©taillĆ©s qui ont conduit Ć ces conclusions. Vous trouverez peut-ĆŖtre les rĆ©ponses du BIG au commentaire, peu convaincantes.
Le 6 juillet, le Bureau de l’Inspecteur gĆ©nĆ©ral (BIG) a publiĆ© son rapport d’audit surĀ la gestion des risques de fraudeĀ .
Le BIG a Ć©valuĆ© la maturitĆ© du cadre de gestion des risques de fraude du Fonds mondial au regard des cinq composantes essentielles dĆ©finies dans le guide sur la gestion des risques de fraude publiĆ© en 2016 parĀ lāAssociation of Certified Fraud Examiners (ACFE)Ā et leĀ Committee of Sponsoring Organisations of the Treadway Commission:
- Surveillance des risques de fraude
- Gouvernance relative aux risques de fraude
- Ćvaluation des risques
- ActivitƩs de contrƓle de la fraude
- Investigations sur la fraude et mesures correctives
Le BIG a Ć©galement Ć©valuĆ© chaque composante Ć l’aide de l’Ć©chelle Ć cinq points du modĆØle d’Ć©valuation de la maturitĆ© des entreprises en matiĆØre de lutte contre la fraude (dans le manuelĀ Anti-Fraud Playbook: The Best Defense Is A Good Offense.Ā 2020 Grant Thornton LLP et ACFE) – voir Figure 1.
Figure 1: Ćvaluation de la maturitĆ© anti-fraude
Le Fonds mondial opĆØre dans des contextes difficiles qui exposent ses programmes Ć la fraude et aux abus. La plupart des pays soutenus par le Fonds mondial sont classĆ©s en dessous de la moyenne dans l’indice de perception de la corruption (IPC) publiĆ© par Transparency International. Environ 6 milliards de dollars de subventions du Fonds mondial sont allouĆ©s Ć des pays classĆ©s parmi les 45 derniers des 180 pays figurant dans le rapport de l’IPC. Les pays Ć©ligibles au Fonds mondial qui se situent dans la moitiĆ© infĆ©rieure du classement de l’IPC reprĆ©sentent 83 % (10,3 milliards de dollars) des allocations du Fonds mondial.
En 2017, le Conseil d’administration, en approuvant laĀ Politique de lutte contre la fraude et la corruption (PCFC), a dĆ©fini la fraude comme tout acte ou omission, y compris toute fausse dĆ©claration, qui induit ou tente d’induire en erreur une partie intentionnellement ou sans se soucier des consĆ©quences dans le but d’obtenir un avantage financier ou autre ou de se soustraire Ć une obligation. La dĆ©finition du risque de fraude a Ć©tĆ© Ć©largie pour prendre en compte les risques aussi bien programmatiques que financiers : plus prĆ©cisĆ©ment, la section 3.3 du PCFC stipule que Ā«Ā Le Fonds mondial reconnaĆ®t que la fraude et la corruption compromettent non seulement la gestion financiĆØre, mais aussi les dĆ©cisions stratĆ©giques, la gouvernance, les systĆØmes de santĆ© publique, la qualitĆ© des programmes et les rapports.Ā Ā»
La fraude programmatique dĆ©signe les fraudes autres que les fraudes financiĆØres, telles que Ā«Ā la substitution et la contrefaƧon de produits de santĆ©, ainsi que la dĆ©formation ou la manipulation de toute information dĆ©coulant des activitĆ©s du Fonds mondial ou s’y rapportant, comme les propositions, les plans, les Ć©valuations, les donnĆ©es sur la performance, les donnĆ©es Ć©pidĆ©miologiques, les rapports et les auditsĀ Ā» (PCFC, section 4.3).
Le Conseil d’administration du Fonds mondial et ses comitĆ©s ont approuvĆ© plusieurs politiques et documents d’orientation relatifs Ć la gestion des risques de fraude (Figure 2 ci-dessous).
Figure 2: Principales politiques et directives de lutte contre la fraude au Fonds mondial
Gestion des risques de fraude au Fonds mondial
Le cadre de gestion intĆ©grĆ©e des risques du Fonds mondial repose sur trois lignes de dĆ©fense: (1) l’Ć©quipe pays et le soutien des fournisseurs d’assurance au sein du pays; (2) le dĆ©partement en charge des risques et les autres responsables chargĆ©s de la gestion des risques, tels que l’Ć©quipe chargĆ©e des Conseils techniques et des partenariats, (3) le BIG et l’auditeur externe qui rendent compte au conseil d’administration ou Ć ses comitĆ©s.
Tendances en matiĆØre de fraude : types d’allĆ©gations et sources.
Au cours de la pĆ©riode 2019-2021, le BIG a ouvert 489 enquĆŖtes sur les types d’allĆ©gations suivants:
- Vol d’Ć©quipement, de produits et d’argent, qualifiĆ© de pratiques abusives (157 enquĆŖtes, soit 32 % des cas);
- Pratiques frauduleuses, qui comprennent la manipulation de donnĆ©es, les fausses dĆ©clarations et les documents frauduleux (116 enquĆŖtes, soit 24 % des cas);
- Fixation des prix, truquage des offres et conflits d’intĆ©rĆŖts, qualifiĆ©s de pratiques collusoires (71 enquĆŖtes, soit 15 % des cas); et
- Pratiques de corruption, y compris les pots-de-vin (66 enquĆŖtes, soit 13 % des cas).
Les pratiques frauduleuses et de corruption ont donc reprƩsentƩ collectivement 37 % des cas examinƩs par le BIG au cours de cette pƩriode.
Toutes les enquĆŖtes ne donnent pas lieu Ć la publication d’un rapport; le BIG publie des notes de clĆ“ture de dossier lorsque l’enquĆŖte n’est pas concluante ou qu’une allĆ©gation n’est pas fondĆ©e (les preuves n’Ć©tayent pas les allĆ©gations), n’est pas substantielle, qu’il y a dĆ©jĆ eu une rĆ©ponse appropriĆ©e, que les risques ont Ć©tĆ© attĆ©nuĆ©s ou que les lacunes ont Ć©tĆ© comblĆ©es.
Les enquĆŖtes du BIG donnent lieu Ć des actions convenues de la Direction fondĆ©es sur les leƧons apprises des cas. Les actions convenues de la Direction incluent des recouvrements financiers, des sanctions Ć lāencontre d’entitĆ©s et d’individus, et le renforcement des contrĆ“les et des processus.
Le BIG a identifiĆ© des transactions non conformes pour un total de 143,2 millions de dollars entre 2019 et 2021, majoritairement dues Ć des pratiques frauduleuses et Ć des vols. Au cours de la mĆŖme pĆ©riode, les recouvrements de fonds proposĆ©s Ć la suite des enquĆŖtes du BIG se sont Ć©levĆ©es Ć 14,4 millions de dollars. Les principaux rĆ©cipiendaires (PR) et les sous-rĆ©cipiendaires (SR) sont les plus frĆ©quemment visĆ©s par les enquĆŖtes du BIG, avec 42 % et 23 % des enquĆŖtes respectivement.
Le nombre d’allĆ©gations s’aligne gĆ©nĆ©ralement sur l’importance des fonds allouĆ©s par rĆ©gion, la plupart des allĆ©gations touchant les subventions des rĆ©gions Afrique 1 Ć fort impact, Afrique 2 Ć fort impact et Asie Ć fort impact du Fonds mondial (voir Figure 3).
Figure 3: Allocation et nombre de rapports dāexamen par rĆ©gion
Au 31 dƩcembre 2021, le SecrƩtariat avait dƩclarƩ 26,7 millions de dollars de montants recouvrables en suspens, rƩsultant principalement de dƩpenses non conformes et de fautes de gestion.
Objectif, portĆ©e et classement de l’audit
L’audit avait pour but d’Ć©valuer la maturitĆ© du cadre du Fonds mondial (y compris les politiques et les procĆ©dures) en matiĆØre de fraude et de corruption et de positionner l’organisation sur une Ć©chelle de notation permettant de l’amĆ©liorer davantage.
Le cadre de gestion des risques de fraude du Fonds mondial a ƩtƩ examinƩ par rapport aux cinq composantes ƩnumƩrƩes dans la section Contexte ci-dessus.
Au lieu d’utiliser l’Ć©chelle de notation d’audit standard, le BIG a utilisĆ© le modĆØle d’Ć©valuation pour Ć©valuer la maturitĆ© du cadre de gestion des risques de fraude du Fonds mondial et de ses processus sous-jacents. La maturitĆ© est rĆ©partie en cinq Ć©tapes – ad-hoc, initiale, reproductible, gĆ©rable et leadership, comme le montre la figure 4.