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AU SOUDAN DU SUD, COMMENT CONTINUER DE LUTTER CONTRE LE VIH EN TEMPS DE GUERRE.
OFM Edition 1

AU SOUDAN DU SUD, COMMENT CONTINUER DE LUTTER CONTRE LE VIH EN TEMPS DE GUERRE.

Author:

StƩphanie Braquehais

Article Type:
NOUVELLES

Article Number: 7

RƉSUMƉ RĆ©sumĆ©: Le programme VIH fait face Ć  de nombreux dĆ©fis au Soudan du Sud, insĆ©curitĆ©, mauvaises infrastructures, dĆ©placements de populations, ainsi que l'Ć©vacuation du personnel international durant les premiĆØres semaines de la guerre survenue Ć  la mi-dĆ©cembre.

Jovia Akello avait ouvert un salon de coiffure en novembre dans la ville de Bor, capitale de l’Etat de Jonglei, Ć  200 km au nord de Juba. Cette jeune ougandaise (les ressortissants de ce pays voisin sont trĆØs nombreux au Soudan du Sud) est sous traitement antirĆ©troviraux depuis 2011. Lorsque les combats ont Ć©clatĆ© dans la ville, capturĆ©e une premiĆØre fois par l’opposition armĆ©e, elle est partie se rĆ©fugier, comme des milliers de personnes, dans la brousse, sans pouvoir emporter sa rĆ©serve de mĆ©dicaments. ā€œJ’Ć©tais trĆØs inquiĆØte, car je sais qu’arrĆŖter mĆŖme pendant 24 heures est trĆØs mauvais. Cela augmente la rĆ©sistanceā€, dit-elle. Elle est parvenue Ć  rejoindre Juba le jour de NoĆ«l, en camion, et ce n’estĀ queĀ le 30 dĆ©cembre qu’elle a pu aller Ć  l’hĆ“pital du centre ville afin de rĆ©cupĆ©rer de nouvelles doses. John Pitia, un sud soudanais Ć¢gĆ© de 32 ans, ne suit plus de traitement depuisĀ queĀ son Ć©pouse a fui Juba en catastrophe pour rejoindre ses parents au village. Elle a emportĆ© avec elle un mois de rĆ©serve d’antirĆ©troviraux. Il a interrompu ses soins pendant trois semaines.

La guerre au Soudan du Sud a dƩplacƩ plus de 700 000 personnes et sur les 6617 patients sous ARV au niveau national, un certain nombre, comme Jovia et John, ont vu leur traitement perturbƩ.

Au centre de dĆ©pistage et de test volontaire Ć  Juba Teaching Hospital, quasiment toutes les chaises de la salle d’attente sont occupĆ©es. ā€œNous avons environ 300 nouveaux patients depuis la crise, venus de diffĆ©rentes parties du paysā€, explique Adelinda Drasa David, la coordinatrice du centre de traitement anti-rĆ©troviraux. A la mi-dĆ©cembre, durant les trois premiers jours d’affrontements Ć  Juba, le centre est restĆ© fermĆ©. Dans le laboratoire, Francis Victor, le technicien, nous montre le compteur de formule sanguine complĆØte, qui mesure notamment les carences en globules rouges et blancs. La machine est tombĆ©e en panne depuis dĆ©but dĆ©cembre, or, tester le sang du patient est trĆØs important pour dĆ©tecter la prĆ©sence d’une anĆ©mie et surveiller les effets du traitement. ā€œUne maintenance de routine a Ć©tĆ© effectuĆ©e avant le mois de novembre qui a marquĆ© la fin de la subvention, affirme Madelena Monoja du programme des nations Unies pour le dĆ©veloppement (PNUD, le rĆ©cipiendaire principal). La rĆ©paration sera couverte avec le dĆ©boursement de 2,8 millions au mois de mars, correspondant Ć  la derniĆØre part du financement transitionnel approuvĆ© en 2013 d’une valeur de prĆØs de 12 millions de dollarsā€.

Les rĆ©serves se sont vidĆ©es dans certains centres. ā€œNous sommes en train de chercher des solutions avec le ministĆØre de la santĆ© pour les approvisionner, affirme Benjamin Lokio Lemi, chargĆ© de l’administration du centre.ā€ En attendant, il a fallu trouver des moyens de se dĆ©brouiller. ā€œNous allons voir les vĆ©hicules commerciaux qui partent dans cette direction Ć  la station situĆ©e prĆØs des douanes en ville, dĆ©crit Adelinda. Nous donnons le paquet de mĆ©dicaments au conducteur, prenons son numĆ©ro de tĆ©lĆ©phone portable, sa plaque d’immatriculation et une fois qu’il l’a donnĆ© au destinataire, il nous appelle pour nous confirmerĀ queĀ cela a Ć©tĆ© faitā€.

Dans les villes qui ont Ć©tĆ© le thĆ©Ć¢tre de violents combats, difficile de savoir l’Ć©tat des rĆ©serves, sachantĀ queĀ de nombreuses bases d’ONG internationales et de l’ONU ont Ć©tĆ© pillĆ©es ou endommagĆ©es par les affrontements. ā€œA Bentiu, Bor et Malakal, la population s’est dispersĆ©e dans les camps, mais aussi dans la brousse et il est difficile de les atteindreā€, dit le docteur Emmanuel Lino, directeur adjoint du programme VIH au ministĆØre de la santĆ©. ā€œA cause de la crise, la plupart du personnel expatriĆ© des ONG internationales et des agences de l’ONU a Ć©tĆ© Ć©vacuĆ©, du coup, la coordination est trĆØs difficile alorsĀ queĀ nous sommes justement en pĆ©riode d’urgence oĆ¹ il faudrait agir vite!ā€

Il a dĆ©ployĆ© des Ć©quipes dans les camps de dĆ©placĆ©s de la capitale pour estimer les besoins. ā€œNous devons poser des questions avec discrĆ©tion car le Sida est tabou et le niveau d’information n’est guĆØre Ć©levĆ©ā€.

Non loin de l’hĆ“pital, une cinquantaine de personnes sont rassemblĆ©es pour une formation organisĆ©e, une fois tous les trois mois, par la croix rouge sud soudanaise. Un conseiller s’adresse Ć  l’assistance en arabe local, puis ses propos sont traduits en anglais par sa collĆØgue. ā€œCertains d’entre vous prennent les ARV depuis longtemps et vous ĆŖtes en bonne santĆ©. Mais, je vous en prie, n’arrĆŖtez pas le traitement. Cette maladie est trĆØs bornĆ©eā€. Durant la session, il s’attarde particuliĆØrement sur les relations sociales, comment faire face aux rĆ©actions disproportionnĆ©es des gens, ou encore tordre le coup Ć  certaines croyances traditionnelles. ā€œQuand les malades sont ensemble, ils ont moins peur d’ĆŖtre stigmatisĆ©sā€, explique Lucy Saidia, employĆ©e de la croix rouge. Selon un rapport de 2010 (Sudan Household Health Survey), moins de 10% de la population a une bonne connaissance du virus et de la maniĆØre dont il se transmet.

Au Soudan du sud, la prƩvalence est de 2,6%, mais elle varie grandement selon les rƩgions, atteignant 6,8% en Equatoria occidentale, (qui compte plus la moitiƩ des patients sur antirƩtroviraux), et 0,3% dans le Nord Barh El Ghazal.

ā€œEn gĆ©nĆ©ral, nous devrions administrer plus de tests, estime le docteur Emmanuel Lino. Il faudrait les Ć©tendre Ć  toutes les structures de santĆ©, pas seulement les restreindre aux centres de dĆ©pistageā€. Selon lui, l’une des raisons vient du faitĀ queĀ lorsque la phase 4 du programme s’est achevĆ©e en juin 2011, seul l’approvisionnement en ARV a continuĆ© Ć  ĆŖtre assurĆ©, mais pas les tests. Si PEPFAR (plan amĆ©ricain d’aide d’urgence Ć  la lutte contre le Sida) a continuĆ© a fournir des tests, un financement de la banque mondiale qui devait en assurer l’approvisionnement n’est jamais arrivĆ©.

Voir lā€™article originalĀ en anglais. See the original articleĀ in English.

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