Subscribe To Our Newsletter
Abonnez-vous à notre bulletin
La question du français dans l’écosystème du Fonds mondial
OFM Edition 146

La question du français dans l’écosystème du Fonds mondial

Author:

Ekelru Jessica

Article Type:
Opinion

Article Number: 2

Améliorer la place du français au sein de l’écosystème du Fonds mondial permettrait de maximiser l’engagement des milliers d’acteurs ou communautés et les investissements du Fonds mondial.

Quelle place occupe le français dans l’écosystème du Fonds mondial? La question est loin d’être banale si on s’en tient au nombre de personnes ou locuteurs pour qui la question de la langue anglaise est une véritable barrière. On peut toujours hausser les épaules et se dire : « comment est-ce que qu’au 21e siècle les gens ne savent pas parler anglais » que cela ne changera fondamentale rien à la réalité. Eh oui, il y a de très nombreux bénéficiaires, acteurs de mise en œuvre, communautaires ou membres des OSC qui ne parlent pas anglais et n’en parleront probablement jamais et ce, parfois en dépit de leurs efforts. En revanche, pour ceux et celles-ci, ressortissant(e)s pour l’essentiel des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le français parmi les langues du Fonds mondial, la principale voire l’unique moyen de travail et d’interaction quotidien.

 

En 2019, Aidspan s’interrogeait déjà sur la « politique » du Fonds mondial en matière de traductions des documents de l’anglais vers le français en particulier. La réponse du Fonds mondial à cette époque se voulait optimiste et volontariste. Quelques années après? Sommes-nous plus avancés? La traduction et le partage de l’information se portent mieux? Nous avons quelques doutes. Reprenons l’exercice de 2019, parcourons la bibliothèque du Fonds mondial tout en s’intéressant à la langue de ses principales publications.

 

Rappelons d’emblée que la somme totale allouée aux pays pour la période de 2020-2022 était de $12,710 Milliards US. La somme allouée dans la région d’Afrique Ouest et du Centre est de $2,815 millions US. C’est-à-dire que les investissements du Fonds Mondial pour la 2020-2023 sont d’environ 22% pour la période de 2020-2023. Autant dire que cette région représente un enjeu majeur pour les investissements et partant les résultats du Fonds mondial en matière de lutte contre les maladies.

 

Relativement à la bibliothèque du Fonds mondial, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle est riche et fournie. En revanche, elle est inégalement accessible en fonction selon que l’on soit locuteur francophone ou anglophone. Au moment de la publication de cet article, voici un aperçu des publications et traductions tiré

Tableau 1 : Quelques documents par type disponibles en anglais et en français, dans la bibliothèque de ressources du Fonds mondial (20 avril 2023)

Document par Type Anglais Français
Documents de gouvernance et institutionnels 18 10
Documents programmatiques 11 7
Actes constitutifs et mandats 16 11
Code de conduite 6 4
Protection contre l’exploitation et les abus sexuels et le harcèlement et protection de l’enfance 3 0
Éthique et conflits d’intérêt 4 3

Source : tableau élaboré à partir des informations disponibles sur le site web du Fonds Mondial

 

Nul doute que tous les documents les plus importants finiront par être disponibles en version français. Mais à quel moment? Il s’agit de ne pas créer un système à double vitesse. Et puis, soyons sérieux. Peut-on raisonnablement penser que le Fonds mondial manque les ressources pour produire les documents immédiatement disponibles en plusieurs langues notamment, en anglais et en français? Question rhétorique.

 

Cela dit, ne nous méprenons pas. Il ne s’agit de pas défendre le français simplement comme langue par opposition à l’anglais. Il ne s’agit pas non plus de dénier à l’anglais la place qu’elle occupe (ce qui serait absurde) comme principal vecteur des échanges au sein du Fonds mondial. Plus largement, il ne s’agit pas de dire que rien n’est fait. Ce que nous essayons de démontrer c’est qu’il y a encore la place pour l’amélioration. Et cette place n’est pas quelque chose que l’on peut tenir pour négligeable au point de remettre (constamment) à demain. Il faut agir maintenant. C’est non seulement un enjeu d’inclusion, d’équité mais surtout d’efficacité. Ne laissez personne pour compte. C’est d’ailleurs l’occasion de saluer une fois de plus Expertise-France et qui ne ménage aucun effort afin que les documents du Fonds mondial soient constamment traduits et accessibles à un public francophone. Des efforts de ce type, il en faut davantage au sein même du Fonds mondial. Le temps qui s’écoule entre la publication en anglais de certains documents importants du Fonds mondial et leur traduction en français est trop long. Il y a là une approche à double vitesse qui n’est pas sans conséquence sur l’optimisation des investissements du Fonds mondial dans les pays francophones et ceux de l’Afrique de l’Ouest et du Centre en particulier.

 

Somme toute, contrairement à l’adage italien (traduire, c’est trahir), toute traduction n’est pas trahison. Bien au contraire, une politique de traduction plus ambitieuse permettrait d’accroître significativement l’impact des publications et investissements du Fonds mondial dans les pays francophones.

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Aidspan

Categories*

Loading
Aidspan

Categories*

Loading