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Possibilités d’alignement des politiques de cofinancement, de transition et de durabilité de Gavi et du Fonds mondial
OFM Edition 161

Possibilités d’alignement des politiques de cofinancement, de transition et de durabilité de Gavi et du Fonds mondial

Author:

Ida Hakizinka

Article Type:
ANALYSE

Article Number: 6

L'article évalue de manière critique les politiques de cofinancement, de transition et de durabilité du Fonds mondial et de Gavi, révélant plusieurs défis et proposant des recommandations. Les principaux défis comprennent des problèmes de coordination, des priorités mal alignées et des objectifs de santé concurrentiels au niveau national avec un espace fiscal limité. Les solutions proposées se concentrent sur un meilleur alignement des stratégies et des priorités, une planification conjointe, un plaidoyer en faveur d'une augmentation des allocations budgétaires pour la santé et le renforcement des capacités des systèmes de santé nationaux. L'article souligne la nécessité d'une meilleure synergie entre ces organisations et les gouvernements nationaux afin d'optimiser les ressources et d'améliorer les résultats en matière de santé.

Le Fonds mondial

 

Le Fonds mondial, une institution financière internationale, a élaboré une Stratégie globale (2023-2028) pour renforcer la durabilité des systèmes de santé dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Au cœur de la stratégie se trouve l’intention d’augmenter les ressources, de promouvoir l’utilisation efficace des ressources existantes et d’encourager des réponses nationales durables.

 

La durabilité et la préparation à la transition sont des éléments cruciaux de la stratégie. Elles impliquent des efforts pour relever les défis de la durabilité lors de la planification nationale, de la conception des programmes et de la mise en œuvre des subventions du Fonds mondial, en trouvant un équilibre entre les résultats à court et à long terme. Parmi les considérations relatives à la durabilité, la Stratégie du Fonds mondial met l’accent sur le renforcement de la planification nationale du secteur de la santé, l’optimisation du financement de la réponse sanitaire, l’investissement dans des systèmes de santé robustes et résilients, l’amélioration de l’alignement sur les systèmes existants, la garantie d’un accès cohérent à des produits de santé de qualité, la prise en compte des droits humains et des obstacles liés au genre, et le renforcement des structures de gouvernance nationales.

 

La transition entre le financement du Fonds mondial et les réponses nationales financées et gérées au niveau national est un défi de taille. Elle nécessite une planification méticuleuse et beaucoup de temps. La capacité d’un pays à poursuivre la lutte contre ces trois maladies doit être prise en compte dans les stratégies bien avant que la transition ne soit totale.

 

Pour faciliter cette transition, le Fonds mondial peut offrir un financement de transition aux pays jugés inéligibles pour un soutien continu. Ce financement est subordonné à l’élaboration d’un plan de travail de transition détaillé. Les pays sont encouragés à améliorer le financement national des services de santé et des trois maladies ciblées, afin d’accroître la durabilité de ces efforts et de faciliter des transitions réussies.

 

Gavi

 

L’approche de Gavi en matière de cofinancement, de transition et de durabilité est clairement adaptée à sa mission, qui est de sauver des vies et de protéger la santé en améliorant l’accès à la vaccination dans les pays pauvres. La politique de Gavi en matière de cofinancement et de transition facilite la mobilisation et la pérennisation du financement national des vaccins introduits avec le soutien de Gavi.

 

Le cofinancement, dans ce cas, désigne la part du coût total des vaccins cofinancés supportée par les pays bénéficiaires. La politique décrit les niveaux de cofinancement requis aux différentes phases du processus de transition, les exigences en matière de conformité et les conditions dans lesquelles des exceptions peuvent être faites. Cette politique s’applique spécifiquement à l’achat de vaccins.

 

L’un des principaux outils utilisés dans le cadre de cette politique est l'”année de grâce”. Il s’agit de la première année de la phase de transition préparatoire ou accélérée, au cours de laquelle les règles de cofinancement de la phase de transition précédente s’appliquent. Ce mécanisme permet aux pays de s’adapter progressivement aux nouvelles exigences de financement, ce qui minimise le risque de choc financier et favorise un financement durable des programmes de vaccination.

 

La politique comprend des mesures spécifiques, telles qu’une fraction de prix qui s’applique aux pays en phase de transition préparatoire et à la première année de transition accélérée. Cette fraction est calculée chaque année en augmentant de 15 % la fraction de l’année précédente. La politique est guidée par des principes tels que l’initiative nationale, la prévisibilité, la durabilité au-delà du soutien de Gavi, l’équité et l’adaptation au contexte.

 

Gavi et le Fonds mondial, deux acteurs importants de la santé mondiale, ont mis en place des plans stratégiques axés sur la manière dont les pays qui abandonnent le financement des donateurs peuvent assurer la couverture et la durabilité. Cependant, il existe des différences significatives entre leurs approches.

 

Différences dans les approches de cofinancement

 

Les exigences de cofinancement du Fonds mondial sont différenciées en fonction de la classification des revenus des pays et de la charge de morbidité, ce qui garantit une allocation équitable et efficace des ressources. Cette approche vise à accroître les investissements nationaux des pays dans leurs réponses sanitaires, en s’orientant vers un modèle plus durable.

 

D’autre part, comme nous l’avons vu plus haut, la politique de cofinancement de GAVI vise à augmenter progressivement les contributions financières des pays bénéficiaires pour les vaccins introduits avec le soutien de GAVI. GAVI utilise un système de fractionnement des prix qui augmente progressivement l’obligation de cofinancement d’un pays en fonction de la phase du processus de transition. L’objectif est de faciliter la mobilisation et le maintien du financement national des vaccins.

 

Politiques de transition

 

Les deux entités soulignent l’importance d’une planification précoce et proactive de la transition entre le soutien du Fonds mondial ou de Gavi et les interventions sanitaires financées et gérées au niveau national. Elles encouragent également les pays à donner la priorité aux interventions et au renforcement des systèmes de santé dans leurs plans nationaux afin de garantir une transition réussie.

 

Toutefois, il existe des différences notables dans la manière dont chaque organisation aborde le financement de la transition. Le Fonds mondial fournit un financement de transition aux pays non éligibles sur la base d’un plan de travail de transition détaillé, tandis que Gavi fonde son financement de transition sur l’accélération des exigences de cofinancement d’un pays et de la phase de transition.

 

Politiques de durabilité

 

Les deux organisations ont mis en œuvre des politiques de durabilité axées sur le renforcement des systèmes de santé nationaux, l’amélioration du financement national et la garantie d’un impact à long terme.

 

L’approche du Fonds mondial repose sur l’intégration des services liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans les prestations de santé, le renforcement des systèmes de financement de la santé, l’amélioration de l’efficacité des ressources et la promotion des droits humains et des questions liées à l’égalité des sexes. Il se concentre également sur le modèle de cofinancement pour assurer la durabilité, en mettant l’accent sur l’analyse des écarts financiers afin de déterminer les investissements nationaux nécessaires pour les programmes.

 

Gavi, quant à lui, vise à faciliter la durabilité du financement national des vaccins. Son approche de la durabilité implique de renforcer les systèmes de santé, d’accroître l’accès aux vaccins et d’aider les pays à développer leurs propres capacités de fabrication de vaccins. Elle donne également la priorité à l’utilisation de mécanismes de financement innovants, tels que la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm), afin de garantir un flux de financement prévisible et durable pour les programmes d’immunisation. En outre, Gavi travaille en étroite collaboration avec ses partenaires pour traiter les questions de genre et d’équité dans la distribution des vaccins et soutient les efforts de recherche et de développement pour améliorer l’efficacité des vaccins existants et en développer de nouveaux. En mettant l’accent sur la durabilité et la collaboration avec les partenaires locaux, les deux organisations réalisent des progrès considérables dans l’amélioration des résultats sanitaires mondiaux et la réduction des disparités en matière de santé dans le monde.

 

Au demeurant, si les deux entités ont pour objectif commun d’améliorer les résultats en matière de santé, leurs politiques en matière de cofinancement, de transition et de durabilité sont adaptées à leurs objectifs respectifs. Les deux organisations insistent sur l’importance du financement national des services de santé et sur la nécessité de parvenir à la viabilité avant d’abandonner le soutien extérieur.

 

Défis et recommandations concernant la coordination, la collaboration et l’alignement

 

Les gouvernements nationaux, le Fonds mondial et Gavi sont confrontés à plusieurs défis, notamment le chevauchement des tâches, la concurrence pour des ressources limitées, le manque d’alignement des objectifs et la faiblesse de la coordination. Le Fonds mondial et Gavi travaillent tous deux dans les mêmes pays, en ciblant généralement les mêmes systèmes de santé et la même marge de manœuvre budgétaire. Il peut en résulter un chevauchement des activités et une concurrence pour les ressources limitées disponibles. Bien qu’elles travaillent dans les mêmes secteurs de la santé, ces organisations ont parfois des objectifs, des plans et des calendriers différents. Il est donc difficile pour les pays de planifier et de mettre en œuvre efficacement les programmes de santé, ce qui entraîne une utilisation inefficace des ressources et des résultats loin d’être optimaux. Dans de nombreux pays, la coordination entre les différents groupes impliqués dans le secteur de la santé, y compris Gavi, le Fonds mondial et d’autres entités locales, nationales et internationales, est souvent insuffisante. Cela peut également se traduire par des efforts déconnectés et des occasions manquées de travailler ensemble de manière efficace. Cela souligne la nécessité d’une meilleure coopération et d’un alignement des objectifs pour améliorer les résultats en matière de santé.

 

Le passage d’un financement international à un financement national peut s’avérer extrêmement complexe. L’un des défis consiste à s’assurer que les services de santé ne souffrent pas de cette transition. C’est pourquoi les deux organisations doivent fournir des conseils clairs et un soutien important aux gouvernements des pays tout au long de la période de transition.

 

En outre, la dépendance à l’égard des ressources nationales une fois la transition effectuée pourrait s’avérer difficile, en particulier pour les pays à faible revenu dont la capacité budgétaire est limitée. Il est donc nécessaire de renforcer les efforts de mobilisation des ressources nationales et d’aider les pays à planifier leur budget, ce qui devrait inclure l’évaluation des risques et guider le pays dans l’élaboration d’un Cadre des dépenses à moyen terme (CDMT) complet comprenant des projections macroéconomiques et un plan de dépenses pour le secteur de la santé.

 

Enfin, la question de l’inégalité doit être abordée. Tous les pays n’ont pas la même capacité à financer leurs actions en matière de santé. Par conséquent, des exigences de cofinancement et des stratégies de transition différenciées sont nécessaires pour garantir que les pays soient traités équitablement en fonction de leur capacité à payer.

 

Recommandations

 

  1. Renforcement de la coordination des initiatives mondiales en matière de santé : Tant Gavi que le Fonds mondial devraient s’efforcer de renforcer leurs efforts de coordination au niveau mondial et national. Cela pourrait impliquer la création ou l’amélioration de plateformes ou de comités de coordination où toutes les parties prenantes clés peuvent se réunir pour planifier, mettre en œuvre, suivre et examiner les interventions sanitaires. Ces mécanismes permettraient d’échanger régulièrement des informations, d’harmoniser les efforts et de résoudre conjointement les problèmes, ce qui réduirait les doubles emplois et optimiserait l’utilisation des ressources.
  2. Alignement des priorités, des stratégies et des calendriers : Les deux organisations doivent travailler en étroite collaboration entre elles et avec les gouvernements nationaux pour aligner leurs priorités, leurs stratégies et leurs calendriers. Il peut s’agir d’organiser des sessions de planification conjointes, d’aligner les cycles de financement, d’harmoniser les objectifs stratégiques et de synchroniser les calendriers de mise en œuvre. L’alignement pourrait également s’étendre à d’autres aspects tels que les cadres de suivi et d’évaluation, les exigences en matière de rapports et les procédures opérationnelles.
  3. Planification et mise en œuvre en collaboration : Les deux organisations doivent s’engager activement dans la planification et la mise en œuvre conjointes des interventions sanitaires. Il peut s’agir de soutenir conjointement l’élaboration de stratégies nationales en matière de santé, de cofinancer des projets et de mettre en commun des ressources et des compétences techniques. Ces efforts de collaboration peuvent favoriser les synergies, accroître l’efficience et renforcer l’efficacité des interventions sanitaires.
  4. Plaider en faveur d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour la santé : Gavi et le Fonds mondial, tirant parti de leur influence et de leur crédibilité, pourraient conjointement renforcer leurs appels en faveur d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour la santé au niveau national. Cela pourrait impliquer un engagement plus fort auprès des gouvernements et des principales parties prenantes afin de les sensibiliser à l’importance d’investir dans la santé, de fournir une assistance technique pour renforcer les efforts de mobilisation des ressources nationales et de faire pression en faveur de politiques de financement de la santé plus équitables et plus efficaces.

 

Conclusion

 

L’amélioration de la coordination, de la collaboration et de l’alignement entre Gavi, le Fonds mondial et les gouvernements nationaux est essentielle pour optimiser l’utilisation de ressources limitées, améliorer les résultats en matière de santé et renforcer la durabilité des interventions sanitaires.

 

Les efforts des deux organisations devraient être complémentaires plutôt que concurrentiels, ce qui permettrait d’apporter une réponse plus efficace aux défis sanitaires auxquels les pays sont confrontés. Toutefois, il est tout aussi important que les organisations internationales travaillent main dans la main avec les gouvernements nationaux pour atteindre ces objectifs. Les gouvernements nationaux jouent un rôle crucial en veillant à ce que les ressources limitées soient utilisées de manière optimale, que les résultats sanitaires soient améliorés et que les interventions sanitaires soient durables. Ce rôle est particulièrement important face aux nombreux défis sanitaires auxquels sont confrontés les pays du monde entier. Cette approche collaborative peut contribuer à maximiser l’impact des interventions et à améliorer les résultats en matière de santé.

 

Ce n’est que grâce à de tels partenariats que nous pouvons espérer atteindre notre objectif commun de créer un monde plus sain pour tous. Il est donc impératif que toutes les parties prenantes travaillent ensemble à la réalisation d’un objectif commun, à savoir l’amélioration des résultats sanitaires et la pérennisation des interventions dans le domaine de la santé. Il s’agit notamment de fournir une assistance technique, une formation et des ressources pour renforcer les capacités de planification, de gestion, de coordination et de suivi aux niveaux national et infranational. Grâce à ces efforts de collaboration, nous pouvons apporter une réponse plus efficiente et plus efficace aux défis sanitaires auxquels sont confrontés les pays que nous servons et créer un monde plus sain pour tous.

 

Somme toute, si les deux organisations visent à améliorer les résultats en matière de santé et à assurer la durabilité, leurs approches reflètent leurs priorités respectives. Une collaboration continue entre Gavi, le Fonds mondial et les pays bénéficiaires sera sans aucun doute essentielle dans les années à venir pour relever les défis de la transition d’un financement international à un financement national tout en maintenant et en améliorant les résultats en matière de santé.

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