EVALUATION DES REQUÊTES SOUMISES AU TRP EN MARS : PREMIERS RETOURS D’INFORMATION SUR LA QUALITÉ, L’INNOVATION ET LES EFFETS DE COVID-19
Author:
Aidspan
Article Type:Article Number: 8
Bien que le Secrétariat et le TRP aient été réactifs, le processus de demande de financement s'avère être un défi pour les pays
RÉSUMÉ L'inspecteur général sortant est revenu sue ses expériences et les résultats obtenus au sein de l'organisation. Il a souligné le rôle du BIG dans l'amélioration de la qualité des processus de gestion des risques, des contrôles et de la gouvernance au sein du Fonds mondial. Il a également évoqué ses plus grands défis, notamment l'absence d'une "culture solide d'apprentissage et de responsabilité" au sein de l'organisation.
L’examen par le TRP des demandes de financement soumises dans le cadre de la fenêtre de mars vient de s’achever et les équipes pays du Fonds mondial et les CCM reçoivent à l’heure actuelle les notifications. Du fait de la COVID-19, l’examen des demandes de financement s’est effectué à distance, par six équipes différentes. Alors que les pays continuent à travailler pour les prochaines fenêtres, les membres du TRP ont livré leurs premières observations sur les soumissions de la fenêtre 1.
Le processus de soumission
144 subventions et allocations multi-pays seront soumises à un examen au cours des 6 prochains mois. Le nombre le plus important de requêtes de financement était initialement attendu à la fenêtre de mars, mais un nombre important sera finalement déposé en mai et début juillet. Les inscriptions pour la fenêtre 2 ont été très peu nombreuses, et sur les 6 pays enregistrés, 4 ont finalement été reportés pour la fenêtre suivante.
Le Dr Patricia Moser considère que la revue à distance est un succès, et qu’elle a permis d’accorder une attention particulière aux pays qui connaissent les plus importantes augmentations d’allocations, et ce de manière différenciée. Ces critères de différenciation ont été publiés sur le site web du Fonds mondial, afin que les pays puissent y accéder et savoir sur quels critères spécifiques ils seront examinés. La présidente du TRP a reconnu que la revue « virtuelle » des requêtes a requis plus d’efforts et qu’elle prenait plus de temps aux membres du TRP et au secrétariat. Afin de compenser cette situation, la moitié des membres siègeant au TRP est expérimentée, ce qui a permis d’accompagner efficacement les nouveaux arrivants, et explique le nombre remarquablement important d’examinateurs, près de 100 pour la fenêtre 1. Avec la perturbation créée par la COVID-19, tout a été fait pour rendre le processus aussi facile que possible : de nouvelles fenêtres ont été créées (les pays peuvent soumettre leurs requêtes à des fenêtres mensuelles entre avril et août) et les membres du TRP seront mobilisés pour toutes les fenêtres, et des examens toutes les 8 semaines.
Premier retour d’information sur les demandes de financement
Les membres du TRP se sont félicités de l’amélioration de la qualité des requêtes comparées au cycle précédent. Les documents de soumission ont été retravaillés par le Secrétariat et les questions ajoutées cette année comme l’intégration des services ou la réflexion sur le coût-efficacité des stratégies ont permis de hiérarchiser les interventions et de choisir les modalités de mise en œuvre les plus appropriées.
Certaines demandes de financement se sont avérées particulièrement innovantes, en favorisant de nouvelles approches telles que la reconversion de la dette en aide et le financement mixte pour financer des activités de renforcement du système de santé. Les activités en faveur des filles et des jeunes femmes ont également fait preuve d’innovations, notamment de la part des pays qui disposaient de fonds de contrepartie.
En général, les activités relatives au renforcement des système résilients et pérennes pour la santé ont été difficiles à évaluer, car le contexte n’était généralement pas assez détaillé et morcelé entre les différents requêtes maladies. Cela a rendu la compréhension d’autant plus difficile lorsque les requêtes ont été soumises à des fenêtres différentes. En conséquence, l’équipe RSSH examine de près la qualité et tend à passer en revue toutes les notes conceptuelles afin d’analyser les progrès réalisés après chaque fenêtre.
L’impact de la COVID-19 sur le processus de demande de financement
Les membres du TRP ont exprimé leur profonde inquiétude quant aux effets de la COVID-19 sur l’élimination des pandémies, qui n’a pas été abordé dans les demandes de financement présentées à la fenêtre de mars. Les propositions ont été rédigées avant l’augmentation des cas de COVID-19, mais la discussion a été incluse dans la formation des membres du TRP et des partenaires. Les membres du TRP ont examiné les demandes de financement en l’état, mais ils sont conscients que les services seront perturbés et que la mise en œuvre en sera affectée. Pour l’instant, le TRP a répondu par des conseils techniques, il a publié une note à l’intention des candidats et du Conseil d’administration, et a appelé les pays à ne pas perdre de vue la lutte contre les pandémies. Les membres du TRP ont déclaré qu’ils étaient prêts à aider les pays à reprogrammer leur subvention lorsque la mise en œuvre commencera. Le TRP a réfléchi à la meilleure manière d’évaluer les requêtes, qui prennent en compte les défis auxquels les candidats sont confrontés actuellement dans l’élaboration des requêtes de financement. Selon le Dr Patricia Moser, cela n’affectera pas la qualité de l’examen des notes, mais cette approche souple doit permettre de soutenir les candidats en cette période difficile.
Les défis des demandes de financement à l’époque de COVID-19
Plusieurs circonscriptions ont exprimé leur préoccupation quant au caractère inclusif du processus dans le contexte actuel. Dans de nombreux pays, les déplacements ont été réduits (parfois, le confinement a été imposé, et les transports sont limités), et les réunions ont été interdites. Ces conditions limitent le dialogue inclusif et les discussions transparentes nécessaires à la préparation des demandes de financement. Le Secrétariat est convaincu que les consultations avec les OSC sont soigneusement vérifiées car il s’agit d’un critère d’éligibilité et toute une équipe au Fonds mondial y veille. Il a reconnu qu’une signature sur le formulaire ne garantit pas une participation totalement satisfaisante au cours du processus mais le secrétariat croit pouvoir se fier à ces signatures qui reflètent l’accord des membres du CCM avec les contenu des notes.
Le Secrétariat considère que le TRP a été très réactif, avec un passage rapide au mode virtuel, ce qui constitue apprentissage intéressant. Selon la Division de la gestion des subventions, les sessions entre les membres du TRP et les équipes pays se sont déroulé de manière très professionnelle, empruntes de respect mutuel. Les équipes pays ont apprécié de disposer de plus de temps pour répondre aux questions du TRP, même si parfois le nombre de questions était particulièrement élevé.
Le processus au niveau national
Même si les équipes nationales ont été réactives, flexibles et soutenantes, le processus d’élaboration des demandes de financement se révèle, de fait, difficile. Les équipes du ministère sont de plus en plus occupées par la réponse à l’urgence COVID, car les cas ont augmenté entre avril et mai. Elles ont également dû planifier leur réponse, et rédiger des plans d’urgence et des demandes de fonds pour les bailleurs. A l’heure où le Conseil d’administration se tenait, aucun pays n’avait encore pu envoyer de proposition au mécanisme de réponse COVID-19 (CRM19), très probablement en raison du manque de temps et de ressources humaines pour travailler sur les formulaires. Avec l’aide de consultants et parfois des bénéficiaires principaux, les pays sont en train de soumettre leurs propositions, ce qui constitue un autre élément de surcharge de travail pour eux, les délais de soumission des projets COVID-19 et les demandes de financement étant concomitants.
En outre, la fluidité du dialogue et des relations entre les consultants engagés pour soutenir le processus de demande de financement et le CCM, le ministère de la santé et les OSC s’avère limitée. En raison de toutes sortes de limitations (transport, réseau téléphonique, accès à internet) et du lancement des campagnes de distribution des MILDA, les discussions entre les parties locales et les consultants, et entre les consultants eux-mêmes, constituent un défi. Cela se traduit par la difficulté à identifier correctement les leçons tirées du cycle actuel et à établir des priorités pour les activités à fort impact pour l’avenir. Toutes les discussions qui ont lieu habituellement sur le terrain, et qui permettent de prendre de la distance par rapport à ce qui a été mis en œuvre, d’identifier les goulets d’étranglement limitant les impacts et de sélectionner les activités qui devraient être étendues grâce à leurs bons résultats n’ont pas été possibles. Plusieurs pays avaient prévu des enquêtes, des diagnostics (du système de laboratoire, de la chaîne d’approvisionnement, sur les comportements de recherche de santé) et des études telles que la mise à jour de la file active des PVVIH, l’IBBS, l’indice de discrimination, les diagnostics de genre ont été reportés à cause du COVID-19. Cela a induit un manque d’informations clés qui auraient permis d’orienter les décisions stratégiques prises lors de l’élaboration des requêtes. En outre, il est demandé aux pays de s’engager sur leur contribution nationale pour compléter les investissements du Fonds mondial, alors qu’ils pourraient finalement ne pas être en mesure de respecter ces engagements, lorsque la crise économique qui accompagne celle du COVID aura pris toute son ampleur.
Enfin, il est encore trop tôt pour identifier et mesurer les effets de la COVID sur les interruptions de services, mais de nombreuses OSC ont déjà averti que le nombre de patients perdus de vue a considérablement augmenté et que de nombreux patients ne se sont pas présentés dans les centres de santé pour prendre leur traitement. Toutes les activités menées la nuit ont été annulées et réorientées, il est évident que les obstacles liés à la distance et au manque de transport ainsi que la pauvreté induite par la diminution des activités dans le secteur informel auront des conséquences négatives sur l’impact des investissements actuels du Fonds mondial. Cela signifie qu’une évaluation de la situation aura nécessairement lieu pendant le processus de négociation des subventions et plus tard, au cours de la première année de mise en œuvre, afin de réévaluer les besoins et d’adapter les objectifs et les activités aux besoins. Tous les éléments expliqués ici montrent que les demandes de financement n’auront pas la qualité et la granularité des données prévues à l’origine et qu’une nouvelle analyse de la situation sera nécessaire au début du prochain cycle.