Aperçus stratégiques : Examiner les performances et affiner les objectifs futurs du Fonds mondial
Author:
George Njenga Kiai
Article Type:Article Number: 4
Cet article passe en revue le rapport de performance stratégique du Fonds mondial pour 2017-2022 et les ajustements apportés au cadre des indicateurs clés de performance (ICP) pour 2023-2028. Quelles sont les principales réalisations et les domaines à améliorer dans les initiatives de santé mondiale ? Bien que l'objectif de sauver des vies ait été dépassé avec plus de 34 millions de vies sauvées et que le taux d'utilisation des allocations ait atteint 96 %, il reste des défis à relever pour réduire les taux d'incidence du VIH, de la tuberculose et du paludisme, ainsi que pour intégrer des approches fondées sur les droits humains. Les ajustements apportés au cadre des indicateurs clés de performance pour la prochaine période visent à affiner les méthodes de mesure et à relever ces défis, afin que les stratégies futures soient plus efficaces et mieux ciblées.
Introduction
Le rapport de performance stratégique pour les indicateurs clés de performance (ICP) 2017-2022, examiné à la fin de l’année 2023, et les ajustements apportés au cadre des ICP 2023-2028 offrent une vue d’ensemble des réalisations passées et des ajustements futurs visant à renforcer les objectifs stratégiques. Cet article résume et analyse les informations présentées dans ces documents, en mettant l’accent sur les résultats obtenus au cours de la période 2017-2022 et sur la manière dont les ajustements pour 2023-2028 visent à relever les défis et à saisir les opportunités identifiées.
Aperçu des performances stratégiques 2017-2022
Vies sauvées (ICP 1a) : Sur la période 2017-2022, plus de 34 millions de vies ont été sauvées, dépassant l’objectif de 29 millions. Cette réalisation démontre l’efficacité des programmes de santé dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Ce dépassement suggère que si le déclin des taux d’incidence des maladies a été plus lent que prévu, les interventions sanitaires en place étaient suffisamment solides pour traiter et gérer efficacement les maladies, sauvant ainsi plus de vies que prévu. Par exemple, en collaboration avec le Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) et d’autres partenaires, l’orientation de l’OMS « traiter tout le monde » et la stratégie « 95-95-95 » de l’ONUSIDA ont été mises en œuvre, ce qui a permis d’augmenter considérablement le nombre de personnes diagnostiquées séropositives et mises sous traitement antirétroviral.
Réduction de l’incidence (ICP 1b) : Le taux d’incidence combiné du VIH, de la tuberculose et du paludisme a diminué de 18,7 % entre 2015 et 2022, ce qui n’a pas permis d’atteindre l’objectif ambitieux de 28 % à 47 %. Les documents attribuent le ralentissement de la réduction de l’incidence en partie à la pandémie de COVID-19, qui a perturbé les services de santé et détourné les ressources. En outre, des problèmes tels que la résistance aux médicaments dans le cas du paludisme et de la tuberculose a aggravé la situation. La sous-performance de cet ICP souligne la nécessité de renforcer les efforts de prévention et de contrôle des maladies.
Utilisation des ressources allouées (ICP 7a) : L’utilisation des ressources allouées pour les subventions de CS6 a été impressionnante, avec un taux d’utilisation de 96 % contre un objectif de 91 %. Cela indique que les fonds alloués aux programmes de santé ont été effectivement déboursés et qu’ils devraient être utilisés efficacement, contribuant ainsi au succès global des initiatives en matière de santé.
Obstacles liés aux droits humains (ICP 9a) : En s’attaquant aux obstacles liés aux droits humains au sein des services de santé, les efforts déployés au cours de la période 2017-2022 visaient à renforcer l’intégration des approches fondées sur les droits humains dans les programmes de santé. Plus précisément, l’initiative a cherché à garantir des services de santé plus inclusifs en ciblant la discrimination, la stigmatisation et les problèmes d’accès qui affectent de manière disproportionnée les populations clés, notamment les personnes vivant avec le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Bien que les progrès globaux vers ces objectifs de programmation globale aient été inégaux, des avancées ont été réalisées dans certains contextes, illustrant le potentiel d’impact significatif lorsque les stratégies sont mises en œuvre de manière efficace. Ainsi, l’Ukraine est apparue comme un exemple notable où des efforts concertés ont permis d’améliorer sensiblement la programmation de la lutte contre le VIH pour les populations clés. Ce résultat a été obtenu grâce à des interventions ciblées visant à réduire la stigmatisation et la discrimination, à renforcer le soutien juridique et à garantir un accès plus équitable aux services de santé essentiels.
Bien qu’il se soit fixé des objectifs ambitieux pour démanteler les barrières juridiques, sociales et économiques qui entravent l’accès des populations vulnérables aux services de santé, le Fonds mondial a rencontré des difficultés pour atteindre pleinement ces objectifs dans tous les domaines. Dans le cadre de la lutte contre le VIH, ce sont les programmes « Connaissez vos droits » qui ont le plus progressé et les services juridiques qui sont devenus plus accessibles. Toutefois, les tentatives d’amélioration des lois, des politiques et des réglementations ont connu le moins de progrès, probablement en raison de l’action contre les droits humains. Dans le domaine de la tuberculose, la réduction de la discrimination à l’égard des femmes a enregistré les progrès les plus importants, de même que l’intensification des programmes « Connaissez vos droits » et l’amélioration de l’accès aux services juridiques. En ce qui concerne le paludisme, deux pays de la cohorte avaient des programmes à petite échelle avec une couverture géographique et démographique limitée.
Grâce à l’approche « Breaking Down Barriers », les plans nationaux en matière de droits humains, lorsqu’ils sont alignés sur l’intensification de l’action programmatique, sous la supervision de multiples parties prenantes, ont souligné leur valeur dans des contextes difficiles et ont servi de base pour défier le mouvement anti-droits.
Les progrès progressifs observés, illustrés par les avancées réalisées en Ukraine, soulignent l’importance d’approches adaptées et spécifiques au contexte pour surmonter les obstacles liés aux droits humains dans le domaine de la santé. Ils témoignent d’une compréhension critique du fait que si les objectifs généraux peuvent unifier les initiatives mondiales en matière de santé, les voies permettant d’atteindre ces résultats sont nécessairement diversifiées, reflétant les paysages sociopolitiques complexes dans lesquels ces programmes de santé opèrent.
2023-2028 Ajustements du cadre des ICP
L’approche adoptée par le Fonds mondial pour élaborer le cadre de suivi et d’évaluation (S&E) permet de relever des défis complexes en matière de mesure des performances. Les parties prenantes ont accueilli favorablement le nouveau Comité d’évaluation indépendante (CEI) et anticipent la contribution du responsable en chef chargé de l’évaluation et de l’apprentissage à l’exploitation du cadre de suivi et d’évaluation pour améliorer l’apprentissage et la responsabilité. Les efforts déployés pour intégrer les indicateurs clés de performance dans un cadre de suivi et d’évaluation cohérent et l’accent mis sur la prise de décision fondée sur des données probantes ont été particulièrement appréciés. Les parties prenantes ont noté la promesse de nouveaux ensembles d’ICP axés sur l’engagement communautaire, la préparation à la pandémie et les systèmes intégrés, soulignant l’introduction d’un marqueur de genre dans l’ensemble du cadre comme une avancée significative. Pour en savoir plus, consultez notre analyse de la performance de la nouvelle stratégie du Fonds mondial.
Les ajustements apportés au cadre des ICP pour la période 2023-2028 reflètent une réponse stratégique aux enseignements tirés de la période stratégique précédente. Ces ajustements sont non matériels, c’est-à-dire qu’ils ne modifient pas fondamentalement les objectifs de performance ou les attentes, mais affinent plutôt les méthodes de mesure et de suivi afin d’améliorer la clarté, la pertinence et la réactivité.
- Ajustements fondés sur les données : Les modifications apportées aux sources de données et aux définitions de référence pour plusieurs ICP visent à améliorer la précision et la fiabilité du suivi des performances. Par exemple, l’utilisation de méthodes de collecte de données plus directes et fondées sur des données probantes pour les ICP relatifs à la prise de décision fondée sur des données (S6b) et à l’utilisation de données désagrégées (S7) renforce la capacité à mesurer les progrès de manière plus efficace.
- Affinement des définitions des cohortes : Pour les ICP tels que la disponibilité en rayon (S8) et les mesures d’atténuation des engagements de cofinancement (R1b), les ajustements affinent les définitions des cohortes, garantissant une évaluation plus ciblée et plus pertinente des résultats.
- Inclusion de valeurs de référence : L’établissement de niveaux de référence clairs pour les ICP nouvellement introduits ou ajustés, tels que ceux liés aux modalités des tests de laboratoire (P1) et aux fonctions de surveillance de l’alerte précoce (P2), constitue un point de repère pour les évaluations futures des progrès et de l’impact.
Intégration dans les recommandations stratégiques
Le rapport de performance stratégique souligne l’efficacité de la mobilisation des ressources par le Fonds mondial, qui a dépassé l’objectif de la cinquième reconstitution des ressources avec une prévision de réalisation des promesses de 101 %. Cette réussite est complétée par des avancées significatives dans la structuration du marché, telles que le dépassement attendu des objectifs d’économies annuelles par le biais de mécanismes d’achat direct, en particulier pour les médicaments antirétroviraux (ARV), et le déploiement réussi de nouveaux traitements contre la tuberculose multirésistante dans 20 pays.
Toutefois, le rapport souligne également les difficultés persistantes dans la prestation de services, en particulier pour les populations clés, et dans les domaines de couverture tels que la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) et la couverture de la thérapie antirétrovirale (TAR), qui sont essentiels pour la riposte au VIH. La capacité d’absorption des subventions s’est améliorée, ce qui permet d’obtenir des résultats mieux ventilés par groupe d’âge et par sexe, mais il reste des lacunes qui nécessitent une attention particulière.
Pour relever ces défis, les recommandations stratégiques devraient intégrer un double objectif : tirer parti des succès de la mobilisation des ressources et de la structuration du marché pour améliorer la prestation de services et étendre la couverture aux populations clés. En outre, le développement par le Fonds mondial d’un nouveau cadre de rapport de performance qui fusionne les indicateurs clés de performance avec le rapport de mise en œuvre de la stratégie offre une vue d’ensemble plus holistique de la performance, créant un précédent pour la planification et la mise en œuvre stratégiques futures.
Analyse et implications
Les résultats obtenus en termes de vies sauvées et d’amélioration de l’efficacité des programmes témoignent de l’impact de la stratégie. Toutefois, les défis liés à la réduction de l’incidence et à l’élimination des obstacles liés aux droits humains soulignent la nécessité de poursuivre l’innovation et l’adaptation dans la mise en œuvre de la stratégie. Les ajustements pour la période 2023-2028, bien que non significatifs, sont essentiels pour aligner le cadre des ICP sur l’évolution du paysage sanitaire et les enseignements tirés des années précédentes. Ces ajustements visent à renforcer l’accent stratégique mis sur la qualité des données, la précision des mesures et la pertinence des indicateurs de performance, favorisant ainsi une prise de décision et une mise en œuvre des programmes plus efficaces.
Dans l’ensemble, la combinaison des réalisations passées et des ajustements prospectifs met en évidence la nature dynamique de la planification stratégique dans le domaine de la santé mondiale. Elle souligne l’importance de l’apprentissage continu, de l’adaptation et de l’engagement à améliorer les résultats en matière de santé grâce à des approches stratégiques, fondées sur des données et sur les droits. Les réactions des parties prenantes ont joué un rôle crucial dans l’élaboration de l’orientation stratégique, soulignant l’importance des partenariats, de l’amélioration de la mesure des performances et de l’utilisation efficace des données nationales, comme le montrent les articles d’Aidspan sur le cadre de suivi et d’évaluation du Fonds mondial, la nécessité de partenariats, les indicateurs qui ne sont pas sur la bonne voie et les derniers aperçus des performances stratégiques.
Les ajustements soigneusement étudiés du cadre des indicateurs clés de performance signifient un engagement non seulement à poursuivre la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, mais aussi à le faire avec une approche de plus en plus affinée et fondée sur des données. Cette évolution de la stratégie, fondée sur les enseignements tirés et visant à prendre en compte les réalités nuancées des interventions sanitaires, positionne les initiatives futures de manière à lutter plus efficacement contre ces maladies et à améliorer les résultats en matière de santé dans le monde entier. À mesure que nous avançons, il sera essentiel de maintenir cette approche adaptative et réactive, en veillant à ce que les objectifs stratégiques soient alignés sur l’évolution du paysage de la santé mondiale et sur les divers besoins des communautés du monde entier.