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OFM Edition 182,   Article Nombre: 7

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Le Fonds mondial et la gestion des risques



Type d'article:
NOUVELLES
     Auteur:
Christian Djoko
     Date: 2025-05-17

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Resumé


Cet article résume les principaux points du rapport sur la gestion des risques et de l'avis annuel du directeur de la Gestion des risques, qui ont été examinés lors de la 53e réunion du Conseil d'administration du Fonds mondial, qui s'est tenue du 7 au 9 mai 2025 à Genève, ainsi que les commentaires des parties prenantes.


Le Fonds mondial se trouve à un moment charnière, confronté à un environnement externe marqué par une volatilité, des perturbations et une complexité sans précédent. Le dernier rapport sur la gestion des risques et l'avis annuel du directeur de la Gestion des risques, ainsi que les discussions approfondies entre les membres du Conseil d'administration, le Secrétariat et les partenaires, révèlent un consensus : le paysage des risques est en train de changer radicalement et l'organisation doit s'adapter rapidement pour maintenir sa mission et son impact. Cet article synthétise les principales conclusions, préoccupations et priorités stratégiques des délibérations qui semblent avoir émergé de la 53e réunion du Conseil d'administration du Fonds mondial, qui s'est tenue du 7 au 9 mai 2025, et donne un aperçu de la manière dont le Fonds mondial réagit et se prépare à cette nouvelle ère du risque.



Un paysage de risques aggravé par une instabilité multidimensionnelle

Le profil de risque du Fonds mondial est aujourd'hui largement déterminé par des facteurs externes à la fois aigus et imprévisibles. L'instabilité géopolitique, les chocs économiques, les catastrophes liées au climat et l'évolution de l'architecture mondiale de la santé convergent pour créer un contexte opérationnel extrêmement dynamique (Figure 1). Les membres du Conseil d'administration et les dirigeants du secrétariat ont tous souligné que ces perturbations externes augmentent non seulement en fréquence et en gravité, mais qu'elles interagissent également d'une manière qui amplifie leur impact sur la mise en œuvre des programmes, le financement et les modèles de partenariat.


Les principaux risques externes sont les suivants :

  • Les conflits géopolitiques et la volatilité économique : Ils ont des conséquences directes sur les flux de financement, la mise en œuvre des programmes et les chaînes d'approvisionnement, entraînant des retards, une augmentation des coûts et une incertitude opérationnelle.
  • Incertitude du financement de la santé mondiale : Les déficits de financement menacent la viabilité des programmes essentiels de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, avec le risque d'annuler des progrès durement acquis.
  • Le changement climatique et les chocs environnementaux : Ils exacerbent la charge de morbidité et perturbent la résilience des systèmes de santé.
  • Évolution des partenariats en matière de santé mondiale : Les changements dans l'architecture de la santé mondiale obligent le Fonds à adapter ses modèles de collaboration, afin de garantir sa résilience même lorsque les partenaires traditionnels sont confrontés à leurs propres crises.


Ces facteurs augmentent considérablement le risque inhérent, exposant le Fonds mondial à des risques plus importants. Un passage du rapport est très clair à ce sujet :


«
À la fin de 2024, le profil de risque de l'Organisation continue d'afficher un niveau de risque élevé, avec 10 sur 22 classés comme élevés ou très élevés, et 14 montrant une direction croissante (par rapport à 12 au T3 2024). Notamment, il y a deux changements clés dans les risques résiduels pour le T4- 2024 : le risque de qualité des programmes - paludisme est passé à très élevé, tandis que le risque de fraude et fiduciaire lié aux subventions a atteint le risque résiduel de modéré, aligné sur les échéances de l'appétit pour le risque ajusté par le Conseil d'administration de décembre 2024

.
»


Le rapport souligne en particulier que, face à l'incertitude croissante, l'inertie elle-même constitue un risque majeur ; le Fonds mondial doit rester agile et réactif, capable d'anticiper les menaces émergentes et d'y répondre rapidement.

Figure 1 : Profil de risque de l'organisation au quatrième trimestre 2024


Source : Fonds mondial


En fait, alors que l'organisation avait précédemment constaté une baisse générale des niveaux de risque, le contexte actuel est celui d'une augmentation des risques et d'une diminution des ressources pour les gérer.


Si le Fonds mondial a réalisé des progrès considérables dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme au cours des vingt dernières années, le rapport met clairement en garde contre les menaces qui pèsent sur ces réalisations. La diminution des ressources disponibles pourrait réduire à néant les progrès réalisés, en intensifiant les défis tels que l'augmentation de la résistance aux médicaments, l'accès limité aux diagnostics et aux traitements, et les obstacles systémiques liés aux droits humains et aux inégalités entre les hommes et les femmes.


Le rapport souligne en particulier que, face à l'incertitude croissante, l'inertie elle-même constitue un risque majeur. Le Fonds mondial doit rester agile et réactif, capable d'anticiper les menaces émergentes et d'y répondre rapidement
.



Renforcer la culture et les systèmes de gestion des risques

L'adaptation à ce nouvel environnement de risque exige non seulement une vigilance externe, mais aussi une transformation interne. L'analyse prospective du Secrétariat a mis en évidence plusieurs priorités :

  • Promouvoir une culture de la prise de conscience des risques : La formation systématique et le renforcement des capacités des équipes du Secrétariat, des responsables de la mise en œuvre et des Agents Locaux du Fonds (ALF) sont en cours d'extension afin de garantir une détection précoce des risques émergents et une prise de décision éclairée.
  • Améliorer l'analyse des risques : Le développement et le déploiement d'outils avancés d'analyse des risques, y compris un module de gestion intégrée des risques, permettent de prendre des décisions plus rigoureuses et fondées sur des données.
  • Rationalisation des processus et des contrôles : La simplification et la hiérarchisation des processus opérationnels sont poursuivies afin de maximiser l'impact des ressources limitées, sans compromettre les contrôles essentiels ou les progrès réalisés en matière de maturité de la gestion des risques.


Le Secrétariat a également reconnu la nécessité de revoir et de recalibrer en permanence les cadres de gestion des risques, afin de s'assurer qu'ils restent pertinents et adaptés à des réalités qui évoluent rapidement.


L'équilibre entre la prise de risque et l'atténuation des risques a été un thème central des discussions du Conseil et des comités. Le cadre d'appétit pour le risque du Fonds mondial, approuvé par le Conseil d'administration, guide l'organisation dans l'établissement de compromis explicites entre les risques fiduciaires et l'impact programmatique. Cependant, plusieurs risques clés - en particulier ceux liés à la qualité des programmes de lutte contre la tuberculose et le paludisme, et aux chaînes d'approvisionnement nationales - restent supérieurs aux niveaux cibles et il est peu probable qu'ils atteignent bientôt un niveau de risque modéré.


Les membres du Conseil d'administration et les parties prenantes ont soulevé des questions cruciales :

  • Captons-nous les bons signaux suffisamment tôt pour prendre les mesures qui s'imposent ?
  • L'équilibre actuel entre la prise de risque et l'atténuation des risques est-il optimal pour obtenir un impact ?
  • L'appétit pour le risque doit-il être recalibré en fonction des nouvelles réalités, en particulier dans les zones de conflit ou les contextes fragiles où certains risques peuvent devoir être acceptés pour maintenir des interventions qui sauvent des vies ?


Le secrétariat a fait part de son intention de revoir les documents et les cadres de gestion des risques, en invitant les membres du Conseil d'administration et les groupes d'intérêt à apporter leur contribution afin de s'assurer que les considérations relatives aux risques restent au cœur de toutes les décisions.


En fait, trois grandes priorités se dégagent clairement du rapport pour 2025 :

  • Adaptation proactive des cadres de gestion des risques nationaux, afin de répondre efficacement aux menaces émergentes.
  • Révision du cadre de l'appétit pour le risque, en veillant à sa pertinence et à son alignement sur le contexte actuel.
  • Renforcer le modèle d'assurance, en ciblant mieux les contrôles sur les risques les plus critiques.


Plus généralement, le succès du Fonds mondial est étroitement lié à ses partenariats avec les gouvernements, les agences techniques internationales et, surtout, les communautés locales. Une gestion efficace des risques est de plus en plus dépendante du leadership et de l'engagement des acteurs nationaux - les récipiendaires principaux, les sous-récipiendaires, les instances de coordination nationales et les communautés. Le Fonds mondial investit dans:

  • Surveillance des risques en temps réel et systèmes d'alerte précoce : Le suivi mené par les communautés est intégré dans les évaluations formelles des risques, fournissant des signaux précoces sur les questions programmatiques et permettant une réponse rapide.
  • Soutien aux transitions durables et au financement national : Les transitions accélérées doivent être gérées avec soin afin d'éviter les interruptions de service, en particulier pour les populations vulnérables. Des outils pratiques, tels que des plateformes de données financières qui traduisent les coûts des donateurs en coûts nationaux, sont déployés pour aider les pays à planifier la durabilité.
  • Flexibilité dans la mise en œuvre des subventions : Dans les contextes où il n'est pas possible de mettre en place des systèmes financiers et de passation de marchés standard, le Fonds étudie des modalités plus souples qui permettent d'équilibrer la responsabilité et les réalités opérationnelles.


Les parties prenantes ont souligné que les investissements dans la prévention, les systèmes communautaires et les programmes fondés sur les droits humains doivent être considérés comme des éléments non négociables de l'atténuation des risques, même en période de financement limité.


Le Comité d'audit et des finances, ainsi que d'autres comités du Conseil d'administration, ont insisté sur la nécessité de

  • Des orientations plus claires et des cadres de risque actualisés pour naviguer dans un paysage en mutation.
  • Amélioration de la planification des scénarios et de la gestion des effectifs pour faire face aux incertitudes financières et opérationnelles.
  • Hiérarchisation et simplification : Reconnaissant que le fait d'essayer de traiter tous les risques peut diluer l'impact, le Fonds mondial doit se concentrer sur ses avantages comparatifs et veiller à ce que les services essentiels soient protégés, même en cas de réduction des financements et de redéfinition des priorités des programmes.


Les partenaires et les parties prenantes ont demandé l'intégration explicite des considérations relatives à l'espace civique et à l'équité dans les cadres de risque, ainsi que le maintien de la transparence et de la responsabilité dans tous les processus de gestion des risques.



Conclusion : compromis et allocation des ressources

L'une des préoccupations récurrentes des membres du Conseil d'administration est la difficulté de procéder à des arbitrages difficiles dans l'allocation des ressources. Compte tenu de la tendance à la hausse de nombreux risques et de la capacité limitée d'obtenir de nouveaux financements à court terme, l'organisation fonctionne dans plusieurs domaines au-delà de son appétit pour le risque approuvé par le Conseil d'administration. Cette réalité nécessite des compromis explicites et fondés sur des preuves, en particulier entre les priorités programmatiques et les contrôles fiduciaires.


Par exemple, dans les régions à forte charge de travail et touchées par des conflits, le Fonds peut être amené à accepter des risques fiduciaires plus élevés pour garantir la poursuite des interventions vitales. De même, la nécessité de rationaliser les processus et de réduire les charges administratives doit être mise en balance avec l'impératif de maintenir un contrôle et une responsabilité solides.


En fait, le consensus au sein du partenariat est clair : le Fonds mondial doit continuer à s'adapter, à innover et à collaborer pour naviguer dans cet environnement instable. Les principales priorités pour les années à venir sont les suivantes

  • Contrôler et recalibrer en permanence les approches de gestion des risques : Veiller à ce que les cadres et les outils restent adaptés à l'objectif visé et réagissent aux nouvelles menaces.
  • Faire des compromis explicites et fondés sur des données probantes : Donner la priorité aux interventions qui ont le plus d'impact, tout en préservant les besoins des plus vulnérables.
  • Renforcer les partenariats avec les gouvernements, les donateurs et la société civile : Garantir des progrès durables et éviter l'annulation des acquis durement gagnés.
  • Investir dans les effectifs et les capacités : Il est essentiel de maintenir les capacités critiques au sein du Secrétariat et parmi les partenaires pour que le Fonds puisse remplir sa mission.


Dans l'ensemble, la capacité du Fonds mondial à remplir sa mission dans cette nouvelle ère de risques dépendra de son agilité, de sa résilience et de son engagement à donner la priorité aux interventions ayant le plus d'impact. Les approches de l'organisation en matière de gestion des risques, de partenariat et d'allocation des ressources doivent évoluer en même temps que l'environnement des risques. Les années à venir mettront à l'épreuve la capacité d'adaptation du partenariat, mais elles offriront également l'occasion de renforcer les systèmes, de consolider les bases de la réussite future et de veiller à ce que le Fonds mondial reste une force vitale dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.


L'organisation doit s'appuyer sur ses succès passés tout en restant prête à revoir ses modèles et ses pratiques pour rester pertinente et efficace dans un environnement mondial en profonde mutation. Il s'agit d'un appel clair à l'action pour le Conseil d'administration et tous les partenaires du Fonds mondial, afin que la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme conserve son élan vital.




Publication Date: 2025-05-17


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