OFM Edition 182, Article Nombre: 7
Le Fonds mondial se trouve à un moment charnière, confronté à un environnement externe marqué par une volatilité, des perturbations et une complexité sans précédent. Le dernier rapport sur la gestion des risques et l'avis annuel du directeur de la Gestion des risques, ainsi que les discussions approfondies entre les membres du Conseil d'administration, le Secrétariat et les partenaires, révèlent un consensus : le paysage des risques est en train de changer radicalement et l'organisation doit s'adapter rapidement pour maintenir sa mission et son impact. Cet article synthétise les principales conclusions, préoccupations et priorités stratégiques des délibérations qui semblent avoir émergé de la 53e réunion du Conseil d'administration du Fonds mondial, qui s'est tenue du 7 au 9 mai 2025, et donne un aperçu de la manière dont le Fonds mondial réagit et se prépare à cette nouvelle ère du risque.
Un paysage de risques aggravé par une instabilité multidimensionnelle
Le profil de risque du Fonds mondial est aujourd'hui largement déterminé par des facteurs externes à la fois aigus et imprévisibles. L'instabilité géopolitique, les chocs économiques, les catastrophes liées au climat et l'évolution de l'architecture mondiale de la santé convergent pour créer un contexte opérationnel extrêmement dynamique (Figure 1). Les membres du Conseil d'administration et les dirigeants du secrétariat ont tous souligné que ces perturbations externes augmentent non seulement en fréquence et en gravité, mais qu'elles interagissent également d'une manière qui amplifie leur impact sur la mise en œuvre des programmes, le financement et les modèles de partenariat.
Les principaux risques externes sont les suivants :
Ces facteurs augmentent considérablement le risque inhérent, exposant le Fonds mondial à des risques plus importants. Un passage du rapport est très clair à ce sujet :
«À la fin de 2024, le profil de risque de l'Organisation continue d'afficher un niveau de risque élevé, avec 10 sur 22 classés comme élevés ou très élevés, et 14 montrant une direction croissante (par rapport à 12 au T3 2024). Notamment, il y a deux changements clés dans les risques résiduels pour le T4- 2024 : le risque de qualité des programmes - paludisme est passé à très élevé, tandis que le risque de fraude et fiduciaire lié aux subventions a atteint le risque résiduel de modéré, aligné sur les échéances de l'appétit pour le risque ajusté par le Conseil d'administration de décembre 2024.»
Le rapport souligne en particulier que, face à l'incertitude croissante, l'inertie elle-même constitue un risque majeur ; le Fonds mondial doit rester agile et réactif, capable d'anticiper les menaces émergentes et d'y répondre rapidement.
Figure 1 : Profil de risque de l'organisation au quatrième trimestre 2024
Source : Fonds mondial
En fait, alors que l'organisation avait précédemment constaté une baisse générale des niveaux de risque, le contexte actuel est celui d'une augmentation des risques et d'une diminution des ressources pour les gérer.
Si le Fonds mondial a réalisé des progrès considérables dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme au cours des vingt dernières années, le rapport met clairement en garde contre les menaces qui pèsent sur ces réalisations. La diminution des ressources disponibles pourrait réduire à néant les progrès réalisés, en intensifiant les défis tels que l'augmentation de la résistance aux médicaments, l'accès limité aux diagnostics et aux traitements, et les obstacles systémiques liés aux droits humains et aux inégalités entre les hommes et les femmes.
Le rapport souligne en particulier que, face à l'incertitude croissante, l'inertie elle-même constitue un risque majeur. Le Fonds mondial doit rester agile et réactif, capable d'anticiper les menaces émergentes et d'y répondre rapidement.
Renforcer la culture et les systèmes de gestion des risques
L'adaptation à ce nouvel environnement de risque exige non seulement une vigilance externe, mais aussi une transformation interne. L'analyse prospective du Secrétariat a mis en évidence plusieurs priorités :
Le Secrétariat a également reconnu la nécessité de revoir et de recalibrer en permanence les cadres de gestion des risques, afin de s'assurer qu'ils restent pertinents et adaptés à des réalités qui évoluent rapidement.
L'équilibre entre la prise de risque et l'atténuation des risques a été un thème central des discussions du Conseil et des comités. Le cadre d'appétit pour le risque du Fonds mondial, approuvé par le Conseil d'administration, guide l'organisation dans l'établissement de compromis explicites entre les risques fiduciaires et l'impact programmatique. Cependant, plusieurs risques clés - en particulier ceux liés à la qualité des programmes de lutte contre la tuberculose et le paludisme, et aux chaînes d'approvisionnement nationales - restent supérieurs aux niveaux cibles et il est peu probable qu'ils atteignent bientôt un niveau de risque modéré.
Les membres du Conseil d'administration et les parties prenantes ont soulevé des questions cruciales :
Le secrétariat a fait part de son intention de revoir les documents et les cadres de gestion des risques, en invitant les membres du Conseil d'administration et les groupes d'intérêt à apporter leur contribution afin de s'assurer que les considérations relatives aux risques restent au cœur de toutes les décisions.
En fait, trois grandes priorités se dégagent clairement du rapport pour 2025 :
Plus généralement, le succès du Fonds mondial est étroitement lié à ses partenariats avec les gouvernements, les agences techniques internationales et, surtout, les communautés locales. Une gestion efficace des risques est de plus en plus dépendante du leadership et de l'engagement des acteurs nationaux - les récipiendaires principaux, les sous-récipiendaires, les instances de coordination nationales et les communautés. Le Fonds mondial investit dans:
Les parties prenantes ont souligné que les investissements dans la prévention, les systèmes communautaires et les programmes fondés sur les droits humains doivent être considérés comme des éléments non négociables de l'atténuation des risques, même en période de financement limité.
Le Comité d'audit et des finances, ainsi que d'autres comités du Conseil d'administration, ont insisté sur la nécessité de
Les partenaires et les parties prenantes ont demandé l'intégration explicite des considérations relatives à l'espace civique et à l'équité dans les cadres de risque, ainsi que le maintien de la transparence et de la responsabilité dans tous les processus de gestion des risques.
Conclusion : compromis et allocation des ressources
L'une des préoccupations récurrentes des membres du Conseil d'administration est la difficulté de procéder à des arbitrages difficiles dans l'allocation des ressources. Compte tenu de la tendance à la hausse de nombreux risques et de la capacité limitée d'obtenir de nouveaux financements à court terme, l'organisation fonctionne dans plusieurs domaines au-delà de son appétit pour le risque approuvé par le Conseil d'administration. Cette réalité nécessite des compromis explicites et fondés sur des preuves, en particulier entre les priorités programmatiques et les contrôles fiduciaires.
Par exemple, dans les régions à forte charge de travail et touchées par des conflits, le Fonds peut être amené à accepter des risques fiduciaires plus élevés pour garantir la poursuite des interventions vitales. De même, la nécessité de rationaliser les processus et de réduire les charges administratives doit être mise en balance avec l'impératif de maintenir un contrôle et une responsabilité solides.
En fait, le consensus au sein du partenariat est clair : le Fonds mondial doit continuer à s'adapter, à innover et à collaborer pour naviguer dans cet environnement instable. Les principales priorités pour les années à venir sont les suivantes
Dans l'ensemble, la capacité du Fonds mondial à remplir sa mission dans cette nouvelle ère de risques dépendra de son agilité, de sa résilience et de son engagement à donner la priorité aux interventions ayant le plus d'impact. Les approches de l'organisation en matière de gestion des risques, de partenariat et d'allocation des ressources doivent évoluer en même temps que l'environnement des risques. Les années à venir mettront à l'épreuve la capacité d'adaptation du partenariat, mais elles offriront également l'occasion de renforcer les systèmes, de consolider les bases de la réussite future et de veiller à ce que le Fonds mondial reste une force vitale dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
L'organisation doit s'appuyer sur ses succès passés tout en restant prête à revoir ses modèles et ses pratiques pour rester pertinente et efficace dans un environnement mondial en profonde mutation. Il s'agit d'un appel clair à l'action pour le Conseil d'administration et tous les partenaires du Fonds mondial, afin que la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme conserve son élan vital.
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2025-05-17
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