OFM Edition 185, Article Nombre: 4
Alors que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme s'apprête à annoncer le résultat de sa huitième reconstitution en novembre 2025, une décision financière cruciale a été prise qui pourrait avoir une incidence majeure sur le niveau des ressources destinées à soutenir les programmes de santé essentiels au cours des trois prochaines années. Lors de sa 28ème réunion à Genève les 10 et 11 juillet, le Comité d'audit et des finances du Fonds a approuvé une nouvelle méthodologie pour déterminer la valeur des contributions annoncées par les donateurs, qui sont exprimées dans différentes devises mais doivent être converties en dollars américains, la monnaie opérationnelle du Fonds. Bien que cela puisse sembler être une simple question d'ajustements techniques, ses implications ont une incidence directe sur le montant des fonds qui seront alloués aux pays luttant contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et soutenant le renforcement des systèmes de santé entre 2026 et 2028.
Pourquoi le calcul des contributions est-il important ?
À chaque cycle de reconstitution, le Fonds mondial se lance dans un cycle de reconstitution au cours duquel il mobilise des milliards de dollars auprès de donateurs - principalement des gouvernements, mais aussi des fondations et le secteur privé - qu'il utilise pour aider à sauver des vies dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ces promesses de dons sont faites dans un large éventail de devises, de l'euro et du yen à la livre sterling et au dollar canadien. Mais le Fonds distribue ses ressources en dollars américains, de sorte que toutes ces promesses de dons doivent être converties en une devise étrangère commune selon une formule claire et ouverte.
À première vue, cela peut sembler être un exercice technique, le genre de tâche bureaucratique laissée aux comptables et aux analystes. Pourtant, les enjeux sont en réalité considérables. Le taux de conversion des fonds promis de l'euro au dollar détermine également le montant réel des fonds qui parviennent aux pays pour leur permettre de fournir des traitements vitaux contre le VIH, de diagnostiquer la tuberculose, de prévenir le paludisme et de renforcer leurs systèmes de santé, ce qui est absolument nécessaire. Une erreur ou une incohérence pourrait avoir des conséquences indésirables.
Une double garantie financière
Pour éviter ce type de risques, le Fonds mondial a mis en place une approche à deux volets pour gérer l'évaluation des promesses de dons.
Leçons tirées de l'histoire: apprendre du Royaume-Uni
Cette révision s'appuie sur l'expérience de la septième reconstitution des ressources en 2022. Le Royaume-Uni a fait sa promesse de contribution après l'annonce officielle. À ce moment-là, la valeur de la devise avait considérablement changé, et des questions se sont posées quant à la manière dont la promesse serait évaluée et si elle correspondrait à celles des autres donateurs. En l'absence d'un mécanisme d'ajustement clair, l'ensemble du système a été perturbé et le Fonds s'est retrouvé à supporter le risque. Grâce à cette marge d'ajustement postérieure à l'annonce mise en place dès le départ, le Fonds cherche à s'éloigner de l'expérience ci-dessus et à s'assurer que le processus se déroule plus facilement cette fois-ci.
De la promesse de contribution au programme : une cascade de financement
Après avoir converti toutes les promesses de dons annoncées en équivalents en dollars américains, le Fonds passe par un processus qui permet de déterminer le montant dont les pays disposeront effectivement. Ce processus comprend:
En outre, un facteur de « surallocation » est utilisé - une tactique qui part du principe que certains fonds ne seront pas entièrement dépensés et qui permet au Fonds d'allouer un peu plus que ce qui est techniquement disponible, offrant ainsi une certaine flexibilité aux pays qui en ont le plus besoin.
Relever le défi permanent du risque de change
Malgré les récentes améliorations apportées à la planification financière, les fluctuations monétaires restent un défi constant pour le Fonds mondial. Afin de minimiser le risque de perte de valeur due aux variations des taux de change, le Fonds utilise des outils financiers appelés « stratégies de couverture ». Il s'agit de stratégies qui permettent de fixer les taux de change, offrant ainsi une plus grande prévisibilité lors de la conversion des promesses de dons et des contributions en fonds utilisables.
Dans le cadre de sa politique de financement globale, le Fonds mondial cherche à couvrir 75 % ou plus des contributions qui ont été signées et qui sont incluses dans ses états financiers. Il cherche également à couvrir au moins 50 % des promesses de dons qui sont encore en cours, c'est-à-dire celles qui ont été promises par les donateurs mais qui ne sont pas encore officialisées. L'objectif est de mener à bien ces activités de couverture le plus rapidement possible, idéalement dans les cinq jours ouvrables suivant l'annonce de la reconstitution des ressources, et au plus tard 30 jours après.
Mais même les meilleures stratégies ne peuvent éliminer le risque. La scène financière mondiale est extrêmement imprévisible. Les paiements des donateurs peuvent être retardés pour diverses raisons, et des événements mondiaux soudains, tels que des variations des taux d'intérêt, des conflits ou une instabilité politique, peuvent entraîner de fortes fluctuations de la valeur des devises.
C'est pourquoi la nouvelle méthode de financement du Fonds mondial est considérée comme plus qu'une simple réforme technique. Il s'agit d'une mesure de protection essentielle pour préserver la valeur réelle des ressources collectées. Ce faisant, le Fonds peut garantir que les fonds promis seront utilisés au mieux pour soutenir les programmes de santé, acheter des médicaments et sauver des vies dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Perspectives d'avenir : les enjeux
Ayant obtenu l'approbation du Comité d'audit et des finances du Fonds, le Fonds se prépare désormais à publier les résultats officiels de la huitième reconstitution des ressources en novembre 2025. Les résultats de la reconstitution serviront de base au prochain cycle d'allocations par pays, qui couvrira la période 2026-2028. D'ici là, une nouvelle direction comprenant un nouveau directeur exécutif et un nouvel inspecteur général, sera en place pour superviser la mise en œuvre de ces fonds.
En fin de compte, il ne s'agit pas seulement d'un jeu de chiffres. Le succès de l'effort de reconstitution des ressources du Fonds mondial - et la précision de sa méthodologie financière - déterminera le nombre de personnes qui auront accès à un traitement antirétroviral, le nombre d'enfants qui dormiront sous des moustiquaires et le nombre de communautés qui seront équipées pour détecter et traiter la tuberculose.
En améliorant encore les mécanismes d'évaluation et de protection des engagements, le Fonds mondial réaffirme son rôle de gestionnaire du financement mondial de la santé. Grâce à cette nouvelle méthodologie, il s'assure non seulement d'être équitable et transparent, mais aussi de s'adapter à un monde financier caractérisé par l'incertitude.
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Numéro d'article : 1
2025-10-24
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