OFM Edition 179, Article Nombre: 1
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Le monde s’est réveillé en 2025 avec une gueule de bois géopolitique dont les premières victimes sont les systèmes de santé les plus précaires. Le gel de l’aide américaine, imposé par l’administration Trump, a déclenché une onde de choc dont les répercussions se mesurent en interruptions de traitements, en fragilisation des infrastructures sanitaires et en renoncements silencieux. Plus qu’un simple coup de frein budgétaire, c’est une rupture brutale qui met en péril des décennies de progrès dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Les faits sont implacables. La suspension des financements américains déstabilise non seulement la réponse mondiale aux grandes pandémies, mais elle révèle aussi l’extrême dépendance de nombreux États africains à ces flux monétaires. L’ampleur du désastre se perçoit dans le quotidien des soignants et des patients : traitements interrompus, campagnes de prévention abandonnées, structures médicales exsangues. Une situation qui, mise en récit, oscille entre cauchemar et réalité – un gouffre béant où s’effondrent les efforts des dernières décennies.
Ce cataclysme budgétaire n’épargne pas le Fonds mondial. L’institution, dont un tiers du financement dépend des États-Unis, se retrouve face à une menace existentielle. Le risque d’un effondrement du cycle de reconstitution devient tangible et impose une remise en question immédiate. Diversifier les sources de financement, mobiliser davantage les économies émergentes et solidifier les contributions domestiques deviennent des impératifs catégoriques. Mais l’équation est complexe : comment maintenir la confiance des donateurs tout en assurant une efficacité optimale des ressources restantes ?
Pourtant, le moment est stratégique. Le plaidoyer du Fonds mondial en faveur d’un financement ambitieux pour le cycle 2027-2029, estimé à 18 milliards de dollars, souligne une évidence souvent oubliée : investir dans la santé n’est pas un coût, mais un levier de croissance. Chaque dollar injecté sauve des vies, prévient de nouvelles infections et renforce des systèmes de santé capables de résister aux crises futures. Un argument de poids à l’heure où la pandémie de COVID-19 a révélé, parfois cruellement, la valeur d’une préparation robuste face aux urgences sanitaires.
Dans cette tempête budgétaire, l’alliance entre l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni pour l’organisation d’un sommet de levée de fonds constitue une lueur d’espoir. Loin d’être un simple événement diplomatique, cette initiative revêt un enjeu vital : convaincre que la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ne peut se poursuivre sans un engagement financier fort. Il s’agit d’un test décisif pour la coopération internationale : la solidarité mondiale peut-elle survivre aux soubresauts politiques de ses contributeurs historiques ?
Mais au-delà des chiffres et des négociations, une autre crise, plus silencieuse, s’impose. La résistance aux antimicrobiens (RAM) en Afrique. La réunion de haut niveau de l’ONU sur la RAM en septembre 2024 invitait à une action coordonnée pour contrer cette menace croissante. Cela nécessite de mettre en avant l’approche « Une seule santé », le renforcement des capacités de surveillance, l’accès aux médicaments de qualité et le rôle clé de la société civile dans le plaidoyer.
Somme toute, à l’heure où les États-Unis menacent de se détourner de la santé mondiale, l’Europe, l’Afrique et les économies émergentes ont une occasion historique de redéfinir les équilibres financiers et politiques de cette lutte. Ce moment de rupture est aussi un moment de refondation. Il appartient aux acteurs mondiaux de prouver que l’engagement en faveur de la santé ne dépend pas uniquement de la volonté d’une puissance isolée, mais bien d’une responsabilité collective. Si cette prise de conscience n’émerge pas rapidement, la facture humaine, elle, s’alourdira inexorablement.
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2025-03-01
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