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OFM Edition 182,   Article Number: 2

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Le manque de financement des donateurs oblige le Fonds mondial à réviser les subventions en cours pendant le cycle actuel :Les pays sont-ils prêts ?

Article Type:
NOUVELLES
     Author:
Samuel Muniu
     Date: 2025-05-17

ABSTRACT

Cet article traite de la retraite du 7 mai 2025 du Conseil d'administration du Fonds mondial à Genève, convoquée en réponse à un déficit de financement important, résultant en grande partie de la diminution du soutien des États-Unis. Plus de 200 subventions actuellement actives dans le cycle 7 sont en cours de reprogrammation, avec des coupes ciblées sur les fonds non dépensés pour protéger les pays les plus nécessiteux. Des plaintes ont également été formulées concernant manque de transparence et de participation des communautés à la prise de décision. Alors que l'organisation commence à planifier le huitième cycle de subventions, le besoin de processus rationalisés et plus équitables qui préservent l'équité, sauvegardent les services essentiels et servent les plus vulnérables se fait sentir.

Le 7 mai 2025, le Conseil d'administration du Fonds mondial a tenu une retraite à Genève en raison d'une crise de financement menaçante. Une réduction significative du financement des donateurs - en particulier des États-Unis - a incité le Fonds à réviser plus de 200 subventions permanentes dans le cadre du Cycle de subvention 7 (CS7). Entre-temps, la planification du prochain cycle, le Cycle de subventions 8 (CS8), est en cours. Il nécessitera une approche plus ciblée et plus souple pour s'adapter à la nouvelle réalité financière.


Le partenariat du Fonds mondial traverse une période extraordinaire marquée par de graves difficultés financières et une évolution de la dynamique des donateurs. Les parties prenantes de tous horizons - gouvernements, organisations non gouvernementales, partenaires techniques et communautés touchées - ont reconnu la gravité de la situation et exprimé leur solidarité avec les pays aux prises avec les conséquences de cette situation. Alors que les incertitudes en matière de financement se font sentir, la résilience dont font preuve les pays chargés de la mise en œuvre et les partenaires sur le terrain est largement reconnue.


Changements majeurs dans les subventions du CS7

En raison d'un financement plus faible que prévu de la part des donateurs, le Fonds mondial doit réduire ce qu'il donne aux pays à mi-parcours du cycle de subvention. Au cours de la réunion, le Secrétariat a présenté quatre options possibles au Conseil d'administration :

  1. Il a proposé que le modèle d'allocation soit géré avec un budget total réduit. Il s'agirait d'appliquer à nouveau le modèle de financement de l'allocation, mais avec moins d'argent. Mais comme de nombreux pays sont déjà au moins à mi-chemin de la mise en œuvre de leurs subventions, une telle approche pourrait conduire à des réductions de financement soudaines et massives qu'il serait difficile d'absorber ou de mettre en œuvre de manière efficace.
  2. Il a proposé de réduire l'allocation des pays du même pourcentage. Cette méthode est simple, puisqu'elle traite tous les pays de la même manière, mais elle ne tient pas compte des sommes déjà dépensées par les pays. Les pays qui ont déjà utilisé une plus grande partie de l'argent seraient plus durement touchés.
  3. Il offre la possibilité de déplacer les ressources en fonction des priorités actuelles du programme. Il faudrait pour cela réaffecter les fonds de manière à qu’ils correspondent mieux aux demandes les plus pressantes, telles que les changements dans la charge de morbidité ou les changements dans la disponibilité d'autres ressources. Bien que plus ciblée, cette possibilité risque d'être lourde et de ralentir les programmes existants lorsque les priorités seront réexaminées et modifiées à mi-parcours.
  4. Enfin, il a proposé de ne réduire que les fonds qui n'ont pas encore été dépensés ou engagés. Cela permettrait aux pays de reprogrammer les ressources inutilisées, en fonction de l'évolution des besoins, et offrirait une approche plus souple et moins destructrice des coupes en milieu de cycle. Ce mécanisme est considéré comme plus «
    équitable
    », car il protège les investissements existants et atténue l’effet sur la mise en œuvre des programmes en cours.


Parmi les quatre options, le Conseil d'administration a adopté une approche qu’elle juge plus équitable, à savoir réduire uniquement les fonds non dépensés et protéger les pays qui ont déjà utilisé la majeure partie de leurs subventions. Ces décisions tiennent compte de la situation de chaque pays, notamment de sa dépendance à l'égard des fonds américains, de l'existence d'un conflit et de la charge de morbidité qui pèse sur lui. Des réductions uniformes auraient fait le plus grand tort aux pays qui se trouvent dans les situations les plus difficiles.


Un nouveau modèle de désaffectation a été élaboré pour faire face à une réduction ponctuelle des fonds reçus. Ce modèle repose sur un processus en deux étapes:


  1. Coupes proportionnelles

Le modèle protège un premier temps les fonds déjà dépensés par les bénéficiaires de subventions. Il réduit ensuite proportionnellement les fonds non dépensés et non engagés du CS7, subvention par subvention, en utilisant la formule suivante :

  1. Ajustements qualitatifs

Une fois les nouveaux montants de l'allocation de base calculés, ils seront ensuite ajustés qualitativement en accordant une attention particulière à la situation de chaque pays et de chaque subvention. Les ajustements qualitatifs tiendront compte du contexte programmatique, des circonstances propres à chaque pays, de la dynamique au niveau des subventions, ainsi que d'autres leviers financiers et de la flexibilité au sein des subventions.



Les pays sont invités à donner la priorité aux services essentiels, tels que le traitement, la prévention, le dépistage et le travail de proximité. Ils doivent examiner toutes les ressources disponibles, y compris les financements nationaux et bilatéraux, pour assurer le bon fonctionnement des services de santé. La définition de ce qui est «
essentiel
» ne doit pas se limiter à l'achat de médicaments. Elle doit inclure l'accès, la sensibilisation des communautés et l'atteinte des groupes vulnérables. Par exemple, le Secrétariat a indiqué que des coupes dans la prévention du paludisme pourraient entraîner une augmentation de 43 à 98 % du nombre de décès.


Le Fonds mondial utilisera une combinaison de directives centralisées et de planification dirigée par les pays pour apporter ces changements rapidement et efficacement. Les instances de coordination nationales (ICN) doivent approuver tous les ajustements et les communautés locales doivent être impliquées. Le Comité technique d'examen des propositions (CTEP ou TRP en anglais) contribuera à faciliter et à accélérer l'examen des changements importants. La transparence est essentielle. Le Secrétariat du Fonds mondial fournira des mises à jour régulières et procédera à des ajustements rapides si nécessaire pour résoudre des problèmes ou des effets injustes.


Mais le temps presse, la date limite des négociations étant fixée au mois de septembre. Cela crée une pression sur les équipes déjà surchargées sur le terrain dans les pays. Le Fonds mondial s'efforce de rendre le processus aussi adaptable que possible afin de ne pas les submerger. Les partenaires techniques apportent un soutien supplémentaire aux pays dont les capacités sont moindres, notamment sous la forme d'outils et de recommandations sur la manière de s'assurer que les décisions difficiles en matière de financement ne portent pas préjudice aux services de santé.



Préparation du Cycle de subventions 8

Alors que des changements sont apportés aux subventions actuelles, le Fonds se prépare également au CS8. Le nouveau cycle sera façonné par les leçons du passé, l'évolution des besoins en matière de santé mondiale et un retour à l'équité, à l'inclusion et aux droits humains. La rationalisation du processus de candidature bénéficie d'un large soutien, en particulier dans les pays disposant de moins de ressources. L'objectif est de réduire les charges administratives qui nuisent à la prestation de services, tout en veillant à ce que les objectifs fondamentaux, tels que l'égalité des sexes et l'inclusion, soient atteints.


La planification du CS8 s'est également concentrée sur les transitions durables. Lorsque les pays quittent le soutien du Fonds mondial, ils doivent le faire avec prudence, afin de préserver les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et de garantir la prévention des effets néfastes sur les populations vulnérables. La priorité devrait être de financer les pays dont les besoins sont les plus importants. On observe également un intérêt croissant pour le financement direct des organisations communautaires, reconnaissant l'importance de ces groupes pour atteindre les populations mal desservies et s'assurer que l'argent est utilisé à bon escient. Le secrétariat a promis des mises à jour régulières et la mise en place de systèmes permettant de rectifier rapidement le tir en cas de problème, afin de gagner la confiance de tous et de s'assurer que toutes les voix sont entendues.


Le Secrétariat est attentif aux risques éventuels, comme la résurgence de maladies en cas de réduction des services de prévention, ou des processus trop complexes qui détournent l'attention de la prestation de services proprement dite. L'accent doit être mis sur les résultats et non sur la bureaucratie. Et toute réduction financière doit être équitable et ne pas nuire aux pays confrontés aux défis les plus difficiles.


Mise en garde des parties prenantes : Ne sacrifiez pas l'équité et la communauté dans les réductions à mi-cycle du CS7

Les parties prenantes ont exprimé de vives inquiétudes quant au fait que des réductions opaques, sans être soumises à l'examen du public ou élaborées en consultation avec les dirigeants nationaux, risquent de réduire à néant des décennies de progrès. Bien qu'elles ne soient pas opposées à des décisions difficiles, les parties prenantes ont déclaré que ces décisions devaient être prises de la bonne manière. Nombre d'entre elles estiment que le processus est devenu trop descendant, les gouvernements nationaux, les communautés et la société civile étant laissés de côté, ce qui met en péril les principes d'appropriation par les pays et de responsabilité partagée du Fonds mondial.


Les parties prenantes ont déclaré que les décisions de réaffectation doivent être prises au niveau national et que, pour éviter la tyrannie de la majorité et fournir le leadership technique nécessaire, ce leadership doit être de nature politique. Les ministères de la santé et des finances, les ICN et les communautés touchées doivent jouer un rôle central dans la détermination interventions qui peuvent être réduites et des moyens de protéger les personnes les plus exposées. Sans cette implication, il existe réel danger de réduction des services pour les personnes qui peuvent le moins se permettre une interruption.


Les parties prenantes ont également souligné que la redéfinition des priorités doit être guidée par l'équité, la durabilité et les faits. Un pays ne devrait pas être sanctionné pour des circonstances indépendantes de sa volonté, telles que les chocs économiques mondiaux, les pandémies ou la volatilité politique. Il est nécessaire de mettre en place des stratégies spécifiques à chaque pays, et non de procéder à des coupes sombres qui frapperaient le plus durement les programmes les moins bien dotés en ressources.


L'une des préoccupations est que les interventions communautaires sont souvent les premières à être supprimées. Or, ces programmes, qui sont souvent gérés par les personnes concernées elles-mêmes, sont essentiels pour atteindre les groupes les plus marginalisés et veiller à ce que les personnes suivent leur traitement. En les supprimant, les systèmes de santé auront plus de mal à soigner efficacement les patients.
Les experts mettent en garde contre le financement de produits de base, tels que les médicaments et les diagnostics, séparément des systèmes permettant de les fournir. Un produit n'est pas bon s'il n'arrive pas jusqu'au patient parce que l'infrastructure n'est pas assez solide ou que la communauté n'est pas impliquée. L'expression «
sauver des vies
» ne peut s'appliquer qu'au produit et au système qui en garantit l'accès.


En termes opérationnels, lorsque la prise de décision est retardée par le secrétariat ou le Conseil d'administration, le risque d'interruption des services, de rupture de stock et d'arrêt des traitements est plus élevé. Pour éviter cela, une prise de décision claire, transparente et limitée dans le temps, assortie de responsabilités, doit être mise en place pour garantir une mise en œuvre rapide et efficace du CS7 modifiée.


Principales recommandations des parties prenantes :

  • Assurer une réelle participation de la communauté.
  • Protéger les services gérés par la communauté et les facilitateurs d'accès.
  • Maintenir le soutien à la programmation en matière d'égalité des sexes et de droits humains.
  • Maintenir les efforts de suivi de la communauté pour la responsabilisation.
  • Appliquer des approches flexibles et adaptées aux besoins de chaque pays.


Ce qui ressort de toutes les contributions, c'est une conviction commune : le Fonds mondial est à la croisée des chemins. La question n'est pas de savoir si le CS7 réussira ou échouera, mais si l'institution est toujours fidèle à sa vision fondatrice. Une meilleure budgétisation et une meilleure organisation sont nécessaires, mais pas en sacrifiant les communautés marginalisées que le Fonds a été conçu pour soutenir.


Cette crise est également l'occasion de réaffirmer les valeurs du Fonds, de renouer avec son objectif et d'émerger en tant qu'organisation plus forte et plus transparente, plus profondément ancrée dans les principes d'équité, d'inclusivité et de partenariat.


Conclusion

Le Fonds mondial est aujourd'hui confronté à l'un des moments les plus importants de son histoire. Confronté à une crise financière urgente et à l'impératif de s'adapter, le partenariat réagit avec pragmatisme, agilité et solidarité. La redéfinition des priorités du CS7 et la planification du CS8 ne sont pas de simples exercices de budgétisation, ce sont des actes critiques de gestion visant à protéger la vie des personnes les plus vulnérables du monde.


Au cœur de cette réponse se trouve un engagement renouvelé envers les valeurs qui définissent le Fonds mondial depuis plus de deux décennies : l'équité, la transparence, l'inclusivité et le partenariat. Même si le chemin à parcourir est semé d'embûches, la volonté commune de protéger les services vitaux et de maximiser l'impact reste inébranlable.



Publication Date: 2025-05-17


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