Figure 1
La RS2023 indique que l’inclusion des éléments susmentionnés est due à la nécessité pour les responsables de mise en œuvre de réduire le risque d'échec (pour obtenir l'approbation du financement ou pour justifier de la performance de la subvention, par exemple) au regard des orientations, des règles, des réalités ou des perceptions relatives au modèle de financement du Fonds mondial.
En outre, les données relatives au financement du Fonds mondial ne permettent pas d'établir des rapports différenciés sur les investissements liés aux droits humains et à l'égalité de genre, en particulier ceux qui sont intégrés dans des investissements plus importants. Toutefois, les données relatives au financement d'interventions spécifiques liées aux droits humains dans le cadre de la lutte contre le VIH et la tuberculose indiquent une augmentation constante des investissements. Présentement, le Règlement relatif aux subventions du Fonds mondial, bien qu’incluant les cinq normes en matière de droits humains, ne comporte pas un ensemble de normes en matière d'égalité de genre, d'après les commentaires recueillis lors d'entretiens avec des représentants de la société civile. En revanche, la RS2023 souligne que le Fonds mondial a introduit une annexe obligatoire à la demande de financement, « Priorités de financement de la société civile et des communautés les plus touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme », même si ces priorités ne figurent pas dans la demande de financement finale.
Les personnes interrogées dans le cadre de la RS2023 ont soulevé des questions concernant la sélection de seulement quatre pays supplémentaires pour l'initiative « Breaking Down Barriers (Lever les barrières)» (au lieu des 35 pays initialement prévus) au regard de l'engagement et de la priorité accordée par le Fonds mondial aux droits humains et à l'égalité de genre. L’une des personnes interrogées a déclaré « le travail effectué relativement aux droits humains au cours de la période couverte par la stratégie est appréciable, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires. Lors du dernier cycle de reconstitution des ressources, le Fonds mondial n'a pas atteint le montant envisagé de 18 milliards de dollars, ce qui a entraîné une réduction du financement catalytique qui, comme nous l'avons vu, contribue largement aux résultats obtenus en matière de droits humains et d'égalité de genre. On peut donc se demander où se situent les priorités du Fonds. »
Il existe d'autres mécanismes du Fonds mondial pour soutenir les populations clés, tels que la création du Conseil des jeunes, qui vise à rapprocher de l'organisation les adolescents et les jeunes vivant avec ou affectés par le VIH, la tuberculose et le paludisme; Her Voice Fund, un fonds du secteur privé qui œuvre en faveur de l'inclusion des adolescents et renforce l'inclusion des adolescentes et des jeunes femmes au sein des Instances de coordination nationale et des groupes de travail techniques (GTT), figure parmi les plateformes de prise de décision du Fonds mondial. Cependant, la RS2023 a confirmé une préoccupation exprimée, à savoir qu'après la demande de financement, la participation diminue. Cette situation requiert l'attention du Conseil d'administration, car les problèmes de sûreté et de sécurité s'intensifient en raison des menaces croissantes auxquelles sont exposés les membres des populations clés dans les structures du Fonds mondial. RISE, une étude externe citée dans le rapport du Fonds mondial, révèle que cette menace pèse également sur les Instances de coordination nationale. Vous pouvez consulter cette étude dans cet article d’Aidspan.
Les commentaires recueillis dans les pays indiquent que le Fonds mondial est souvent le seul à soutenir les programmes liés aux droits humains et à l'égalité de genre, ce qui, comme le souligne la RS2023, soulève la question de savoir ce qu'il adviendra de ces programmes lorsque le soutien du Fonds mondial diminuera au moment de son retrait, étant donné que les investissements nationaux dans ce domaine sont insuffisants.
Commentaires des parties prenantes
La question de la place exacte des investissements catalytiques (IC), sous lesquels s'inscrivent les initiatives stratégiques pour les droits humains et l'égalité de genre et, dans une certaine mesure, les SSRP, fait l'objet d'un débat permanent. Tandis qu'une partie prenante a demandé que les IC soient intégrés dans l'opération de subvention en termes de nouvelles approches ou d'assistance technique, une autre s'y est farouchement opposée parce que cela compromettrait le caractère flexible et innovant qui est primordial pour les IC. Bien que ne figurant pas dans l'évaluation de la méthodologie d'allocation, cette question a également fait l'objet d'une discussion dans ce cadre. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.
Il a été estimé que les SSRP nécessitaient des interventions plus ciblées en fonction des priorités régionales, ainsi qu'une articulation claire des objectifs et une amélioration de la communication et des partenariats en matière d'expertise technique, qui doivent également être développés.
La question des droits humains et de l'égalité de genre a également été évoquée. Une partie prenante a estimé que les recommandations faites dans le cadre de la RS2023 étaient insuffisantes dans la mesure où elles ne visaient que des objectifs liés à l'égalité de genre. En effet, les recommandations concernant les SSRP, par exemple, doivent inclure des indicateurs de résultats qui permettront d’évaluer l'accès réel des femmes aux ressources et d’examiner les perceptions et les croyances stigmatisantes et discriminatoires ainsi que les pratiques, les lois, les institutions et les politiques. Il a même été suggéré que les réserves soient utilisées pour aider à surmonter les obstacles en matière de droits humains et remédier à la mise à l'écart croissante de la société civile compte tenu du sous-financement des réponses communautaires et des droits humains. Une demande a également été formulée pour connaître le chronogramme des deux évaluations des progrès de la subvention concernant les droits humains qui avaient été proposées par le Secrétariat lors de la 49ème réunion du Conseil d'administration. L’accent a également été mis sur la nécessité de soutenir les stratégies de santé communautaire et de s'attaquer aux lois et aux politiques restrictives.
Tout en saluant les progrès accomplis vers l'éradication du VIH, de la tuberculose et du paludisme, d'importants défis subsistent. Pour les relever, il faudra mettre en place des stratégies fondées sur des preuves constituant une partie essentielle des interventions programmatiques. Il a été réitéré que les droits humains devaient rester au cœur des objectifs stratégiques de l'organisation. La nécessité d'une orientation stratégique concernant l'amélioration des services dans un contexte marqué par des mouvements contre les droits humains et d'autres défis a été jugée prioritaire. L'initiative stratégique « Communautés, Droits et Genre » du Fonds mondial doit être renforcée et faire l'objet d'un plan d'action plus délibéré.
Conclusion
Le Fonds mondial doit examiner attentivement les raisons pour lesquelles les investissements catalytiques ont si bien fonctionné, quels sont les lacunes comblées par les fonds de contrepartie, de sorte que la prochaine fois qu'il y aura un déficit dans la reconstitution des ressources, le fonds catalytique puisse prendre le relais étant donné qu'il finance les droits humains et l'égalité de genre. Il est également primordial de prendre conscience que les SSRP pourront être renforcés que si l'égalité de genre et les droits humains en constituent les fondements. Ceci est important dans la mesure où les rapports des pays montrent que le Fonds mondial reste d’actualité. (Figure 2).
Figure 2
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