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OFM Edition 28,   Article Number: 8

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LE FONDS MONDIAL DEVRAIT ALIGNER SES INVESTISSEMENTS À EFFET CATALYSEUR AUX OBJECTIFS MONDIAUX POUR L'ÉRADICATION DU PALUDISME

Les nouveaux indicateurs stratégiques forment le niveau supérieur d'un cadre à trois niveaux

Article Type:
ANALYSE ET COMMENTAIRES
     Author:
Rima Shretta and Erika Larson
     Date: 2016-07-05

ABSTRACT

RÉSUMÉ L’application de la formule de niveau charge de morbiditĂ© / de revenu qui est au cÅ“ur de la mĂ©thode de rĂ©partition du Fonds mondial pour 2017-2019 dĂ©savantagera certains pays qui sont en bonne voie d’éliminer le paludisme. Rima Shretta et Erika Larson font valoir que les ajustements qualitatifs et les fonds mis de cĂ´tĂ© pour les investissements Ă  effet catalyseur devraient Ăªtre utilisĂ©s pour faire en sorte que ces pays reçoivent un niveau d'investissement appropriĂ©. Les auteurs dĂ©crivent la façon dont cela peut Ăªtre fait.

En 2015, l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) indiquait que plus de la moitiĂ© des 106 pays oĂ¹ le paludisme continuait Ă  se transmettre en 2000, avait rĂ©ussi Ă  faire baisser l’apparition de nouveaux cas d’au moins 75 %. Les investissements du Fonds mondial ont Ă©tĂ©, et continuent d'Ăªtre, un facteur clĂ© de ce succès. Un financement ciblĂ© a considĂ©rablement rĂ©duit le fardeau du paludisme et pĂ©rennisĂ© ces rĂ©sultats. Les investissements futurs peuvent continuer Ă  avoir cet impact positif : la StratĂ©gie du Fonds mondial pour 2017- 2022 vise Ă  rĂ©aliser des progrès vers un monde sans VIH / SIDA, tuberculose et paludisme. Pour atteindre une telle vision, les investissements dans le paludisme doivent s’aligner pleinement avec la StratĂ©gie technique mondiale contre le paludisme de l’OMS qui vise Ă  Ă©liminer le paludisme dans au moins 35 pays d'ici 2030 et Ă  empĂªcher le rĂ©tablissement dans les zones exemptes de paludisme. L'OMS estime que 21 pays sont en mesure de parvenir Ă  l'Ă©limination du paludisme d'ici Ă  2020 (voir le document en anglais) .

Le Conseil d’administration du Fonds mondial a rĂ©cemment approuvĂ© une nouvelle mĂ©thodologie pour ses allocations pour la pĂ©riode 2017-2019. Similaire Ă  la mĂ©thode actuelle, une formule basĂ©e sur la charge de morbiditĂ© et le niveau de revenu sera utilisĂ©e pour calculer les allocations initiales aux pays pour chaque maladie. Ces allocations initiales seront ajustĂ©es avec une sĂ©rie de facteurs qualitatifs qui ont encore Ă  Ăªtre dĂ©terminĂ©s, mais qui peuvent inclure la volontĂ© de payer, la performance du programme prĂ©cĂ©dent et la capacitĂ© d'absorption.

La rĂ©partition fondĂ©e sur une formule est problĂ©matique pour les pays qui sont en passe d’éliminer le paludisme. Par dĂ©finition, ces pays ont des charges de morbiditĂ© plus faibles et beaucoup sont des pays Ă  revenu intermĂ©diaire et sont donc marginalisĂ©s par cette formule. Le ComitĂ© de la stratĂ©gie, des investissements et de l’impact (CSII) du Fonds mondial - maintenant appelĂ© le ComitĂ© StratĂ©gique (CS) - a proposĂ© d'utiliser les donnĂ©es sur la charge du paludisme de l’annĂ©e 2000 afin d’éviter de punir les pays qui ont rĂ©cemment rĂ©ussi Ă  rĂ©duire l'incidence du paludisme. Cependant, dans la plupart des pays qui ont sensiblement abaissĂ© leur nombre de cas - comme le Bhoutan, le Guatemala, l'IndonĂ©sie et la RĂ©publique dĂ©mocratique populaire lao (voir l’article du Lancet, en anglais) - la baisse de la prĂ©valence a commencĂ© avant l’annĂ©e 2000 et, en ce qui concerne l'IndonĂ©sie, la prĂ©valence a augmentĂ© après cette date. Par consĂ©quent, utiliser les donnĂ©es sur la charge de 2000 ne rĂ©pond pas adĂ©quatement aux besoins des pays pour Ă©liminer la maladie et empĂªcher sa rĂ©introduction.

Historiquement, le Fonds mondial allouait environ 7% de son portefeuille dans des pays Ă©liminant le paludisme; dans le cadre du modèle de financement actuel, le Fonds mondial alloue maintenant environ 5%. Dans cette pĂ©riode de rĂ©partition actuelle (2014-2016), il a Ă©té estimé (en anglais) que les pays qui Ă©liminaient la maladie connaĂ®traient une diminution de 31% des allocations nationales - une grave pĂ©nurie Ă  un moment oĂ¹ les avancĂ©es et l'Ă©limination sont en vue. Bien que la plupart des gouvernements nationaux dans les pays qui Ă©liminent la maladie fournissent près de 80 % du financement dans leurs efforts de lutte contre le paludisme, les investissements du Fonds mondial comblent souvent une lacune importante dans la fourniture de l'accès aux soins pour les populations Ă  haut risque; sans ces investissements, ces populations ne seraient pas prises en charge par les efforts nationaux. Un sous financement des pays en voie vers l’éradication pourrait entraĂ®ner des rĂ©surgences coĂ»teuses et mortelles (en anglais) de la maladie, faisant reculer les progrès rĂ©alisĂ©s avec les investissements prĂ©cĂ©dents.

Nonobstant la prioritĂ© mise sur les pays les plus touchĂ©s, le Fonds mondial a l'occasion de travailler avec des partenaires dans la rĂ©alisation des objectifs mondiaux d'Ă©limination du paludisme. Tout d'abord, le Fonds mondial devrait appliquer des ajustements qualitatifs convaincants d'une manière transparente pour dĂ©montrer qu'il n’abandonnera pas les pays qui ont utilisĂ© les ressources Ă  bon escient et ont travaillĂ© dur pour faire baisser le paludisme. Pour le paludisme, cela signifierait inclure les ajustements tels que le potentiel paludogène, ou le potentiel d'introduire de nouveaux cas de paludisme. Cela pourrait Ăªtre utilisĂ© comme un facteur qualitatif important pour les pays en voie vers l’éradication, en dĂ©pit d'un taux de transmission faible, sont Ă  haut risque de voir une rĂ©surgence du paludisme. D’autre part, le Fonds mondial devrait utiliser ses investissements Ă  effet catalyseur supplĂ©mentaires pour soutenir deux domaines d'intervention dans la lutte contre le paludisme qui seraient sous-financĂ©s avec la mĂ©thode de rĂ©partition actuelle :

  1. Les pays ayant le potentiel d'éliminer le paludisme d'ici à 2020 ; et 2. Les zones de multi-résistance dans la région du Grand Mékong.

A quoi ces deux investissements à effet catalyseur pourraient ressembler? Investir dans les pays qui peuvent éliminer le paludisme d’ici les cinq prochaines années nécessiterait un changement de priorité de financement. Ce changement imposerait de passer d’un financement principalement de produits - comme des moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée et les médicaments anti paludisme - à un investissement dans les systèmes de surveillance qui sont la pierre angulaire d'un programme d'élimination et nécessitent souvent des ressources technologiques, humaines et en formation. Un suivi important permet d’informer les programmes des lacunes dans la lutte contre le paludisme - en particulier chez les populations à risque élevé - et fournit des données permettant de cibler intelligemment les interventions.

Les investissements du Fonds mondial dans des systèmes d'Ă©limination du paludisme sont au cÅ“ur de son nouveau cadre stratĂ©gique, notamment le deuxième objectif visant Ă  « construire des systèmes rĂ©silients et pĂ©rennes pour la santé » ainsi que l'un des piliers de la stratĂ©gie technique mondiale de l'OMS. Un tel investissement serait Ă©galement un investissement dans la sĂ©curitĂ© sanitaire. Cela est particulièrement vrai dans le bassin du MĂ©kong oĂ¹, selon l'OMS, la rĂ©sistance Ă  l'artĂ©misinine est une catastrophe de santĂ© publique et oĂ¹ « la propagation ou l'Ă©mergence indĂ©pendante de la rĂ©sistance Ă  l'artĂ©misinine dans d'autres parties du monde pourraient prĂ©senter un risque majeur pour la sĂ©curitĂ© sanitaire alors qu’aucun autre mĂ©dicament antipaludique n’est disponible » (source: ici - en anglais) . Les investissements du Fonds mondial en matière de surveillance pourraient dĂ©passer le paludisme et aider Ă  renforcer une rĂ©ponse rapide contre les autres maladies infectieuses Ă©mergentes.

Le financement supplémentaire nécessaire pour soutenir ces systèmes est relativement faible. Au Sri Lanka, la prévention du programme de réintroduction a un coût d'environ 0,50 dollars par habitant avec un retour sur ​​investissement très satisfaisant de 13 à 1. D'autre part, si un programme national contre le paludisme connait des difficultés à cause d'un déficit de financement, le pays peut perdre l’équivalent de 170 millions de dollars en perte économique sur cinq ans.

Lorsque l'on considère les objectifs et les tendances du paludisme dans le monde, il est tentant d’accorder une priorité basse aux pays à faible charge de morbidité. Ce serait une grave erreur. La réussite dans ces pays est une étape cruciale pour obtenir des succès dans les pays plus touchés, et, au final, pour éradiquer le paludisme dans le monde. Bien que la formule de répartition soit là pour rester pendant la prochaine période d'allocation, le Comité stratégique, lors de sa réunion mi-juin, doit assurer la transparence dans l'application des ajustements qualitatifs du Fonds mondial et sécuriser les investissements précédents en acceptant de mettre la priorité sur l'élimination du paludisme dans ses investissements à effets catalyseurs. Cela changerait radicalement la situation des pays qui repoussent les limites de ce que nous pensons possible.


Rima Shretta et Erika Larson travaillent au Global Health Group de l'Université de Californie, à San Francisco.

Publication Date: 2016-07-05


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