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LE SECTEUR PRIVÉ SERA-T-IL (SUFFISAMMENT) AU RENDEZ-VOUS POUR LA SIXIÈME RECONSTITUTION DES RESSOURCES DU FONDS MONDIAL?
OFM Edition 92

LE SECTEUR PRIVÉ SERA-T-IL (SUFFISAMMENT) AU RENDEZ-VOUS POUR LA SIXIÈME RECONSTITUTION DES RESSOURCES DU FONDS MONDIAL?

Author:

Adele Sulcas

Article Type:
RECONSTITUTION DES RESOURCE

Article Number: 3

Le responsable de l’équipe chargée de la mobilisation du secteur privé évoque la sixième reconstitution des ressources

RÉSUMÉ A ce jour, le secteur privé a contribué à hauteur de 2,7 milliards de dollars US au Fonds mondial, soit environ 5% du total des financements mobilisés depuis sa création. Au cours des trois derniers cycles de reconstitution, l'équipe chargée de la mobilisation du secteur privé a élargi son approche pour englober des partenariats plus stratégiques liés à l’« approvisionnement » avec des partenaires du secteur privé et non gouvernementaux. Cette année, à l’occasion de la sixième reconstitution des ressources, le Fonds mondial a lancé un appel au secteur privé pour recueillir un milliard de dollars en nouvelles promesses de dons. Des annonces de taille sont attendues à Lyon le 10 octobre prochain.

Lors de la réunion annuelle – en janvier dernier à Davos – du Forum économique mondial, la conférence internationale du secteur privé la plus exclusive et probablement la plus médiatisée au monde, le Directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, a mis le secteur privé au défi d’apporter au moins 1 milliard de dollars US à la cible minimum de 14 milliards de dollars pour le prochain cycle de financement du Fonds mondial, au titre de la sixième reconstitution des ressources.

 

Le formulation du défi est prudente ; les mots employés sur le site Internet du Fonds mondial sont les suivants: « Sur le montant minimum de 14 milliards de dollars US, le Fonds mondial lance un appel au secteur privé pour qu’il mobilise au moins un milliard de dollars afin d’accélérer le mouvement. »

 

Même si le Fonds mondial ne comptabilisera effectivement que les contributions financières pour atteindre la cible du milliard de dollars US, la différence entre « mobiliser » et « contribuer » (ou « investir » ou « faire un don » ou « payer ») est de taille – et met en évidence la distinction, exclusivement réservée au secteur privé au vu de son rôle dans le partenariat du Fonds mondial, entre contributions en espèces et celles en nature. La mobilisation des ressources issues du secteur privé par le Fonds mondial comprend le financement en espèce ainsi que «l’innovation, l’expertise et le plaidoyer».

 

John Fairhurst, responsable de l’équipe chargée de la mobilisation du secteur privé au Fonds mondial, a échangé avec l’OFM à propos des promesses de dons du secteur privé à l’occasion de la sixième reconstitution des ressources (voir le tableau 1 ci-dessous).

 

 

 

Tableau 1: Promesses de dons en espèces du secteur privé pour la sixième reconstitution des ressources du Fonds mondial

Entreprise du secteur privé
Montant (US $) pour 2020-2022
Montant sur 5 ans
Co-Impact 5 050 000 8 000 000
Cordaid 5 000 000
Au revoir paludisme 5 500 000
Croissant Humain 10 000 000
Takeda 5 400 000 9 000 000

Faisant allusion à certaines promesses de dons en nature qui ont été faites à propos de l’innovation lors de la réunion du Forum économique mondial début septembre au Cap, en Afrique du Sud, Mr Fairhurst a déclaré que le Fonds mondial reconnaissait que “la valeur de certaines innovations est potentiellement gigantesque, mais il est évidemment très difficile de chiffrer la propriété intellectuelle des compétences apportées par le secteur privé. » Pour cette raison, le Fonds mondial a eu tendance à éviter de faire cela de manière formelle, ou de le présenter de manière formelle, a t-il dit, car il existe milles et une façons de réaliser  de telles évaluations.

Promesses de don en espèces et en nature

Lors des premiers efforts du Fonds mondial pour impliquer le secteur privé dans la lutte contre les trois maladies, dès 2002, les promesses de don purement financières de la part des entreprises partenaires étaient relativement limitées (entre 2001 et 2005, le montant total versé par l’ensemble des partenaires du secteur privé et non gouvernementaux s’élevait à 155,8 millions de dollars US). Ces promesses émanaient de « certaines des grandes entreprises qui étaient manifestement très proactives et conscientes de la crise à laquelle nous faisions face, ainsi que de certaines organisations confessionnelles », a rappelé Fairhurst.

Au cours de ces dernières années, et plus particulièrement depuis le lancement de Product (RED) en 2007, les contributions financières du secteur privé ont considérablement augmenté : elles sont passées de 359 millions de dollars US entre 2011 et 2013 à 628 millions de dollars US entre 2014 et 2016, pour atteindre 850 millions de dollars US entre 2017 et 2019 (consulter le Rapport du Fonds mondial sur les promesses de don et les contributions, publié en septembre 2019, pour avoir accès à une liste détaillée).

Mais cette croissance, dit Fairhurst, cache un certain nombre de choses : entre autres, le succès de (RED), qui a déclenché l’évolution du contexte en faveur de l’engagement du secteur privé, ainsi que le soutien de longue date et en constante augmentation de la Fondation Bill & Melinda Gates. Mr Fairhurst souligne le fait que d’autres changements ont eu lieu dans l’environnement dans lequel évolue le Fonds mondial et dans le paysage financier : les entreprises ont changé leur façon d’appréhender la « responsabilité sociale des entreprises » et les façons d’agir en philanthropie se sont « considérablement sophistiquées » au cours des trois derniers cycles de reconstitution des ressources. « Nous avons donc fait en sorte que le Fonds mondial soit bien positionné dans ce contexte en pleine mutation», a-t-il déclaré.

Lumière sur les partenariats stratégiques avec le secteur privé

Dans l’ensemble, l’équipe chargée de la mobilisation du secteur privé souhaite créer « un ensemble plus abouti de partenariats stratégiques dans le domaine de la mobilisation des ressources», confie Fairhurst. Dans ce contexte, l’équipe a demandé au Conseil d’administration, au travers du Comité d’audit et des finances, d’approuver une modification de la politique du Fonds mondial relative aux contributions du secteur privé, permettant à l’équipe chargée du secteur privé de mobiliser des financements pour venir compléter l’enveloppe des financements à effet catalyseur. (Cela a été approuvé par le Conseil d’administration en mai 2019.)

« Catalyser de nouveaux financements et/ou plus d’impact, voilà une idée qui « est particulièrement intéressante pour les donateurs privés », déclare Fairhurst en décrivant le type d’impact et de croissance que le secteur privé se plaît à voir.

Optimiser les compétences du secteur privé

Bien que les promesses de don soient bien entendu d’une importance cruciale, le Fonds mondial s’emploie aussi à attirer l’expertise qui se trouve principalement dans le secteur privé. « Le secteur privé possède tout un ensemble de compétences essentielles qui peuvent nous aider à résoudre des problèmes critiques pour le Fonds mondial », déclare Mr Fairhurst, comme par exemple aider le Fonds mondial à utiliser les informations pour améliorer la capacité [des partenaires de mise en œuvre] à rechercher et à soutenir les patients ayant la tuberculose, ou bien améliorer les chaînes d’approvisionnement et être en capacité de livrer des produits plus efficacement. Un autre domaine dans lequel le secteur privé dispose de compétences et de capacités exclusives concerne celui des données, où les entreprises de technologie et de téléphonie mobile possèdent une expertise de pointe en matière de création de systèmes permettant aux données de circuler et d’être utilisées efficacement – un outil au potentiel puissant pour le Fonds mondial.

C’est pour cette raison, explique t’il, que le Fonds présente ses partenariats « pour l’innovation » en mettant en lumière le rôle important qu’ils ont à jouer en aidant le Fonds mondial à surmonter des obstacles majeurs.

Bien que le Fonds mondial soit satisfait des avancées réalisées à ce jour sur les promesses de don du secteur privé, « les deux prochaines semaines sont essentielles pour conclure certains échanges. » Fairhurst s’attend à ce qu’un grand nombre de promesses de don soit annoncé à Lyon. (Contrairement au secteur public, dont les promesses de don ont pour la plupart déjà été annoncées) « Nous savons que le jalon du milliard d’euros sera atteint là-bas », a-t-il déclaré. « J’espère que cela donnera l’occasion d’une série d’annonces passionnantes. »

Note de la rédaction: en novembre 2016, le Conseil d’administration du Fonds mondial a confirmé dans un point de décision (GF/B40/DP04) l’importance du rôle joué par le secteur privé dans la stratégie de mobilisation de ressources du Fonds mondial en apportant ressources financières et contributions en nature pour appuyer le Fonds mondial dans sa lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le cadre d’engagement du secteur privé (PSE), approuvé par le Conseil d’administration, consolide et met à jour les politiques antérieures du Fonds mondial relatives à l’engagement du secteur privé.

 

Autres ressources :

– Les promesses « d’innovation en matière d’approvisionnement » du secteur privé pour la sixième reconstitution des ressources

– Liste de partenaires du secteur privé et non gouvernementaux du Fonds mondial

–  Le dernier rapport du Fonds mondial sur les promesses de dons et les contributions (téléchargeable au format Excel ou PDF)

– Décision du Conseil d’administration du Fonds mondial concernant la mobilisation de financements du secteur privé en faveur d’investissements à effet catalyseur pour la période d’allocation 2020-2022 (en anglais)

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