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LE RACISME DANS LE SECTEUR DE L’AIDE
OFM Edition 132

LE RACISME DANS LE SECTEUR DE L’AIDE

Author:

Aidspan

Article Type:
NOUVELLES ET ANALYSE

Article Number: 6

Un ā€œdocument Ć  lire absolumentā€ pour nous tous, qui est largement passĆ© inaperƧu

RƉSUMƉ Le rapport publiĆ© rĆ©cemment sur le racisme dans le secteur humanitaire, commandĆ© par le gouvernement britannique, est un ā€œdocument Ć  lire absolumentā€ pour toute personne travaillant dans ce secteur. Certaines des questions soulevĆ©es dans ce rapport sont de maniĆØre inconfortable, proches de la faƧon dont le Fonds mondial fonctionne, et le Fonds mondial, qui a pris des engagements pour la transparence et l'amĆ©lioration continue, devrait en prendre note.

Le 14 juin 2022, un rapport a Ć©tĆ© publiĆ© au Royaume-Uni qui semble ĆŖtre passĆ© quelque peu inaperƧu, alors que le sujet qu’il traite est d’une importance majeure pour nous, acteurs du dĆ©veloppement qui cherchons constamment Ć  nous amĆ©liorer.Ā Racism in the Aid SectorĀ (Le racisme dans le secteur de lā€™aide) est le rĆ©sultat d’une enquĆŖte commandĆ©e par des parlementaires britanniques en fĆ©vrier 2021. Elle fait suite Ć  deux enquĆŖtes antĆ©rieures sur la philosophie et la culture de l’aide, et sur l’exploitation et les abus sexuels dans le secteur de l’humanitaire. La plus rĆ©cente de ces enquĆŖtes avait mis en Ć©vidence les dĆ©sĆ©quilibres de pouvoir qui existent et les vulnĆ©rabilitĆ©s qu’ils entraĆ®nent au sein des communautĆ©s oĆ¹ les programmes d’aide sont mis en œuvre.

Sur la base de cette analyse des attitudes nĆ©fastes chez ceux qui conƧoivent, gĆØrent et mettent en œuvre les programmes et projets d’aide, les parlementaires britanniques ont dĆ©cidĆ© de creuser davantage la question de savoir comment le secteur et les relations en son sein peuvent ĆŖtre amĆ©liorĆ©s. Ils ont demandĆ© si le secteur prĆ©sentait d’autres faiblesses et, dans l’affirmative, comment les surmonter. La commission du dĆ©veloppement de la Chambre des communes a lancĆ© un appel Ć  tĆ©moignages Ć©crits et a commencĆ© Ć  recueillir des tĆ©moignages verbaux, tant au Royaume-Uni que dans les pays bĆ©nĆ©ficiant de l’aide publique au dĆ©veloppement (APD) du Royaume-Uni, afin de dĆ©terminer quels Ć©taient les principaux problĆØmes. ƀ maintes reprises, il leur est revenu qu’il Ć©tait nĆ©cessaire de transfĆ©rer le pouvoir de dĆ©cision et les ressources qui sont gĆ©nĆ©ralement dĆ©volus aux bailleurs du secteur de l’aide tels que le gouvernement britannique et les grandes organisations non gouvernementales internationales (ONGI), vers les pays et les communautĆ©s oĆ¹ les programmes sont mis en oeuvre. Ils ont Ć©tĆ© informĆ©s que les institutions d’aide devaient faire face Ć  des attitudes racistes et paternalistes, et relever les dĆ©fis de la diversitĆ©, de l’Ć©quitĆ© et de l’inclusion dans la dotation en personnel. Ils ont donc dĆ©cidĆ© de lancer une premiĆØre sous-enquĆŖte qui permettrait dā€™examiner le racisme structurel et institutionnel dans le secteur humanitaire.

Cet article prĆ©sente les principaux rĆ©sultats de cette enquĆŖte, et donne quelques suggestions sur la maniĆØre dont le Fonds mondial, en tant qu’institution d’aide internationale, pourrait se pencher sur ce sujet et analyser sa culture de maniĆØre transparente.

Des relations de pouvoir dƩsƩquilibrƩes ont des consƩquences importantes sur les dƩcisions de financement

L’enquĆŖte a commencĆ© en analysant la structure du secteur humanitaire qui, selon elle, repose sur une concentration des ressources et de l’autoritĆ© dans les pays Ć  revenu Ć©levĆ© et Ć  majoritĆ© “blanche”, principalement en Europe et en AmĆ©rique du Nord. Les programmes sont principalement mis en œuvre dans des pays Ć  revenu faible ou intermĆ©diaire en Afrique, en Asie et en AmĆ©rique latine. Cela signifie que la dynamique du pouvoir est importante pour examiner qui prend les dĆ©cisions clĆ©s et comment les prĆ©jugĆ©s et les hypothĆØses fondĆ©es sur la race ont influencĆ© les pratiques de travail. Ces dĆ©cisions clĆ©s concernent les dĆ©cisions de financement (ce qui est financĆ©, qui a identifiĆ© les besoins et qui a pris la dĆ©cision finale), mais aussi la rĆ©partition de certaines dĆ©penses (comment l’argent est-il distribuĆ©, qui dĆ©cide de rĆ©duire le financement? Comment cette dĆ©cision est-elle prise et annoncĆ©e?).

Bien que les termes de rĆ©fĆ©rence de cette sous-enquĆŖte ne mentionnent pas la dĆ©cision du gouvernement britannique de rĆ©duire le budget de l’APD du Royaume-Uni, l’enquĆŖte s’est dĆ©roulĆ©e dans ce contexte. Plusieurs tĆ©moignages et documents soumis par Ć©crit ont soulevĆ© des inquiĆ©tudes quant Ć  la maniĆØre dont les rĆ©ductions de financement se sont dĆ©roulĆ©es. Dans de nombreux cas, elles ont Ć©tĆ© dĆ©cidĆ©es et exĆ©cutĆ©es selon une approche descendante, avec trĆØs peu de consultation. Cela a eu un impact nĆ©gatif sur les partenariats entre le gouvernement britannique, les partenaires de mise en œuvre et les communautĆ©s oĆ¹ ces derniers travaillent. CelaĀ  dĆ©montre le manque de contrĆ“le des pays dans lesquels les programmes sont mis en œuvre et l’absence de redevabilitĆ© des bailleurs vis-Ć -vis de la communautĆ© locale. Plusieurs organisations ont Ć©tĆ© clairement frustrĆ©es par leurs expĆ©riences.

Cet exemple montre que le pouvoir est dĆ©sĆ©quilibrĆ©, dans la mesure oĆ¹ les coupes budgĆ©taires sont plus susceptibles d’avoir un impact sur le personnel des programmes nationaux, y compris les petites organisations nationales. Le risque est transfĆ©rĆ© aux partenaires nationaux en raison des contrats Ć  court terme qui ne garantissent pas la sĆ©curitĆ© de l’emploi pour la plupart des personnes travaillant sur les projets. “Les rĆ©ductions soudaines du financement de l’APD britannique montrent Ć  quel point cette relation peut ĆŖtre prĆ©caire pour ceux qui sont en premiĆØre ligne”, ont conclu les chercheurs.

Les stratƩgies de collecte de fonds dƩpeignent les communautƩs comme pauvres et impuissantes

Les appels de fonds des organisations caritatives dĆ©crivant les communautĆ©s qu’elles servent comme pauvres et impuissantes sont devenus un clichĆ©. Bien que de nombreuses organisations aient renoncĆ© Ć  montrer des travailleurs humanitaires blancs – au profit d’images de travailleurs de premiĆØre ligne issus de la communautĆ© locale – l’enquĆŖte rapporte que ces films continuent de donner le sentiment que “les personnes qu’ils servent sont des nĆ©cessiteux et ont besoin d’ĆŖtre sauvĆ©es, reproduisant ainsi des stĆ©rĆ©otypes dĆ©passĆ©s”. Ces rĆ©cits peuvent Ć©galement simplifier Ć  l’extrĆŖme la situation et ne pas explorer les raisons pour lesquelles ces communautĆ©s vivent dans la pauvretĆ©. Les slogans suivent souvent le modĆØle suivant : “donnez X Ā£ par mois et vous pourrez atteindre Y”. Cela sous-estime les autres facteurs qui ont contribuĆ© Ć  ce que cette personne se retrouve dans cette situation, comme des relations commerciales inĆ©gales, le changement climatique et/ou les conflits.

Une autre prĆ©occupation concerne les images utilisĆ©es par les organisations d’aide aux communautĆ©s pour obtenir du soutien et promouvoir leur travail. Par exemple, la pratique consistant Ć  obtenir le consentement pour l’utilisation de ces images n’est pas souvent aussi systĆ©matiquement respectĆ©e que dans les pays occidentaux. Les personnes interrogĆ©es se sont inquiĆ©tĆ©es du fait que, mĆŖme lorsque des formulaires de consentement ont Ć©tĆ© signĆ©s, les personnes reprĆ©sentĆ©es peuvent ne pas avoir Ć©tĆ© pleinement informĆ©es de la maniĆØre dont les images seraient utilisĆ©es. Souvent, les images sont recyclĆ©es et utilisĆ©es dans des histoires qui n’ont aucun rapport avec l’objectif ou le lieu d’origine. Les directives relatives au consentement Ć©clairĆ© pour obtenir et utiliser des images ne sont pas respectĆ©es de maniĆØre aussi correcte pour les personnes issues des communautĆ©s avec lesquelles les organisations d’aide travaillent que dans les pays occidentaux.

“Le dictionnaire du racisme dans le secteur de lā€™humanitaire “.

Un chapitre fascinant de cette enquĆŖte porte sur les normes utilisĆ©es pour juger tous les facteurs. Selon le rapport, “le racisme se manifeste [dans le secteur de l’aide mondiale] dans les dĆ©cisions concernant l’expertise que nous valorisons. Les tĆ©moignages recueillis dans le cadre de notre enquĆŖte suggĆØrent que les institutions des pays Ć  revenu Ć©levĆ©, comme le Royaume-Uni, supposent qu’elles possĆØdent les connaissances et les meilleures pratiques pour aider les populations des pays Ć  revenu faible ou intermĆ©diaire”. En raison de la croyance que ces institutions reprĆ©sentent la “rĆ©fĆ©rence”, les partenaires locaux sont souvent tenus de s’adapter Ć  la faƧon dont travaillent les Ć©trangers.

ā€œLes attitudes racistes se manifestent Ć©galement dans le discours selon lequel les organisations locales sont “Ć  haut risque” et ont besoin de “renforcer leurs capacitĆ©s”. L’utilisation des langues europĆ©ennes, en particulier l’anglais, dans le secteur du dĆ©veloppement peut exclure les acteurs nationaux qui opĆØrent en langues locales”. Les parlementaires demandent aux bailleurs (en particulier au Foreign and Commonwealth Development Office/FCDO qui est le MinistĆØre des Affaires Ć©trangĆØres du Royaume-Uni) d’examiner si les demandes de financement doivent toujours ĆŖtre soumises en anglais – en particulier pour les petits projets entrepris par des organisations locales de la sociĆ©tĆ© civile et administrĆ©s par les ambassades.

Certains rĆ©pondants ont dĆ©clarĆ© qu’une grande partie de la terminologie couramment utilisĆ©e dans le secteur humanitaire dĆ©responsabilise les communautĆ©s avec lesquelles les organisations d’aide travaillent. Selon eux, “elle est la manifestation d’attitudes coloniales dans le langage d’aujourd’hui et peut renforcer des stĆ©rĆ©otypes nuisibles et dĆ©gradants. Elle a donnĆ© lieu Ć  un rĆ©cit de “sauveur blanc”, dans lequel les connaissances et les ressources sont considĆ©rĆ©es comme Ć©tant transfĆ©rĆ©es Ć  des “destinataires” ou “bĆ©nĆ©ficiaires” passifs. Cela compromet la possibilitĆ© de partenariats Ć©quitables et prive les individus de leur identitĆ© et de leur autonomie. Themrise Khan, un professionnel en dĆ©veloppement pakistanais indĆ©pendant a fermement rejetĆ© le discours selon lequel les communautĆ©s des pays Ć  revenu faible ou intermĆ©diaire sont pauvres et doivent ĆŖtre sauvĆ©es. Les informateurs ont Ć©galement explorĆ© l’idĆ©e selon laquelle dans des pays comme le Royaume-Uni, il existe un idĆ©al de civilisation occidentale auquel les autres doivent aspirer.

Natalie Lartey, de l’Institut international pour l’environnement et le dĆ©veloppement, a fait valoir que les rĆ©cits sur la nĆ©cessitĆ© de moderniser et de “sauver” les gens ne peuvent exister que si nous passons sous silence les causes profondes de l’extrĆŖme pauvretĆ©, qui ont leurs racines dans le racisme, le colonialisme, les mauvais termes de l’Ć©change et les conflits. Les parlementaires condamnent fermement la terminologie utilisĆ©e dans le secteur humanitaire qui, selon eux, trouve ses racines dans le colonialisme; elle fait des communautĆ©s des “autres” oĆ¹ les programmes sont mis en œuvre et renforce l’idĆ©e selon laquelle “l’Occident” est l’idĆ©al auquel les autres doivent aspirer. Il n’est pas facile de dĆ©barrasser le secteur de termes tels que “rĆ©cipiendaire” ou “bĆ©nĆ©ficiaire”: mĆŖme le terme “aide” sā€™ajoute Ć  ce rĆ©cit.

Pouvons-nous ouvrir la boƮte de Pandore du racisme avec les bailleurs internationaux?

Les discussions visant Ć  rendre le secteur plus Ć©quitable et plus respectueux de ceux qu’il est censĆ© servir ne sont en aucun cas nouvelles. Le rapport raconte l’histoire de Degan Ali, directrice exĆ©cutive d’Adeso, une ONG basĆ©e Ć  Nairobi, qui a dĆ©clarĆ© que le fait qu’elle ait parlĆ© dans le passĆ© de ses expĆ©riences de racisme dans le secteur humanitaire n’avait pas Ć©tĆ© bien accueilli. En raison de son honnĆŖtetĆ©, son organisation a Ć©tĆ© mise sur la liste noire de nombreux bailleurs de fonds dans son pays d’origine, la Somalie. Au cours de l’entretien, elle a expliquĆ© que “les gens veulent croire que les travailleurs humanitaires sont des gens bien, qui ont sacrifiĆ© une vie agrĆ©able dans leur pays d’origine, alors comment peuvent-ils participer Ć  un systĆØme qui est raciste?”.

Depuis que l’assassinat de George Floyd a mis en lumiĆØre les questions d’injustice raciale et que la pandĆ©mie de COVID-19 a obligĆ© les ONGI Ć  retirer leur personnel des lignes de front de l’exĆ©cution des programmes, plusieurs organisations ont crĆ©Ć© davantage d’espace pour des conversations difficiles sur leur position dans le systĆØme mondial et l’impact de leurs pratiques de travail internes, mais nous attendons encore de voir quel sera l’impact Ć  long terme.

Pouvons-nous transfƩrer le pouvoir?

Le rapport met en lumiĆØre des affirmations puissantes selon lesquelles les acteurs de l’aide au Royaume-Uni doivent travailler de maniĆØre plus Ć©quitable avec les partenaires dans les pays oĆ¹ ils opĆØrent. Pour plaider en faveur de ce changement de pouvoir, les parlementaires ont Ć©crit au Ministre des affaires Ć©trangĆØres en janvier 2022, avant la nouvelle stratĆ©gie de dĆ©veloppement international du Royaume-Uni. Ils ont vivement critiquĆ© la maniĆØre dont les dĆ©cisions relatives aux dĆ©penses d’aide sont encore souvent prises dans les siĆØges des bailleurs europĆ©ens et nord-amĆ©ricains et des ONGI. Ils sont dĆ©tachĆ©s des communautĆ©s que les organisations servent sur les plans gĆ©ographique, politique et culturel, ce qui peut entraĆ®ner une rĆ©duction de lā€™efficacitĆ©Ā  des programmes. Cette situation est souvent justifiĆ©e par la conviction selon laquelle les ONG de ces pays Ć  revenu Ć©levĆ© sont moins susceptibles de mal gĆ©rer les ressources financiĆØres.

Toutefois, le rapport souligne le fait que “si les fonds sont transfĆ©rĆ©s directement du bailleur Ć  l’organisation de la sociĆ©tĆ© civile locale, puis au bĆ©nĆ©ficiaire, cela rend le parcours bien plus court et vĆ©rifiable. Plus il y a de transferts dans un flux de ressources, plus il y a de possibilitĆ©s que l’argent soit dĆ©tournĆ© et perdu dans les frais gĆ©nĆ©raux et les coĆ»ts de transaction”.Ā  Et ils concluent “par consĆ©quent, il n’est pas avantageux que les ONG internationales servent d’intermĆ©diaires entre les bailleurs et les organisations locales. Les bailleurs tels que FCDO doivent ĆŖtre Ć  l’avant-garde des efforts visant Ć  transfĆ©rer le pouvoir et Ć  fournir des fonds directement aux organisations locales. Les exigences de conformitĆ© des bailleurs et la complexitĆ© des demandes de financement peuvent ĆŖtre les principaux obstacles au dĆ©veloppement localā€.

Conclusion

Les rapports concluent que depuis que la pandĆ©mie de COVID-19 s’est installĆ©e en 2020, de nombreuses organisations d’aide ont dĆ» rapidement modifier leurs modĆØles opĆ©rationnels, en s’appuyant davantage sur les acteurs locaux qui pouvaient maintenir l’accĆØs aux populations locales. “Cela a donnĆ© un Ć©lan aux conversations sur le dĆ©veloppement dirigĆ© localement, mais il est trop tĆ“t pour voir si cela a conduit Ć  un changement Ć  long terme du pouvoir de dĆ©cision ou Ć  une augmentation du financement direct des acteurs locaux. L’un des principes du dĆ©veloppement gĆ©rĆ© Ć  lā€™Ć©chelle locale est qu’il doit tendre vers un scĆ©nario oĆ¹ le pays ne dĆ©pend plus de l’aide extĆ©rieure. La communautĆ© d’aide doit veiller Ć  ce que les programmes nationaux dĆ©finissent clairement une stratĆ©gie de sortie responsable et menĆ©e localement.

En cette annĆ©e de reconstitution des ressources du Fonds mondial, au cours de laquelle le Fonds doit mobiliser les bailleurs mais Ć©galement calculer les allocations et dĆ©finir les outils pour prĆ©parer les futures demandes de financement, ce rapport ne peut que rĆ©sonner Ć  nos oreilles. Le Fonds Mondial est l’un des rares bailleurs Ć  avoir choisi dĆØs le dĆ©part de s’appuyer sur les acteurs nationaux par le biais des Instances de CoordinationĀ  Nationale (ICN) et ce dans une optique de complĆ©mentaritĆ© (le Fonds Mondial couvre les lacunes liĆ©es aux stratĆ©gies nationales). L’accent mis sur le partenariat, fondement de son action, permet aux communautĆ©s de faire partie de toutes les instances de dĆ©cision non seulement Ć  GenĆØve mais aussi dans les pays.

Toutefois, nous devons admettre que certaines des questions soulevĆ©es dans ce rapport sont, de maniĆØre inconfortable proches de la faƧon dont le Fonds mondial fonctionne, et que le Fonds mondial, qui a pris des engagements pour la transparence et l’amĆ©lioration continue, devrait en prendre note.

Tout d’abord, il y a la question de l’appropriation par les pays et de la “reprise en main”. MalgrĆ© le “dialogue pays”, les intĆ©rĆŖts de nombreux pays ne sont pas toujours alignĆ©s sur ceux du Fonds mondial et ils aimeraient avoir davantage leur mot Ć  dire sur l’utilisation des subventions. Cependant, Aidspan a appris que les pays craignent des reprĆ©sailles s’ils remettent en cause certaines questions. Les Ć©quipes pays du Fonds mondial sont devenues encore plus puissantes avec le nouveau modĆØle de financement et les procĆ©dures de gestion des risques de plus en plus strictes, et elles jouent un rĆ“le beaucoup plus direct dans l’Ć©laboration des demandes de financement Ā et la mise en œuvre qu’il y a cinq ans.

Enfin, des voix s’Ć©lĆØvent contre les procĆ©dures de plus en plus lourdes et incomprĆ©hensibles pour les acteurs des pays; les coupes opĆ©rĆ©es Ć  GenĆØve au moment de l’octroi des subventions ont fait dire Ć  certains que personne ne reconnaĆ®t le produit final. Les communautĆ©s sont certes reprĆ©sentĆ©es au sein de lā€™ICN et Ć  GenĆØve, mais des questions de lĆ©gitimitĆ© et de reprĆ©sentativitĆ© sont rĆ©guliĆØrement soulevĆ©es. Et plus gĆ©nĆ©ralement, l’attitude selon laquelle les dĆ©cisions relatives aux modalitĆ©s de mise en œuvre dans les pays fragiles sont prises Ć  GenĆØve, ainsi que toute la gestion des risques, les mesures punitives et la mĆ©fiance Ć  l’Ć©gard des acteurs nationaux, sont des questions qui ne peuvent plus ĆŖtre ignorĆ©es.

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