LE FONDS MONDIAL EST EN BONNE VOIE POUR MAXIMISER L’IMPACT DES MALADIES PENDANT CETTE PÉRIODE STRATÉGIQUE, SELON SA REVUE STRATÉGIQUE À MI-PARCOURS

Author:

Djesika Amendah

Article Type:

Article Number: 5

Toutefois, les progrès réalisés dans la mise en place de systèmes de santé et la promotion des droits de l'homme sont plus modestes

RÉSUMÉ La revue à mi-parcours du Fonds mondial indique que l'organisation est en bonne voie pour maximiser l'impact sur les maladies, mais pas pour renforcer les systèmes de santé ou promouvoir les droits humains et l'égalité femmes-hommes. Le rapport formule des recommandations pour la seconde moitié de cette stratégie ainsi que pour la suivante.

Le Groupe technique de référence en évaluation (TERG) du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose (TB) et le paludisme a commandé une revue à mi-parcours de sa stratégie couvrant la période 2017-2022. Cette revue a révélé des progrès mitigés dans la réalisation des objectifs stratégiques (OS).

Le Fonds mondial a bien progressé dans son premier objectif spécifique visant à “maximiser l’impact sur les maladie”. Toutefois, les progrès réalisés en matière de renforcement des systèmes de santé et de promotion des droits humains et de l’égalité femmes-hommes, les objectifs 2 et 3, ont été limités. La revue a permis de constater que le modèle d’entreprise est solide et pertinent, mais qu’il ne parvient pas à poursuivre simultanément tous les objectifs et à coordonner les actions avec les partenaires. En outre, le modèle d’entreprise ne crée pas d’incitations fortes et claires pour les partenaires et les autres parties prenantes afin d’améliorer les résultats du programme.

La revue a été menée entre décembre 2019 et août 2020. Elle visait à évaluer les résultats et l’impact du Fonds mondial par rapport à ses objectifs et à la mise en œuvre de la stratégie actuelle. Sur la base des enseignements tirés de la première moitié de cette stratégie, la revue formule des recommandations visant à mieux positionner le Fonds mondial parmi les autres organisations de développement en santé pour le prochain cycle stratégique. Les informations de cet article proviennent du rapport et de ses annexes.

Methodes

La revue a été menée par Euro Health Group (EHG), Itad, et l’Université de Californie, San Francisco (UCSF). Les examinateurs ont utilisé une méthodologie d’analyse mixte. Ils ont analysé les données secondaires existantes, mené des entretiens et des groups focaux avec le Secrétariat, les partenaires et les dirigeants de la santé mondiale, y compris les membres du Conseil d’administration du Fonds mondial. Ils ont également mené des études de cas structurées dans 11 pays.

Les auteurs reconnaissent certaines limites dues à la pandémie COVID-19, qui a restreint les déplacements et l’accès aux personnes susceptibles de fournir l’information. Une autre limitation est la rareté des données sur la première moitié de la stratégie, car les résultats de certains investissements prennent du temps à se concrétiser en raison des décalages dans le temps.

Évaluation des résultats et de l’impact des objectifs

Des progrès importants vers la maximisation de l’impact sur les maladies mais des progrès limités pour les systèmes de santé, les droits humains et l’égalité femmes-hommes

Le Fonds mondial a progressé beaucoup plus rapidement dans la lutte contre le VIH que contre le paludisme et la tuberculose. Les décès liés au VIH ont diminué de 17 % entre 2015 et 2019, tandis que les décès liés au paludisme ont diminué de 9,2 % entre 2015 et 2018, et les décès liés à la tuberculose de seulement 2,9 % entre 2015 et 2018. Le Fonds mondial manquera probablement l’objectif de réduire les nouvelles infections de 38 % pour chacune des trois maladies. La poursuite des progrès dépendra de l’amélioration de la qualité des soins. Les indicateurs de rétention des traitements pour le VIH ou la tuberculose (la proportion de patients qui terminent leur traitement) sont faibles.

Concernant le renforcement des systèmes de santé, le Fonds mondial a investi principalement dans deux domaines avec un certain succès : les systèmes d’informations sanitaires ainsi que les systèmes de gestion des achats et des stocks (GAS) et de la chaîne d’approvisionnement au niveau mondial et national. Mais même dans ces domaines, il reste des défis importants à relever qui limitent l’impact des investissements du Fonds mondial dans le domaine de la santé.

En ce qui concerne l’objectif des droits humains et de l’égalité femmes-hommes, la revue indique que les questions à l’origine des inégalités “ne sont pas suffisamment traitées” dans les demandes de financement et les subventions. La réalisation de cet objectif est souvent limitée par l’absence de mesures politiques visant à lever les obstacles structurels qui entravent l’accès aux soins des populations clés et vulnérables.

La revue cite plusieurs obstacles structurels et problèmes qui entravent la mise en œuvre des subventions. Il s’agit notamment :

• Des normes culturelles existantes, y compris la stigmatisation et la discrimination
• D’un manque d’interaction suffisante entre le gouvernement et les organisations de la société civile (OSC)
• D’un conflit d’intérêts lorsque les OSC agissent en tant que défenseur des populations clés et défenseurs de ces groupes ainsi qu’en tant que fournisseurs de services
• Des cadres juridiques
• De l’absence d’une preuve de la valeur ajoutée des OSC par leurs gouvernements correspondants
• D’un “amalgame d’organisations non gouvernementales internationales (perçues comme coûteuses) et d’ONG locales”.

Le modèle de financement

La revue a révélé que le modèle de financement fonctionne bien, mais que les demandes de financement n’intègrent pas tous les objectifs spécifiques. L’évaluation a fait état d’un manque de cadres ou de stratégies globales de suivi, d’évaluation et d’apprentissage (MEL). Cela a conduit à un “manque de procédures pour promouvoir une culture de l’apprentissage qui s’appuie sur des données de suivi et des preuves plus exhaustives de ce qui fonctionne et pourquoi”. L’ancien Inspecteur Général avait tiré une conclusion similaire lors d’un entretien avec Aidspan. L’examen a mis en évidence des lacunes dans la couverture du système MEL : utilisation de la technologie, systèmes de santé, droits humains et égalité femmes-hommes, partenariat et assistance technique. La revue a mentionné que les indicateurs inclus dans les subventions mesurent les objectifs des plans stratégiques nationaux. L’atteinte de certains de ces indicateurs dépasse le cadre des subventions, privant les acteurs de mise en œuvre et les partenaires d’une incitation à améliorer la performance des subventions. Selon le rapport, il est nécessaire de choisir des indicateurs de performance clés qui peuvent effectivement être atteints par les subventions.

Selon l’étude, le Secrétariat a évolué vers un meilleur équilibre entre la gestion des risques fiduciaires et les risques programmatiques (le Fonds mondial mettait plutôt l’accent sur la performance fiduciaire, qui se faisait souvent au détriment de la performance programmatique, en particulier dans les contextes d’intervention difficiles, selon l’OIG). À l’avenir, le Secrétariat devrait également s’attacher à changer la culture organisationnelle et la perception qu’ont les parties prenantes externes de cette culture.

Façonnage du marché et efficacité de la mise en œuvre

En termes de passation et de façonnage de marché, le Fonds mondial a apporté une valeur significative dans le segment directement sous son contrôle. Le Fonds mondial a considérablement amélioré la disponibilité et l’accessibilité financière aux technologies de la santé, avec des succès en matière de façonnage du marché dans toutes les catégories de produits et des contributions à une gestion plus large des produits de santé. Cette amélioration est liée à l’augmentation des services biomédicaux et de l’offre dans les formations sanitaires, y compris le dépistage et les traitements.

La revue a noté que l’efficacité des subventions a augmenté avec le temps. Toutefois, les efforts visant à améliorer l’efficacité ont le plus souvent accompagné l’augmentation des services biomédicaux financés par les subventions, prévue dans le premier objectif spécifique, tandis que les interventions liées aux systèmes de santé et aux objectifs en matière de droits de l’homme et de genre (O2 et OS3) n’absorbent pas les fonds qui leur sont initialement alloués. L’examen a salué les efforts du Fonds mondial en faveur d’une plus grande pérennité par l’application de la politique de pérennité, transition et de cofinancement, mais a noté que la pandémie de COVID-19 menace ces gains à l’avenir.

Recommandations stratégiques

Le rapport se termine par cinq recommandations stratégiques.

La première consiste à renforcer les processus de hiérarchisation des priorités des plans stratégiques nationaux, sur lesquels se fondent les demandes de financement. Cela permettra un équilibre adéquat entre la réalisation des objectifs stratégiques et l’optimisation des ressources.

La deuxième consiste à donner la priorité à l’obtention de résultats pendant le reste de cette période stratégique.

La revue a également recommandé que la prochaine stratégie comprenne le renforcement de la capacité du Fonds mondial à s’adapter à la diversité de contextes dans lesquels il pourrait opérer après la COVID-19. Elle a également recommandé que les OS 1, 2 et 3 actuels soient conservés dans la prochaine stratégie, elle souligne que ces OS sont interdépendants, et que la poursuite de l’un ne devrait donc pas se faire au détriment des autres.

La dernière recommandation est de faire de la pérennité programmatique et financière de la réponse aux trois maladies une priorité stratégique de haut niveau et de veiller à ce que des mécanismes soient mis en place pour opérationnaliser cette priorité.