TROIS GRANDES PRIORITÉS DES CIRCONSCRIPTIONS AFRICAINES REPRISES DANS LA NOUVELLE MOUTURE DE LA STRATÉGIE DU FONDS MONDIAL
Author:
Danielle Doughman
Article Type:Article Number: 4
RÉSUMÉ Certains des axes clés de la nouvelle stratégie adoptée par le Conseil d’administration du Fonds mondial répondent directement aux priorités identifiées par les circonscriptions Afrique du Fonds, dit Danielle Doughman. « La stratégie permet au Fonds mondial de maintenir son rôle en tant que force de transformation et agent global du changement », dit-elle.
Le Conseil d’administration du Fonds mondial a adopté – à l’unanimité et sous les applaudissements – sa nouvelle stratégie pour la période 2017-2022 lors de sa 35e réunion du Conseil d’administration, qui a eu lieu à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Les circonscriptions d’Afrique occidentale et centrale d’une part et de l’Afrique orientale et australe d’autre part, se sont réjouies de voir le long processus d’élaboration de la nouvelle stratégie du Fonds mondial parvenir à une conclusion positive. Il ressortait du vaste processus de consultation que le Fonds mondial devait « maintenir le cap » et affiner les priorités plutôt que de faire des changements stratégiques majeurs. Le processus d’élaboration de la stratégie a été mené par David Stevenson, Président du Comité de la stratégie, des investissements et de l’impact, et par Anita Asiimwe, Vice-Présidente et membre du Conseil d’administration sortant, représentant la circonscription Afrique orientale et australe.
Il est encourageant de noter que trois des priorités de la stratégie correspondent de très près à ce qui avait été identifié comme les problématiques les plus importantes pour l’Afrique, lors la réunion des circonscriptions africaines qui avait eu lieu en mai 2015 à Addis-Abeba, en Ethiopie, à savoir:
- Des systèmes résilients et pérennes pour la santé
- L’épidémie chez les femmes et les filles
- Des environnements d’exploitation difficiles
Systèmes résilients et pérennes pour la santé
Construire des systèmes résilients et pérennes pour la santé est la priorité absolue pour les circonscriptions africaines. Les circonscriptions africaines sont persuadées que ces investissements donneront non seulement l’impact maximal pour la programmation visant une maladie en particulier, mais permettront également aux pays de mieux répondre aux problèmes de santé publique – prévisibles et d’urgence – dans leur ensemble. Les circonscriptions espèrent que cela aidera non seulement à la réalisation des objectifs du Fonds mondial, mais aussi à améliorer l’état de santé général des africains à travers le continent par le biais des systèmes nationaux améliorés.
En particulier, il est positif qu’une attention particulière soit portée aux ressources humaines pour la santé, y compris dans la formation préalable à l’emploi pour les travailleurs de santé communautaire. C’est une grande victoire car c’est un domaine que la plupart des bailleurs de fonds ne souhaitaient pas soutenir. Les circonscriptions se félicitent également de constater l’aide aux pays dans l’élaboration des plans et des investissements dans les systèmes de données de S & E pour améliorer la qualité des données destinées à ces plans – un autre grand pas dans la bonne direction. Les circonscriptions espèrent voir l’alignement entre les objectifs et cibles du Fonds mondial et d’autres programmes mondiaux pour maximiser l’impact des investissements dans les données.
L’épidémie chez les femmes et les filles
Comme Mark Dybul, Directeur général du Fonds mondial, l’a déclaré lors de la réunion du Conseil d’administration, la bataille sera gagnée ou perdue selon la façon dont nous aborderons l’épidémie chez les femmes et les filles en Afrique sub-saharienne. Dans certains endroits en Afrique, le taux d’infection au VIH est de deux filles pour un garçon ; dans d’autres, les taux d’infection peuvent s’élever à 10 filles pour un garçon.
Les obstacles structurels et sociétaux aggravent la disparité et empêchent l’accès aux interventions qui sauvent des vies. La focalisation du Fonds mondial sur les femmes et les filles dans sa stratégie 2017-2022 est donc essentielle pour atteindre ses objectifs globaux. Cela inclut, par exemple, les interventions qui prennent en charge les filles à améliorer la santé ainsi que l’éducation, un mouvement sans précédent pour le Fonds mondial.
Comme la stratégie l’explique :
« … Il est de plus en plus évident que le maintien des adolescentes et des jeunes femmes à l’école réduit leur vulnérabilité à l’infection par le VIH et d’autres risques pour la santé, et, au final, permet aux filles de devenir des femmes en bonne santé, instruites et financièrement indépendantes qui font des choix informés sur leur vie. En travaillant de concert avec des organisations telles que le Partenariat mondial pour l’éducation, la Banque mondiale et des partenaires bi-latéraux, les investissements effectués par le Fonds mondial peuvent être exploités pour permettre aux adolescentes et aux jeunes femmes d’avoir accès à la fois une meilleure santé et une meilleure éducation ».
Les circonscriptions africaines espèrent que l’accent important sur les femmes et les filles conduira à rapidement améliorer la capture, au niveau national, des données ventilées par âge et par sexe.
Environnements d’exploitation difficiles (EED)
Les environnements difficiles peuvent résulter de problèmes politiques, sociaux et / ou environnementaux durables ou de situations d’urgence. L’Afrique abrite un certain nombre de pays classés comme EED. De tels environnements compromettent la capacité d’un pays à obtenir l’impact voulu ou, pire, anhile les progrès des investissements du Fonds mondial. Des réponses efficaces, efficientes et adaptées aux EED, qu’ils soient chroniques ou aiguës, permettront de ne pas perdre de terrain face aux maladies.
Conclusion
Les circonscriptions africaines félicitent le Conseil d’administration du Fonds mondial d’avoir fourni une stratégie ambitieuse qui répond aux réalités actuelles en matière de santé mondiale. La Stratégie démontre des efforts délibérés de s’aligner sur d’autres initiatives mondiales pour lutter contre les trois maladies (en particulier avec la stratégie de mettre fin à la TB, le Fast track de l’ONUSIDA, et la Stratégie technique mondiale pour le paludisme), ainsi que les Objectifs de développement durable.
La Stratégie permet au Fonds mondial de maintenir son rôle en tant que force de transformation et agent global du changement, qui conduit à repenser les investissements dans les systèmes de santé. Il existe une réelle possibilité de démontrer que les investissements peuvent être effectués dans les fondations des systèmes de santé solides et résilients sur lesquels des interventions réussies visant une maladie spécifique peuvent être construites, tout en restant fidèle à son mandat de base que constitue la lutte contre les trois maladies.
Les choses difficiles commencent maintenant: mettre en oeuvre la Stratégie. Mais avec un fort soutien des bailleurs et des maitres d’oeuvre du monde entier, il y a peu de doute que la prochaine phase des activités du Fonds va nous emmener plus loin dans la santé mondiale que nous aurions pu l’imaginer lors de l’inauguration du Fonds mondial en 2002. L’Afrique supporte le plus lourd fardeau de la maladie et apprécie vivement le soutien du Fonds mondial et de ses donateurs. En collaboration avec ses partenaires nationaux, le Fonds mondial a déjà sauvé quelque 22 millions de vies. Les circonscriptions africaines sont persuadées que nous – nous tous impliqués dans le travail du Fonds mondial à tous les niveaux à travers le monde – sommes à un moment critique, alors que nous entrons dans le cycle de refonte afin de veiller à ce que le Fonds mondial soit en mesure d’investir de manière stratégique et d’aider de manière ambitieuse les pays à atteindre leurs objectifs d’éradication des épidémies grâce à des systèmes de santé solides et résilients.
L’auteure est Responsable des politiques et communication au Centre de recherche sur la population africaine et la santé (APHRC) basé à Nairobi, qui fournit un soutien technique aux circonscriptions africaines du Conseil d’administration du Fonds mondial. Les commentaires et les opinions contenues dans ce document sont les siennes et n’engagent pas les membres des circonscriptions africaines. Ce point de vue est basé sur un blog que l’auteur a publié le 27 avril sur le site de l’APHRC.