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Le rapport du GFAN décrit « le coût de l’inaction »
OFM Edition 30

Le rapport du GFAN décrit « le coût de l’inaction »

Author:

David Garmaise

Article Type:
NOUVELLES

Article Number: 3

Ce sont les populations clés qui seront les plus affectées si l’objectif de reconstitution du Fonds mondial n’est pas atteint

RÉSUMÉ Ne pas répondre à l'objectif de reconstitution du Fonds mondial de 13 milliards $ se traduira par plus d'infections et plus de vies perdues inutilement, selon un rapport publié par le Global Fund Advocates Network (GFAN). Les populations clés seront les plus sévèrement touchées.

Si l’objectif de reconstitution des ressources du Fonds mondial n’est pas atteint, on assistera à un regain d’infections, plus de vies perdues inutilement, plus de difficultés à fournir un traitement en cas de regain de résistance aux médicaments, et une escalade rapide des coûts financiers. Ceux qui souffriront le plus de l’insuffisance des investissements seront ceux qui sont les plus à risque, à savoir, les populations clés et vulnérables.

Tel est le message contenu dans un rapport publié par le Global Fund Advocates Network (GFAN), intitulé « Investing in the Global Fund: The Cost of Inaction » (en anglais)*.

Le Fonds mondial s’est fixé comme objectif de lever au moins 13 milliards $ lors de la cinquième campagne de reconstitution, en tant que contribution aux 97,5 milliards $ en financements national et externe combinés nécessaires pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme pour la période 2017-2019. Cette somme de 97,5 milliards $ a été calculée sur la base des plans globaux des partenaires techniques du Fonds, à savoir l’ONUSIDA, le partenariat Halte à la tuberculose et Roll Back Malaria.

Dans son argumentaire plaidant en faveur de l’investissement dans le Fonds, le Fonds mondial estime que 13 milliards $ permettrait de :

  • sauver jusqu’à huit millions de vies grâce à des programmes soutenus par le Fonds ;
  • éviter jusqu’à 300 millions nouvelles infections à travers les trois maladies ; et
  • conduire à de larges gains économiques allant jusqu’à 290 milliards $ au cours des années et décennies à venir, selon les estimations de partenaires.

En ce qui concerne le VIH, les estimations de l’ONUSIDA sont basées sur leur stratégie ‘Accélérer la riposte’ qui vise à mettre fin à l’épidémie d’ici 2030 (définie comme la réalisation d’une réduction de 90% des nouvelles infections et de décès par rapport à 2010). Cet objectif ne sera rempli que si les cibles clés sont atteintes d’ici à 2020; à savoir 90% des personnes vivant avec le VIH connaîtront leur statut; 90% des personnes testées seront traitées; et 90% des personnes traitées atteindront la suppression virale.

Selon le rapport du GFAN, l’ONUSIDA estime que pour atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, en particulier dans les pays les plus touchés, le rythme de réalisation des objectifs fixés pour 2020 doit être accéléré. Le rapport indique que le maintien de la couverture aux niveaux de 2013 permettrait à l’épidémie de « distancer la réponse, augmenter le besoin de traitement à long terme et donc d’augmenter considérablement les coûts futurs. » Il ajoute que, si nous n’atteignions les objectifs fixés pour 2020 qu’en 2030, le retard se traduirait par trois millions de nouvelles infections et trois millions de décès liés au sida entre 2020 et 2030.

En ce qui concerne la tuberculose, le rapport indique qu’aucun des objectifs énoncés dans le Plan mondial du partenariat Halte à la tuberculose pour mettre fin à la tuberculose, ou dans la Stratégie de l’Organisation mondiale de la Santé pour mettre fin à la tuberculose ne sont possibles sans augmenter les investissements dans le Fonds mondial. Le Fonds « est de loin le bailleur externe le plus influent et qui obtient le plus d’impact vis à vis de la tuberculose, et constitue la meilleure chance que le monde a de mettre un terme à l‘épidémie. »

En ce qui concerne le paludisme, le rapport indique que tandis que le financement du paludisme a considérablement augmenté depuis 2000, il reste bien en deçà des montants nécessaires pour atteindre les objectifs fixés pour 2030. Le rapport indique que, selon le Partenariat Roll Back Malaria, un peu plus de 100 milliards $ sont nécessaires pour atteindre ces objectifs. Pour atteindre la première étape – c’est à dire réduire la mortalité liée au paludisme et les taux d’incidence d’au moins 40% d’ici 2020 – convenue au niveau mondial, les investissements annuels dans la lutte mondiale contre le paludisme doivent augmenter pour atteindre 6,4 milliards $ en 2020. Le rapport « The Cost of Inaction » indique que, malgré le manque de ressources actuel,  « les perspectives d’augmenter les investissements dans le paludisme à travers un mélange de financement national et extérieur sont bonnes » et que « un Fonds mondial entièrement financé a un rôle essentiel à jouer dans la réalisation de ce potentiel. »

Pour les trois maladies, conclut le rapport, une augmentation inutile des infections serait l’une des principales conséquences du financement partiel du Fonds mondial. « Nous ne pouvons plus nous permettre de maintenir les niveaux actuels de financement: le statu quo serait mortel, littéralement. »

Le rapport examine également trois autres coûts de l’inaction: (1) le risque que la résistance aux médicaments fasse reculer les résultats positifs ; (2) l’impact négatif de négliger les populations clés et vulnérables ; et (3) les conséquences économiques négatives.

La résistance aux médicaments

Selon le rapport « The Cost of Inaction », le sous financement de la réponse au VIH va menacer la disponibilité adéquate et uniforme des médicaments et des diagnostics ainsi que la qualité et la disponibilité des liens entre les soins, le soutien social et des services essentiels de soutien à l’observance du traitement. Le rapport indique que la disponibilité intermittente de médicaments et de services augmente directement le risque d’échec du traitement, le développement de la résistance aux médicaments, et la transmission du VIH résistant aux médicaments. « Ceci augmentera, à son tour, le besoin de traitement plus coûteux que sont les traitements de deuxième et de troisième ligne. »

Le rapport indique que la principale cause de la résistance aux antituberculeux se trouve dans des systèmes de soins de santé mal soutenus qui ne peuvent pas gérer un traitement d’une durée de six mois nécessitant des visites quotidiennes des patients. « À moins qu’on ne s’attèle à ce problème dès aujourd’hui, les progrès obtenus depuis des décennies seront annulés et les milliards de dollars investis dans la lutte contre la tuberculose auront été gaspillés. »

Le rapport indique que l’émergence de la résistance à l’artémisinine menace de faire reculer les succès obtenus dans la lutte contre le paludisme. Selon ce rapport, une reconstitution du Fonds mondial réussie permettrait au Fonds de continuer à soutenir les efforts pour contrôler la résistance à l’artémisinine. « Sans ce soutien, la résistance aux médicaments pourrait se propager à d’autres régions du monde et le traitement le plus important contre le paludisme pourrait être perdu. »

Populations clés et vulnérables

Le GFAN estime que les réseaux de populations clés et vulnérables sont essentiels pour atteindre les personnes le plus dans le besoin et pour mettre fin à l’épidémie.

La majorité des subventions du Fonds mondial dans les pays à revenu intermédiaire sont affectées aux services en faveur des populations clés. Le sous-financement du Fonds mondial aura, selon le rapport, un impact disproportionné sur ces groupes. « Ce sont des populations qui sont déjà très mal desservies. Les même stigmatisation et discrimination qui empêchent les populations clés de demander et de recevoir des services de traitement et de prévention amènent les gouvernements à ne pas fournir les ressources adéquates pour servir ces populations. »

Les conséquences économiques

Le rapport indique que les coûts financiers de l’inaction seront énormes si les services demeurent aux niveaux actuels. Par exemple:

  • Pour le VIH, nous perdrions l’occasion de sauver 21 millions de vies, et plus de 28 millions de personnes supplémentaires vivraient avec le VIH en 2030. Le nombre de personnes sous traitement serait considérablement réduit. Les bénéfices importants de la prévention obtenus grâce à l’utilisation précoce d’un traitement ARV ne seraient pas atteints. La poursuite des niveaux de couverture actuels signifierait que le monde aurait à payer un montant supplémentaire de 24 milliards $ chaque année pour la thérapie ARV d’ici 2030.
  • Un délai de cinq ans pour effectuer les nouveaux investissements pour la tuberculose aurait des résultats potentiellement catastrophiques; Il entraînerait 8,4 millions de cas de tuberculose supplémentaires et 1,4 million de décès de plus, ainsi que 5,3 milliards $ en coûts supplémentaires de traitement de la tuberculose et 181 milliards $ en perte de productivité.
  • Si on laissait les niveaux de couverture du paludisme actuels revenir aux niveaux de 2007, les coûts financiers seraient énormes: 5,2 milliards $ en coûts directs pour les systèmes de santé et les ménages; et 1,2 billion $ de production économique sacrifiées.

Conclusion

Selon le GFAN, le Fonds mondial, en tant que mécanisme de financement, est largement considéré comme parmi les plus grandes réussites envers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. « Toutefois, il est nécessaire d’augmenter fortement son financement pour maintenir les régimes de traitement actuels, pour trouver de nouvelles façons d’aborder la nature changeante des maladies, y compris la résistance aux médicaments, pour développer des vaccins visant à prévenir les infections futures, et pour atteindre ceux qui n’ont toujours pas accès aux systèmes de santé et communautaires. »

Treize milliards $, c’est 2 milliards $ de moins que l’objectif de reconstitution fixé en 2013 lors de reconstitution précédente. Bien que cet objectif n’ait pas été atteint, le Fonds mondial a continué à produire des résultats. Néanmoins, le GFAN estime que les populations clés et vulnérables, les réseaux des groupes et de la société civile ont questionné la possibilité d’un objectif de reconstitution inférieur pour 2017- 2019, car ils pensent que « les succès obtenus au cours des dernières années semblent particulièrement vulnérables à la complaisance. »

Selon le GFAN, « le coût de l’inaction est réel pour des centaines de millions de personnes et leurs familles, leurs moyens de subsistance et leurs communautés. Nous pouvons travailler ensemble pour mettre fin à l’épidémie maintenant ou sentir le fardeau plus lourd de notre inaction plus tard. »

* NdT: qui pourrait être traduit en français par « Investir dans le Fonds mondial : Le coût de l’inaction »

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