DIFFICULTÉS DES PAYS FRANCOPHONES DANS LA SOUMISSION DES NOTES CONCEPTUELLES
Author:
Stéphanie Braquehais
Article Type:Article Number: 3
Difficultés dans la mise en ligne des notes conceptuelles, documents pas toujours disponibles en français, outil budgétaire compliqué à utiliser, les pays d’Afrique francophone ont rencontré de nombre
RÉSUMÉ Difficultés dans la mise en ligne des notes conceptuelles, documents pas toujours disponibles en français, outil budgétaire compliqué à utiliser, les pays d’Afrique francophone ont rencontré de nombreux problèmes dans la soumission des notes conceptuelles. Plusieurs d’entre eux déplorent le fait que le processus donne la part belle à l’anglais et estiment que le Fonds mondial devrait également pouvoir examiner les notes en français.
« Nous avons soumis la note conceptuelle en français et l’équipe-pays l’a ensuite traduite en anglais sans que nous ayons pu approuver le texte définitif. Or, nous venons de recevoir la version anglaise et nous nous apercevons que les traducteurs n’ont pas toujours respecté l’esprit du texte original.»
Le pasteur Gaspard Obiang, président de l’instance de coordination nationale du Gabon qui a soumis sa note conceptuelle tuberculose (avec un volet co-infection VIH) en avril dernier estime, dans un interview accordée à Aidspan, que le fait de ne pas avoir la maîtrise du texte final de la note conceptuelle examinée par le Comité Technique d’Examen des Propositions (CTEP) est « un handicap énorme ».
Les notes sont en effet uniquement examinées en anglais. Les notes en français doivent donc être préalablement traduites. Il ne mâche pas ses mots pour décrire la situation. « Ce n’est un secret pour personne. Dans tous les domaines, les pays francophones sont en retard par rapport aux pays anglophones. Au Fonds mondial, tout est fait en anglais, on doit à chaque fois tout traduire. Pourquoi ne pas prévoir d’examiner les notes en français ? »
Selon lui, l’élaboration du plan de gestion des approvisionnements et des stocks a également pris beaucoup de temps. « Les tableaux excel étaient très techniques avec des indicateurs et des formules en anglais et il a fallu vérifier tous les termes l’un après l’autre pour être sûr de leur sens », explique-t-il. « Heureusement, nous avons eu un soutien appréciable de l’OMS, du Fonds mondial et d’Expertise France dans le cadre de l’initiative 5%. »
Les difficultés rencontrées portaient surtout sur l’analyse des données selon Stéphanie Tchiombano, coordinatrice de l’initative 5%. « Sur cette mission au Gabon, comme sur beaucoup d’autres, les experts ont dû appuyer l’équipe en place dans la finalisation du profil épidémiologique et du Plan stratégique National afin de baser la note conceptuelle sur des priorités claires et bien documentées ».
Seth Faison, le directeur de la communication au Fonds mondial, explique dans un courrier à Aidspan que le Fonds mondial a recours à une société professionnelle de traduction pour traduire la note conceptuelle, l’outil modulaire et le tableau des carences programmatiques en anglais afin qu’ils puissent être examinés par le CTEP. « Chaque groupe du CTEP comprend une personne parlant la langue dans laquelle ils ont été rédigés, précise-t-il et durant l’examen, le Comité a l’application dans la langue originale si des questions de traduction surgissent »
Lors du forum de partenariat tenu à Addis-Abeba en mai dernier (voir article https://www.aidspan.org/fr/gfo_article/au-premier-forum-de-partenariat-du-fonds-mondial-la-voix-de-lafrique-se-fait-entendre), les critiques ont été nombreuses concernant la complexité du nouveau modèle de financement. Selon de nombreux pays, ce dernier est loin d’avoir été allégé par rapport au précédent. Comme on peut le lire dans le rapport de la deuxième réunion des circonscriptions d’Afrique orientale et australe et d’Afrique occidentale et centrale (http://africabureau.org/wp-content/uploads/2015/05/African-Constituencies-Statement-May-8th-final.pdf), de « nombreux obstacles ont été rencontrés dans l’utilisation de la plate-forme en ligne » et les guides d’utilisation « n’étaient pas toujours disponibles en français, créant des difficultés pour les pays francophones ». « Les documents demandés pour la négociation sont trop nombreux et variés, a affirmé pour sa part, Djeneba Ouattarra, présidente de l’instance de coordination nationale de la Côte d’Ivoire, et l’assistance technique n’était pas toujours disponible car tous les pays étaient en demande ».
Même son de cloche du côté du Niger. Mélé Djalo, la présidente de l’instance de coordination nationale contactée par Aidspan décrit les difficultés pour remplir le document-type modulaire. « Le document était certes disponible en français, mais lorsqu’on cliquait sur les onglets, ils ne s’ouvraient pas car tous n’étaient pas actifs dans la version française. Il a donc fallu revenir à la version anglaise pour tout finaliser ».
Selon elle, la mise en ligne des notes conceptuelles a été fastidieuse. « Nous avons soumis deux notes en même temps (tuberculose et paludisme NDLR), or, un seul gestionnaire par pays a été habilité à faire la mise en ligne. De plus, on ne peut pas mettre en ligne les notes de manière simultanée. Il a donc fallu les envoyer l’une après l’autre, ce qui a pris beaucoup de temps. »
Seth Faison admet que l’outil modulaire et les documents annexes sont complexes, mais « il existe des formations en ligne pour les expliquer », affirme-t-il. « Chaque cours est disponible dans quatre langues (anglais, français, espagnol et russe). Le personnel du Fonds mondial a reçu une formation spécifique pour apporter un soutien aux pays candidats ».
Si le soutien technique apporté par le Fonds mondial a été apprécié par la plupart des pays, ces derniers suggèrent que l’utilisation de la plate-forme de mise en ligne soit plus conviviale afin que la soumission de la note conceptuelle soit moins consommatrice en temps et en énergie.