LE NIGERIA SATISFAIT AUX EXIGENCES DU FINANCEMENT DE CONTREPARTIE
Author:
Tunde Akpeji
Article Type:Article Number: 3
RĆSUMĆ Le Nigeria a satisfait aux exigences du financement de contrepartie pour le paludisme ainsi que pour la note conceptuelle conjointe pour le VIH et la tuberculose, conformĆ©ment aux rĆØgles du nouveau modĆØle de financement.
Le Nigeria a satisfait aux exigences du financement de contrepartie pour le paludisme ainsi que pour la note conceptuelle conjointe pour le VIH et la tuberculose, conformĆ©ment aux rĆØgles du nouveau modĆØle de financement. Ce pays dāAfrique de lāOuest est lāun des principaux bĆ©nĆ©ficiaires du NMFĀ : il sāest vu allouer plus de 1,1 milliard US$ pour la pĆ©riode 2014-2017.
Le gouvernement sāest engagĆ© Ć verser prĆØs de 460 millions US$ sur cinq ans pour mener une campagne massive de prĆ©vention du paludisme afin de mettre en place des activitĆ©s dans les Ć©tats hautement prioritaires identifiĆ©s en collaboration avec le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Une enveloppe supplĆ©mentaire de 40 millions US$ par an a Ć©tĆ© approuvĆ©e par les lĆ©gislateurs afin de soutenir la riposte au VIH.
Les nouvelles exigences liĆ©es aux financements nationaux, connues sous le nom de volontĆ© de payer, caractĆ©risent le NMF qui vise Ć rĆ©affecter les ressources du Fonds mondial vers les pays qui affichent des taux Ć©levĆ©s de morbiditĆ© et sont les moins Ć mĆŖme de payer. Pays le plus peuplĆ© dāAfrique subsaharienne, le Nigeria est Ć©galement la principale Ć©conomie du continent, selon les chiffres rĆ©visĆ©s relatifs au produit intĆ©rieur brut publiĆ©s par le gouvernement nigĆ©rian en avril dernier.
Le Nigeria a soumis sa note conceptuelle pour le paludisme en juin; celle-ci a Ć©tĆ© validĆ©e par le ComitĆ© technique dāexamen des propositions, a appris Aidspan auprĆØs de lāinstance de coordination nationale. Une note conceptuelle conjointe pour le VIH et la tuberculose a Ć©tĆ© soumise en aoĆ»t. Le processus dāĆ©tablissement des subventions commencera dĆ©but 2015.
Bien que le Nigeria ait par le passĆ© enregistrĆ© de bons rĆ©sultats pour la mise en Åuvre de ses subventions, une nouvelle approche a Ć©tĆ© envisagĆ©e dans les deux notes conceptuellesĀ avec lāobjectif de transfĆ©rer les ressources et les responsabilitĆ©s vers les Ć©tats ā notamment ceux qui enregistrent des taux Ć©levĆ©s de morbiditĆ© ā plutĆ“t que de conserver une responsabilitĆ© centralisĆ©e. Cela permettra dāadapter les activitĆ©s Ć mettre en place au sein des diffĆ©rents Ć©tats en fonction des donnĆ©es dĆ©mographiques, de la charge de morbiditĆ© et des capacitĆ©s du systĆØme de santĆ© dans chaque Ć©tat. Six Ć©tats ont dĆ©jĆ Ć©tĆ© dĆ©signĆ©s sous-rĆ©cipiendaires et continueront de jouer ce rĆ“le tout au long de la pĆ©riode dāallocation 2014-2017. Ces changements permettront Ć©galement aux programmes nationaux de lutte contre le VIH et le paludisme de se consacrer davantage Ć des activitĆ©s de surveillance et de suivi-Ć©valuation, et moins Ć la mise en Åuvre des programmes. Le rĆ“le de lāinstance de coordination nationale ne changera pas.
Le partenariat public-privĆ© existant, connu sous le nom de Fonds pour des mĆ©dicaments antipaludĆ©ens Ć des prix abordables (AMFm) a Ć©tĆ© intĆ©grĆ© aux activitĆ©s de lutte contre le paludisme au Nigeria de sorte que le pays puisse, Ć lāavenir, utiliser les subventions du Fonds mondial afin de cosubventionner les combinaisons thĆ©rapeutiques Ć base dāartĆ©misinine pour les enfants et les adultes.
Le programme reste toutefois confrontĆ© Ć certains problĆØmes, Ć©tant donnĆ© que lāaccĆØs aux mĆ©dicaments nāa pas Ć©tĆ© assurĆ© dans des rĆ©gions oĆ¹ il existe une forte demande qui nāest pas encore satisfaite. Certaines difficultĆ©s rencontrĆ©es par lāAMFm au Nigeria (accumulation des mĆ©dicaments et falsification des prix, notamment) demeurent toutefois, dāaprĆØs une source interne Ć lāinstance de coordination nationale.
La nouvelle approche globale du Nigeria en matiĆØre de gestion des subventions du Fonds mondial sāĆ©tend Ć©galement Ć la gestion des risques, tant programmatiques que fiduciaires. Condition prĆ©alable Ć tout dĆ©caissement, les rĆ©cipiendaires principaux et les sous-rĆ©cipiendaires doivent Ć©laborer des plans de gestion des risques et en obtenir lāapprobation. Ceci inclut le PNLP,Ā qui se serait livrĆ© Ć une sĆ©rie dāachats frauduleuxĀ (en anglais) de billets dāavion. Il lui a Ć©tĆ© demandĆ© de rembourser 50Ā 000 US$ au Fonds avant lāĆ©tablissement de la subvention, selon Aidspan.
Mais tandis que le Nigeria cherche Ć amĆ©liorer sa mise en Åuvre des subventions, le contexte fondamental dans lequel les acteurs impliquĆ©s dans la riposte au VIH Ć©voluent rend particuliĆØrement difficile la mise en Åuvre de certaines activitĆ©s et politiques. Une loi qualifiant lāhomosexualitĆ© de crime a Ć©tĆ© adoptĆ©e dĆ©but 2014. Celle-ci prĆ©voit des peines trĆØs sĆ©vĆØres pour les organisations travaillant de faƧon avĆ©rĆ©e sur les questions relatives aux personnes homosexuelles. Cette loi ne devrait pas sāĆ©tendre aux services de santĆ©, mais la rĆ©alitĆ© est beaucoup plus complexe (voir lāarticleĀ ici).
Il subsiste au sein de lāinstance de coordination nationale une forte opposition Ć lāidĆ©e de permettre aux homosexuels, aux consommateurs de drogues injectables et autres membres des populations clĆ©s de participer au processus dĆ©cisionnel et au suivi des subventions du Fonds mondial. Parce que les statuts juridiques tĆ©moignent de la volontĆ© du peuple nigĆ©rian, ils nāont pas dāautre choix que de sāen tenir au respect de la loi et de prendre leur distance vis-Ć -vis des personnes mĆŖmes que ces subventions sont censĆ©es aider.
Le Fonds indique quāil poursuivra sa dĆ©marche de collaboration lancĆ©e en 2014 dans le cadre de lāĆ©tablissement des subventions, qui implique la mise en place dāun secrĆ©tariat pour les populations clĆ©s touchĆ©es chargĆ© de coordonner la collaboration avec les autres membres de lāinstance de coordination nationale. Ceci a permis, jusquāĆ prĆ©sent, de veiller Ć ce que les prioritĆ©s exprimĆ©es par lāinstance soient alignĆ©es avec celles qui ont Ć©tĆ© identifiĆ©es par les populations clĆ©s.
Une assistance technique accrue devrait ĆŖtre fournie aux populations clĆ©s pendant le processus dāĆ©tablissement des subventions et tout au long du cycle de mise en Åuvre. Il reste nĆ©anmoins Ć voir comment garantir une meilleure reprĆ©sentation des populations clĆ©s au sein de lāinstance de coordination nationale.
Selon Emmanuel Abi Couson, porte-parole de lāinstance de coordination nationale, Ā«Ā aux [entitĆ©s Ć©trangĆØres] qui nous disent vouloir siĆ©ger au sein de lāorgane dĆ©cisionnel suprĆŖme, nous rĆ©pondonsĀ : vous en demandez trop. Telle est notre position en ce qui concerne le Nigeria parce que nous ne pouvons enfreindre la loi du paysĀ Ā».