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Qui doit payer pour assurer des vies plus saines et plus longues en Afrique?
OFM Edition 130

Qui doit payer pour assurer des vies plus saines et plus longues en Afrique?

Author:

Arlette Campbell White

Article Type:
ANALYSE

Article Number: 2

Les gouvernements africains doivent se prendre en main et cesser d'attendre le secours des pays riches.

RƉSUMƉ Un Ć©vĆ©nement en marge de l'AssemblĆ©e Mondiale de la SantĆ© s'est tenue Ć  la fin du mois de mai. Il sā€™agissait dā€™un webinaire destinĆ© aux mĆ©dias sur le thĆØme "Qui doit payer pour amĆ©liorer la santĆ© en Afrique". La prĆ©sence de cinq intervenants de haut niveau et la forte participation de journalistes de niveau mondial et rĆ©gional reprĆ©sentant des maisons d'Ć©dition de renom tĆ©moignaient de l'importance de ce sujet. Malheureusement, il n'existe pas de solution miracle et les avis convergent : Les pays africains doivent mettre davantage l'accent sur le financement intĆ©rieur de la santĆ© tout en soutenant la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial.

L’Organisation mondiale de la santĆ© (OMS) a tenu son AssemblĆ©e Mondiale de la SantĆ© (AMS) annuelle du 22 au 28 mai Ć  GenĆØve. L’AMS est l’organe dĆ©cisionnel de l’OMS; elle rassemble les dĆ©lĆ©gations de tous les Ɖtats membres de l’OMS. Elle est axĆ©e sur un programme de santĆ© spĆ©cifique prĆ©parĆ© par le Conseil exĆ©cutif. Les principales fonctions de l’AMS sont les suivantes : dĆ©finir les politiques de l’Organisation, nommer le Directeur gĆ©nĆ©ral, superviser les politiques financiĆØres, et analyser et approuver le projet de budget-programme.

La 75ĆØme AMS est la premiĆØre AssemblĆ©e de la santĆ© organisĆ©e en personne depuis le dĆ©but de la pandĆ©mie de COVID-19. Le thĆØme de l’AssemblĆ©e mondiale de la santĆ© de cette annĆ©e Ć©tait “La santĆ© pour la paix, la paix pour la santĆ©”.

Dans le cadre de l’AMS, une sĆ©rie de tables rondes sont organisĆ©es sur des thĆØmes d’importance mondiale. Au cours de ces sessions, les dĆ©lĆ©guĆ©s de l’AMS, les agences partenaires, les reprĆ©sentants de la sociĆ©tĆ© civile et les experts de l’OMS discutent des prioritĆ©s actuelles et futures concernant les questions de santĆ© publique d’importance mondiale. Le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial a saisi cette occasion pour organiser un un webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias sur le thĆØme “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”. Plus de 40 participants y ont pris part, dont plus de 10 journalistes issus de mĆ©dias de renom.

Contexte

La pandĆ©mie de COVID-19 a mis en Ć©vidence les dĆ©ficits importants du financement mondial des soins de santĆ© et des systĆØmes de santĆ© et exacerbĆ© des dĆ©cennies de sous-investissement. Ces insuffisances ne sont nulle part ailleurs plus visibles qu’en Afrique, ce continent ayant la plus forte charge de morbiditĆ© liĆ©e aux maladies infectieuses, la grande majoritĆ© des personnes les plus dĆ©munies de la sociĆ©tĆ© et les Ć©conomies les plus fragiles. La perturbation des programmes et des systĆØmes de santĆ© en Afrique s’est accompagnĆ©e d’un double choc fiscal. Les recettes ont enregistrĆ© une baisse tandis que les besoins en termes de dĆ©penses se sont accrus. Ces dĆ©penses ont Ć©tĆ© maintenues par le biais de lā€™augmentation de la dette et d’une rĆ©affectation de fonds d’autres secteurs, notamment l’Ć©ducation et les infrastructures, Ć  la santĆ©.

Les pays africains doivent reconstruire leurs systĆØmes de santĆ© et fournir des efforts pour remettre les programmes de santĆ© sur les rails. Cette situation s’accompagne de dĆ©fis supplĆ©mentaires Ć  l’Ć©chelle mondiale en raison du conflit en cours en Ukraine, avec la perspective d’une inflation galopante, d’une hausse des prix des produits de base, de pĆ©nuries alimentaires naissantes dues Ć  la raretĆ© du blĆ© et d’une instabilitĆ© gĆ©opolitique permanente.

Pourquoi organiser une table ronde pour les mƩdias sur le financement intƩrieur de la santƩ ?

En saisissant l’opportunitĆ© de l’AMS pour organiser le webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias, le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial souhaitait attirer l’attention de la communautĆ© internationale sur la nĆ©cessitĆ© de renforcer les efforts des pays pour les amener Ć  accroĆ®tre leurs dĆ©penses nationales de santĆ©. En se penchant sur la question “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”, d’Ć©minents panĆ©listes ont dĆ©battu de certains des sujets clĆ©s liĆ©s au financement durable de la santĆ© en Afrique. Ils ont notamment examinĆ© les points suivants :

  • Le paysage du financement de la santĆ© en Afrique aprĆØs la COVID, dans le contexte de la hausse des prix de l’Ć©nergie et des denrĆ©es alimentaires, de l’inflation galopante et des risques liĆ©s Ć  la viabilitĆ© de la dette.
  • Les rĆ“les et responsabilitĆ©s des gouvernements, des partenaires au dĆ©veloppement, du secteur privĆ© et des citoyens en matiĆØre de financement durable des soins de santĆ© en Afrique.
  • Ce qui doit changer pour atteindre les objectifs de santĆ© en Afrique.
  • Ā Pourquoi il est si important de soutenir la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial.

PanƩlistes

Cinq orateurs de haut niveau ont pris la parole:

  • Mathume Joseph Phaahla, Ministre de la SantĆ©, Afrique du Sud
  • Winnie Byanyima, Directrice exĆ©cutive, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)
  • Kalipso Chalkidou, chef du DĆ©partement du financement de la santĆ©, Fonds mondial.
  • Justice Nonvignon, chef par intĆ©rim du programme d’Ć©conomie de la santĆ©, Centres Africains de ContrĆ“le et de PrĆ©vention des Maladies en Afrique (CDC)
  • Dr. Githinji Gitahi, Directeur GĆ©nĆ©ral, AMREF

Les faibles niveaux actuels des dƩpenses publiques minent les programmes de santƩ et entraƮnent des pertes en vies humaines

Les dĆ©penses publiques au niveau de la santĆ© sont infĆ©rieures Ć  20 dollars par personne et par an dans plus de 50 % des pays d’Afrique.

En utilisant l’exemple d’une initiative rĆ©ussie du secteur privĆ© pour contribuer au financement de la riposte Ć  la COVID-19 au Ghana, le Dr Nonvignon a indiquĆ© que le secteur privĆ© est capable de mobiliser des fonds Ć  sa maniĆØre. Un autre mĆ©canisme de financement est l’affectation de fonds par le biais, par exemple, de taxes sur la santĆ©.

ā€œLes MinistĆØres des finances sont clairement confrontĆ©s Ć  des choix trĆØs difficiles, mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l’avenir de nos systĆØmes de santĆ© dĆ©pendre de partenaires extĆ©rieurs, nous devons jouer notre rĆ“le et ensuite laisser les autres nous apporter leur aide.”
Dr Justice Nonvignon, CDC

COVID-19 et vaccination : comment rendre l’Afrique plus autonome?

Le modĆ©rateur a notĆ© que l’Afrique a le taux de vaccination contre la COVID-19 le plus faible au monde, ce qui met les Ć©conomies en danger face aux effets des variants. Il a demandĆ© quels sont les principaux goulots d’Ć©tranglement qui empĆŖchent d’amĆ©liorer les taux de vaccination et de faire en sorte que la rĆ©gion dispose des vaccins don

L’Organisation mondiale de la santĆ© (OMS) a tenu son AssemblĆ©e Mondiale de la SantĆ© (AMS) annuelle du 22 au 28 mai Ć  GenĆØve. L’AMS est l’organe dĆ©cisionnel de l’OMS; elle rassemble les dĆ©lĆ©gations de tous les Ɖtats membres de l’OMS. Elle est axĆ©e sur un programme de santĆ© spĆ©cifique prĆ©parĆ© par le Conseil exĆ©cutif. Les principales fonctions de l’AMS sont les suivantes : dĆ©finir les politiques de l’Organisation, nommer le Directeur gĆ©nĆ©ral, superviser les politiques financiĆØres, et analyser et approuver le projet de budget-programme.

La 75ĆØme AMS est la premiĆØre AssemblĆ©e de la santĆ© organisĆ©e en personne depuis le dĆ©but de la pandĆ©mie de COVID-19. Le thĆØme de l’AssemblĆ©e mondiale de la santĆ© de cette annĆ©e Ć©tait “La santĆ© pour la paix, la paix pour la santĆ©”.

Dans le cadre de l’AMS, une sĆ©rie de tables rondes sont organisĆ©es sur des thĆØmes d’importance mondiale. Au cours de ces sessions, les dĆ©lĆ©guĆ©s de l’AMS, les agences partenaires, les reprĆ©sentants de la sociĆ©tĆ© civile et les experts de l’OMS discutent des prioritĆ©s actuelles et futures concernant les questions de santĆ© publique d’importance mondiale. Le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial a saisi cette occasion pour organiser un un webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias sur le thĆØme “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”. Plus de 40 participants y ont pris part, dont plus de 10 journalistes issus de mĆ©dias de renom.

Contexte

La pandĆ©mie de COVID-19 a mis en Ć©vidence les dĆ©ficits importants du financement mondial des soins de santĆ© et des systĆØmes de santĆ© et exacerbĆ© des dĆ©cennies de sous-investissement. Ces insuffisances ne sont nulle part ailleurs plus visibles qu’en Afrique, ce continent ayant la plus forte charge de morbiditĆ© liĆ©e aux maladies infectieuses, la grande majoritĆ© des personnes les plus dĆ©munies de la sociĆ©tĆ© et les Ć©conomies les plus fragiles. La perturbation des programmes et des systĆØmes de santĆ© en Afrique s’est accompagnĆ©e d’un double choc fiscal. Les recettes ont enregistrĆ© une baisse tandis que les besoins en termes de dĆ©penses se sont accrus. Ces dĆ©penses ont Ć©tĆ© maintenues par le biais de lā€™augmentation de la dette et d’une rĆ©affectation de fonds d’autres secteurs, notamment l’Ć©ducation et les infrastructures, Ć  la santĆ©.

Les pays africains doivent reconstruire leurs systĆØmes de santĆ© et fournir des efforts pour remettre les programmes de santĆ© sur les rails. Cette situation s’accompagne de dĆ©fis supplĆ©mentaires Ć  l’Ć©chelle mondiale en raison du conflit en cours en Ukraine, avec la perspective d’une inflation galopante, d’une hausse des prix des produits de base, de pĆ©nuries alimentaires naissantes dues Ć  la raretĆ© du blĆ© et d’une instabilitĆ© gĆ©opolitique permanente.

Pourquoi organiser une table ronde pour les mƩdias sur le financement intƩrieur de la santƩ ?

En saisissant l’opportunitĆ© de l’AMS pour organiser le webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias, le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial souhaitait attirer l’attention de la communautĆ© internationale sur la nĆ©cessitĆ© de renforcer les efforts des pays pour les amener Ć  accroĆ®tre leurs dĆ©penses nationales de santĆ©. En se penchant sur la question “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”, d’Ć©minents panĆ©listes ont dĆ©battu de certains des sujets clĆ©s liĆ©s au financement durable de la santĆ© en Afrique. Ils ont notamment examinĆ© les points suivants :

  • Le paysage du financement de la santĆ© en Afrique aprĆØs la COVID, dans le contexte de la hausse des prix de l’Ć©nergie et des denrĆ©es alimentaires, de l’inflation galopante et des risques liĆ©s Ć  la viabilitĆ© de la dette.
  • Les rĆ“les et responsabilitĆ©s des gouvernements, des partenaires au dĆ©veloppement, du secteur privĆ© et des citoyens en matiĆØre de financement durable des soins de santĆ© en Afrique.
  • Ce qui doit changer pour atteindre les objectifs de santĆ© en Afrique.
  • Ā Pourquoi il est si important de soutenir la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial.

PanƩlistes

Cinq orateurs de haut niveau ont pris la parole:

  • Mathume Joseph Phaahla, Ministre de la SantĆ©, Afrique du Sud
  • Winnie Byanyima, Directrice exĆ©cutive, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)
  • Kalipso Chalkidou, chef du DĆ©partement du financement de la santĆ©, Fonds mondial.
  • Justice Nonvignon, chef par intĆ©rim du programme d’Ć©conomie de la santĆ©, Centres Africains de ContrĆ“le et de PrĆ©vention des Maladies en Afrique (CDC)
  • Dr. Githinji Gitahi, Directeur GĆ©nĆ©ral, AMREF

Les faibles niveaux actuels des dƩpenses publiques minent les programmes de santƩ et entraƮnent des pertes en vies humaines

Les dĆ©penses publiques au niveau de la santĆ© sont infĆ©rieures Ć  20 dollars par personne et par an dans plus de 50 % des pays d’Afrique.

En utilisant l’exemple d’une initiative rĆ©ussie du secteur privĆ© pour contribuer au financement de la riposte Ć  la COVID-19 au Ghana, le Dr Nonvignon a indiquĆ© que le secteur privĆ© est capable de mobiliser des fonds Ć  sa maniĆØre. Un autre mĆ©canisme de financement est l’affectation de fonds par le biais, par exemple, de taxes sur la santĆ©.

ā€œLes MinistĆØres des finances sont clairement confrontĆ©s Ć  des choix trĆØs difficiles, mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l’avenir de nos systĆØmes de santĆ© dĆ©pendre de partenaires extĆ©rieurs, nous devons jouer notre rĆ“le et ensuite laisser les autres nous apporter leur aide.”
Dr Justice Nonvignon, CDC

COVID-19 et vaccination : comment rendre l’Afrique plus autonome?

Le modĆ©rateur a notĆ© que l’Afrique a le taux de vaccination contre la COVID-19 le plus faible au monde, ce qui met les Ć©conomies en danger face aux effets des variants. Il a demandĆ© quels sont les principaux goulots d’Ć©tranglement qui empĆŖchent d’amĆ©liorer les taux de vaccination et de faire en sorte que la rĆ©gion dispose des vaccins dont elle a besoin, quand elle en a besoin.

L’inĆ©galitĆ© de l’offre est le premier problĆØme : au dĆ©part, les vaccins n’Ć©taient pas disponibles, sauf dans les pays occidentaux les plus riches, et lorsqu’ils l’Ć©taient, la dĆ©sinformation et la mĆ©fiance Ć©taient monnaie courante, ce qui a affectĆ© la confiance des africains dans les vaccins.

Lorsque les vaccins sont devenus plus disponibles, les systĆØmes de santĆ© de la rĆ©gion, sous-optimaux et surchargĆ©s, n’ont pas pu rĆ©pondre aux besoins de la population. Des recherches ont montrĆ© que la disposition des gens Ć  accepter la vaccination se situe entre 70 et 80 % (bien qu’elle ne soit pas uniforme d’un pays Ć  l’autre) – dans ce cas, pourquoi les taux de vaccination restent-ils Ć  17 % alors que l’offre a augmentĆ© ?

Un deuxiĆØme dĆ©fi est celui de la distribution, exacerbĆ© par (i) l’absence notable de personnel de santĆ© et (ii) l’exclusion des pharmacies de la chaine de distribution des vaccins. Les pharmacies peuvent ouvrir 24 heures sur 24 et le week-end, alors que les Ć©tablissements de santĆ© ne sont ouverts que durant la journĆ©e pendant la semaine de travail: or, 80 % des travailleurs du secteur informel ne peuvent pas quitter leur travail (par exemple, s’ils ont une Ć©choppe) pour se rendre dans un Ć©tablissement de santĆ© dans le but de se faire vacciner. Les pays doivent analyser la conception du systĆØme de santĆ© en ce qui concerne la fourniture de vaccins et se poser la question de savoir s’il est adaptĆ© aux besoins.

La sĆ©curitĆ© des approvisionnements est le troisiĆØme goulot d’Ć©tranglement, qui se manifeste par de courtes durĆ©es de conservation et des dates de pĆ©remption proches, ce qui entraĆ®ne la destruction de nombreux vaccins. MalgrĆ© cela, le taux d’absorption est de 71%, ce qui est raisonnable.

La fabrication locale est une autre considĆ©ration importante. Les pays doivent envisager de faƧonner le marchĆ© et de fournir des vaccins africains pour l’Afrique, plutĆ“t que de laisser le secteur privĆ© s’approprier la chaĆ®ne d’approvisionnement.

Les vaccins sont des biens publics financĆ©s par des mĆ©canismes multilatĆ©raux tels que Gavi ou COVAX; par consĆ©quent, lorsque les pays africains seront en mesure de fabriquer leurs propres vaccins, ils devront persuader Gavi, COVAX et d’autres organismes d’acheter et de distribuer des vaccins fabriquĆ©s en Afrique et prendre des engagements pluriannuels.

La plupart des vaccins sont actuellement achetĆ©s dans les pays dĆ©veloppĆ©s, mais la production de vaccins en Afrique est en pleine expansion. Le Dr Gitahi a soulignĆ© la nĆ©cessitĆ© de convaincre “nos propres collĆØgues” sur le continent de soutenir mutuellement leurs pays respectifs et d’acheter en gros.

Les Ʃchanges dette-santƩ peuvent Ʃgalement constituer un mƩcanisme de financement attractif.

Sur la question de l’allĆØgement de la dette, le professeur Chalkidou a proposĆ© que les pays examinent attentivement les modĆØles innovants tels que le rĆ©cent blue bond du Belize, un modĆØle de conservation qui pourrait ĆŖtre traduit en chĆØques santĆ©. Ce Ā«Ā blue bondĀ Ā» pour le programme de conservation des ocĆ©ans, le plus important Ć  ce jour, permet au Belize de convertir son eurobond existant (c’est-Ć -dire des obligations en devises Ć©trangĆØres Ć©mises sur le marchĆ© international) en dette bleue qu’il utilisera pour mettre en œuvre son programme national de conservation marine. La “dette pour la nature” pourrait facilement ĆŖtre transposĆ©e en “dette pour la santĆ©”.

Quatre points essentiels Ơ retenir pour un meilleur financement de la santƩ

Les intervenants ont transmis quatre messages clƩs aux mƩdias.

  1. Utiliser les droits de tirage spĆ©ciaux pour payer les besoins urgents en matiĆØre de santĆ©

Les gouvernements africains doivent insister sur un allĆ©gement sensible de la dette et sur la rĆ©affectation des Droits de Tirage SpĆ©ciaux Ā (DTS) qui ont Ć©tĆ© crĆ©Ć©s pour accroĆ®tre la marge de manœuvre budgĆ©taire. L’ajout de DTS aux rĆ©serves internationales d’un pays renforce sa rĆ©silience sur le plan financier. En temps de crise, un pays peut puiser dans son Ć©pargne pour rĆ©pondre Ć  des besoins urgents (par exemple, pour payer l’importation de vaccins). Une nouvelle allocation de DTS complĆØte les rĆ©serves des pays en utilisant la force collective des membres du Fonds monĆ©taire international pour rendre les 190 pays membres un peu plus forts. Elle apporte un soutien en liquiditĆ©s Ć  de nombreux pays en dĆ©veloppement et Ć  faible revenu qui sont en difficultĆ©, ce qui leur permet de payer leurs soins de santĆ© et de soutenir les personnes vulnĆ©rables.

Figure 1. Les allocations de DTS et leur utilisation
.
Source : Site web du FMI: FMI.org/DTS

 

L’exemple ci-dessous montre comment les DTS pourraient ĆŖtre utilisĆ©s pour acheter des vaccins contre la COVID-19. Tous les pays pourront bĆ©nĆ©ficier d’une Ć©radication rapide de la COVID-19 et il est important de s’assurer qu’ils disposent des ressources financiĆØres nĆ©cessaires pour y parvenir.

Figure 2. Exemple d’allocations de DTS utilisĆ©es pour l’achat de vaccins

 

  1. Ā RedĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© des populations africaines en augmentant les dĆ©penses publiques dans ce domaine.Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

Les pays africains doivent par ailleurs assurer un meilleur recouvrement de l’impĆ“t auprĆØs de leurs citoyens et redĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© afin d’atteindre les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja concernant les dĆ©penses publiques de santĆ©, Ć  savoir au moins : (i) l’Ć©quivalent de 5% du PIB ; et (ii) 15% des dĆ©penses publiques totales.

La fragilitĆ© des systĆØmes de santĆ© en Afrique est essentiellement due au fait que les gouvernements n’ont jamais rĆ©ussi Ć  prioriser la santĆ© par lā€™allocation de ressources adĆ©quates.

The Abuja La DĆ©claration dā€™Abuja avait pour but de remĆ©dier Ć  cette prĆ©occupation en assurant un engagement dā€™au moins 15% du budget national pour le secteur de la santĆ© mais cet objectif s’est rĆ©vĆ©lĆ© illusoire pour la plupart des pays. En 2011, dix ans aprĆØs la DĆ©claration, 27 pays africains avaient augmentĆ© la part de leurs dĆ©penses allouĆ©e Ć  la santĆ©. En fait, seuls deux pays – le Rwanda et l’Afrique du Sud – avaient atteint l’objectif de 15 %. Sept pays avaient en rĆ©alitĆ© rĆ©duit la part de leur budget de santĆ© dans leur budget national.

En 2019, la situation s’est dĆ©tĆ©riorĆ©e: 21 gouvernements africains dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage de leurs dĆ©penses publiques qu’en 2000 et seule l’Afrique du Sud avait atteint l’objectif de 15%; et 20 gouvernements dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage du PIB qu’en 2000.Ā  LĆ  encore, seule l’Afrique du Sud a atteint l’objectif de 5 % du PIB.

Selon un rapport de lā€™OMS , la priorisation de la santĆ© sur le continent n’a pas de corrĆ©lation directe avec la richesse d’un pays. Il a fait le constat selon lequel plusieurs pays dont le revenu par habitant est Ć©levĆ© – tels que l’AlgĆ©rie, le Botswana, le Gabon, la GuinĆ©e Ć©quatoriale, Maurice, les Seychelles et l’Afrique du Sud – ne consacrent pas systĆ©matiquement une part plus importante de leur budget Ć  la santĆ©.

Si l’on prend l’exemple des 16 Ɖtats membres de la CommunautĆ© de dĆ©veloppement de l’Afrique australe (SADC), les donnĆ©es les plus rĆ©centes de la base de donnĆ©es mondiale des dĆ©penses de santĆ© de l’OMS montrent qu’Ć  la fin de 2018, tous les Ɖtats membres de la SADC peinaient Ć  atteindre l’objectif annuel de 15 %.

Figure 3. DĆ©penses courantes de santĆ© dans les Ɖtats membres de la SADC (en % du PIB), 2001 et 2018.

Source: Jack Bwalya, SADC and the Abuja Declaration: Honouring the Pledge. 2021.

Comme le suggĆØrent des Ć©tudes empiriques rĆ©centes Ā et un rapport de l’OMS de 2019 sur les dĆ©penses mondiales de santĆ©, l’une des principales raisons pour lesquelles les pays signataires (y compris ceux de la rĆ©gion de la SADC) n’ont pas atteint les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja est leur dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide extĆ©rieure pour couvrir leurs dĆ©penses dans plusieurs secteurs, dont la santĆ©.

En outre, dans des pays tels que la Zambie, la dĆ©pendance Ć  l’Ć©gard de l’aide extĆ©rieure s’accompagne de diverses mesures d’austĆ©ritĆ© qui ont Ć©tĆ© introduites pour allĆ©ger le fardeau de la dette nationale. Il est donc d’autant plus difficile d’atteindre l’objectif de 15 %. Actuellement, l’allocation annuelle moyenne dans la rĆ©gion est de 5,3 %. En dĆ©finitive, le modĆØle de dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide a eu des consĆ©quences imprĆ©vues sur la capacitĆ© des gouvernements de la rĆ©gion de la SADC Ć  intensifier leurs efforts en utilisant des modĆØles de financement durables en vue dā€™allouer davantage de fonds publics Ć  la santĆ©.

Les gouvernements doivent prĆ©lever lā€™impĆ“t sur les revenus les plus Ć©levĆ©s aussi bien chez Ā les particuliers que dans les entreprises, pour rĆ©aliser plus de progrĆØs et allouer advantage de fonds Ć  la santĆ© afin dā€™honorer leur engagement d’Abuja.

  1. Les gouvernements doivent dĆ©penser leur argent de maniĆØre plus judicieuse

Les dĆ©penses publiques pour une meilleure santĆ© en Afrique impliquent la rĆ©alisation de meilleurs investissements publics, un sentiment partagĆ© par l’Union africaine. AmĆ©liorer la santĆ© est une entreprise coĆ»teuse et de nombreux pays africains disposent d’une marge de manœuvre budgĆ©taire limitĆ©e. Ā La pandĆ©mie actuelle de COVID-19 brouille les donnĆ©es sur les dĆ©penses de santĆ© mais, en 2019, les gouvernements africains ont dĆ©pensĆ© entre 0 et 610 dollars par habitant pour la santĆ©, par rapport aux pays Ć  revenu Ć©levĆ© qui dĆ©pensent plus de 4 000 dollars. En fait, dans 28 pays, les gouvernements ont dĆ©pensĆ© moins de 20 dollars par habitant pour la santĆ©. Cette situation est due Ć  plusieurs facteurs, mais le plus important d’entre eux est un faible PIB et une faible efficacitĆ© de la collecte des impĆ“ts dans les pays africains, aggravĆ©s par de faibles allocations budgĆ©taires au secteur de la santĆ© en raison de prioritĆ©s concurrentes.

MĆŖme si l’Afrique a connu une meilleure croissance Ć©conomique dans un passĆ© rĆ©cent par rapport Ć  d’autres rĆ©gions, lorsque les richesses des pays africains s’accroissent, les dĆ©penses publiques de santĆ© n’augmentent pas automatiquement. Entre 2001 et 2015 par exemple, au moment oĆ¹ les Ć©conomies africaines se dĆ©veloppaient, les dĆ©penses publiques de santĆ©, en proportion des dĆ©penses globales, ont diminuĆ© dans 21 pays.

L’aide au dĆ©veloppement pour la santĆ© a pour ainsi dire Ć©vincĆ© les ressources gouvernementales et crĆ©Ć© une dĆ©pendance vis-Ć -vis des bailleurs, ce qui complique le processus de transition des pays faisant face Ć  une baisse du financement des bailleurs et disposant de plans inadĆ©quats pour compenser ce changement de ressources.

Le faible taux dā€™exĆ©cution budgĆ©taire et le gaspillage rĆ©duisent davantage les ressources disponibles pour la santĆ©. Le faible niveau des dĆ©penses publiques a un plus grand impact nĆ©gatif sur les citoyens avec pour consĆ©quence des paiement directs importants et un systĆØme de santĆ© inĆ©quitable qui ne garantit l’accĆØs qu’Ć  ceux qui sont en mesure de payer.

  1. Il est primordial de garantir le succĆØs de la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondialĀ Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

Enfin, mĆŖme si les pays peinent Ć  augmenter leurs ressources nationales pour la santĆ©, ils doivent apporter leur soutien Ć  la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial afin de maintenir les progrĆØs accomplis dans l’Ć©radication du VIH, de la tuberculose et du paludisme et de contribuer au renforcement des systĆØmes de santĆ©.

ā€œLe financement durable est fondamental: nous devons jouer notre partition en augmentant les ressources nationales pour la santĆ©”.

Winnie Byanyima, ONUSIDA

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1 Likes0 Dislikest elle a besoin, quand elle en a besoin.

L’inĆ©galitĆ© de l’offre est le premier problĆØme : au dĆ©part, les vaccins n’Ć©taient pas disponibles, sauf dans les pays occidentaux les plus riches, et lorsqu’ils l’Ć©taient, la dĆ©sinformation et la mĆ©fiance Ć©taient monnaie courante, ce qui a affectĆ© la confiance des africains dans les vaccins.

Lorsque les vaccins sont devenus plus disponibles, les systĆØmes de santĆ© de la rĆ©gion, sous-optimaux et surchargĆ©s, n’ont pas pu rĆ©pondre aux besoins de la population. Des recherches ont montrĆ© que la disposition des gens Ć  accepter la vaccination se situe entre 70 et 80 % (bien qu’elle ne soit pas uniforme d’un pays Ć  l’autre) – dans ce cas, pourquoi les taux de vaccination restent-ils Ć  17 % alors que l’offre a augmentĆ© ?

Un deuxiĆØme dĆ©fi est celui de la distribution, exacerbĆ© par (i) l’absence notable de personnel de santĆ© et (ii) l’exclusion des pharmacies de la chaine de distribution des vaccins. Les pharmacies peuvent ouvrir 24 heures sur 24 et le week-end, alors que les Ć©tablissements de santĆ© ne sont ouverts que durant la journĆ©e pendant la semaine de travail: or, 80 % des travailleurs du secteur informel ne peuvent pas quitter leur travail (par exemple, s’ils ont une Ć©choppe) pour se rendre dans un Ć©tablissement de santĆ© dans le but de se faire vacciner. Les pays doivent analyser la conception du systĆØme de santĆ© en ce qui concerne la fourniture de vaccins et se poser la question de savoir s’il est adaptĆ© aux besoins.

La sĆ©curitĆ© des approvisionnements est le troisiĆØme goulot d’Ć©tranglement, qui se manifeste par de courtes durĆ©es de conservation et des dates de pĆ©remption proches, ce qui entraĆ®ne la destruction de nombreux vaccins. MalgrĆ© cela, le taux d’absorption est de 71%, ce qui est raisonnable.

La fabrication locale est une autre considĆ©ration importante. Les pays doivent envisager de faƧonner le marchĆ© et de fournir des vaccins africains pour l’Afrique, plutĆ“t que de laisser le secteur privĆ© s’approprier la chaĆ®ne d’approvisionnement.

Les vaccins sont des biens publics financĆ©s par des mĆ©canismes multilatĆ©raux tels que Gavi ou COVAX; par consĆ©quent, lorsque les pays africains seront en mesure de fabriquer leurs propres vaccins, ils devront persuader Gavi, COVAX et d’autres organismes d’acheter et de distribuer des vaccins fabriquĆ©s en Afrique et prendre des engagements pluriannuels.

La plupart des vaccins sont actuellement achetĆ©s dans les pays dĆ©veloppĆ©s, mais la production de vaccins en Afrique est en pleine expansion. Le Dr Gitahi a soulignĆ© la nĆ©cessitĆ© de convaincre “nos propres collĆØgues” sur le continent de soutenir mutuellement leurs pays respectifs et d’acheter en gros.

Les Ʃchanges dette-santƩ peuvent Ʃgalement constituer un mƩcanisme de financement attractif.

Sur la question de l’allĆØgement de la dette, le professeur Chalkidou a proposĆ© que les pays examinent attentivement les modĆØles innovants tels que le rĆ©cent blue bond du Belize, un modĆØle de conservation qui pourrait ĆŖtre traduit en chĆØques santĆ©. Ce Ā«Ā blue bondĀ Ā» pour le programme de conservation des ocĆ©ans, le plus important Ć  ce jour, permet au Belize de convertir son eurobond existant (c’est-Ć -dire des obligations en devises Ć©trangĆØres Ć©mises sur le marchĆ© international) en dette bleue qu’il utilisera pour mettre en œuvre son programme national de conservation marine. La “dette pour la nature” pourrait facilement ĆŖtre transposĆ©e en “dette pour la santĆ©”.

Quatre points essentiels Ơ retenir pour un meilleur financement de la santƩ

Les intervenants ont transmis quatre messages clƩs aux mƩdias.

  1. Utiliser les droits de tirage spĆ©ciaux pour payer les besoins urgents en matiĆØre de santĆ©

Les gouvernements africains doivent insister sur un allĆ©gement sensible de la dette et sur la rĆ©affectation des Droits de Tirage SpĆ©ciaux Ā (DTS) qui ont Ć©tĆ© crĆ©Ć©s pour accroĆ®tre la marge de manœuvre budgĆ©taire. L’ajout de DTS aux rĆ©serves internationales d’un pays renforce sa rĆ©silience sur le plan financier. En temps de crise, un pays peut puiser dans son Ć©pargne pour rĆ©pondre Ć  des besoins urgents (par exemple, pour payer l’importation de vaccins). Une nouvelle allocation de DTS complĆØte les rĆ©serves des pays en utilisant la force collective des membres du Fonds monĆ©taire international pour rendre les 190 pays membres un peu plus forts. Elle apporte un soutien en liquiditĆ©s Ć  de nombreux pays en dĆ©veloppement et Ć  faible revenu qui sont en difficultĆ©, ce qui leur permet de payer leurs soins de santĆ© et de soutenir les personnes vulnĆ©rables.

Figure 1. Les allocations de DTS et leur utilisation
.
Source : Site web du FMI: FMI.org/DTS

 

L’exemple ci-dessous montre comment les DTS pourraient ĆŖtre utilisĆ©s pour acheter des vaccins contre la COVID-19. Tous les pays pourront bĆ©nĆ©ficier d’une Ć©radication rapide de la COVID-19 et il est important de s’assurer qu’ils disposent des ressources financiĆØres nĆ©cessaires pour y parvenir.

Figure 2. Exemple d’allocations de DTS utilisĆ©es pour l’achat de vaccins

 

  1. Ā RedĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© des populations africaines en augmentant les dĆ©penses publiques dans ce domaine.Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā L’Organisation mondiale de la santĆ© (OMS) a tenu son AssemblĆ©e Mondiale de la SantĆ© (AMS) annuelle du 22 au 28 mai Ć  GenĆØve. L’AMS est l’organe dĆ©cisionnel de l’OMS; elle rassemble les dĆ©lĆ©gations de tous les Ɖtats membres de l’OMS. Elle est axĆ©e sur un programme de santĆ© spĆ©cifique prĆ©parĆ© par le Conseil exĆ©cutif. Les principales fonctions de l’AMS sont les suivantes : dĆ©finir les politiques de l’Organisation, nommer le Directeur gĆ©nĆ©ral, superviser les politiques financiĆØres, et analyser et approuver le projet de budget-programme.La 75ĆØme AMS est la premiĆØre AssemblĆ©e de la santĆ© organisĆ©e en personne depuis le dĆ©but de la pandĆ©mie de COVID-19. Le thĆØme de l’AssemblĆ©e mondiale de la santĆ© de cette annĆ©e Ć©tait “La santĆ© pour la paix, la paix pour la santĆ©”.

    Dans le cadre de l’AMS, une sĆ©rie de tables rondes sont organisĆ©es sur des thĆØmes d’importance mondiale. Au cours de ces sessions, les dĆ©lĆ©guĆ©s de l’AMS, les agences partenaires, les reprĆ©sentants de la sociĆ©tĆ© civile et les experts de l’OMS discutent des prioritĆ©s actuelles et futures concernant les questions de santĆ© publique d’importance mondiale. Le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial a saisi cette occasion pour organiser un un webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias sur le thĆØme “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”. Plus de 40 participants y ont pris part, dont plus de 10 journalistes issus de mĆ©dias de renom.

    Contexte

    La pandĆ©mie de COVID-19 a mis en Ć©vidence les dĆ©ficits importants du financement mondial des soins de santĆ© et des systĆØmes de santĆ© et exacerbĆ© des dĆ©cennies de sous-investissement. Ces insuffisances ne sont nulle part ailleurs plus visibles qu’en Afrique, ce continent ayant la plus forte charge de morbiditĆ© liĆ©e aux maladies infectieuses, la grande majoritĆ© des personnes les plus dĆ©munies de la sociĆ©tĆ© et les Ć©conomies les plus fragiles. La perturbation des programmes et des systĆØmes de santĆ© en Afrique s’est accompagnĆ©e d’un double choc fiscal. Les recettes ont enregistrĆ© une baisse tandis que les besoins en termes de dĆ©penses se sont accrus. Ces dĆ©penses ont Ć©tĆ© maintenues par le biais de lā€™augmentation de la dette et d’une rĆ©affectation de fonds d’autres secteurs, notamment l’Ć©ducation et les infrastructures, Ć  la santĆ©.

    Les pays africains doivent reconstruire leurs systĆØmes de santĆ© et fournir des efforts pour remettre les programmes de santĆ© sur les rails. Cette situation s’accompagne de dĆ©fis supplĆ©mentaires Ć  l’Ć©chelle mondiale en raison du conflit en cours en Ukraine, avec la perspective d’une inflation galopante, d’une hausse des prix des produits de base, de pĆ©nuries alimentaires naissantes dues Ć  la raretĆ© du blĆ© et d’une instabilitĆ© gĆ©opolitique permanente.

    Pourquoi organiser une table ronde pour les mƩdias sur le financement intƩrieur de la santƩ ?

    En saisissant l’opportunitĆ© de l’AMS pour organiser le webinaire Ć  l’intention des mĆ©dias, le DĆ©partement du financement de la santĆ© du Fonds mondial souhaitait attirer l’attention de la communautĆ© internationale sur la nĆ©cessitĆ© de renforcer les efforts des pays pour les amener Ć  accroĆ®tre leurs dĆ©penses nationales de santĆ©. En se penchant sur la question “Qui doit payer pour assurer des vies plus longues et plus saines en Afrique”, d’Ć©minents panĆ©listes ont dĆ©battu de certains des sujets clĆ©s liĆ©s au financement durable de la santĆ© en Afrique. Ils ont notamment examinĆ© les points suivants :

    • Le paysage du financement de la santĆ© en Afrique aprĆØs la COVID, dans le contexte de la hausse des prix de l’Ć©nergie et des denrĆ©es alimentaires, de l’inflation galopante et des risques liĆ©s Ć  la viabilitĆ© de la dette.
    • Les rĆ“les et responsabilitĆ©s des gouvernements, des partenaires au dĆ©veloppement, du secteur privĆ© et des citoyens en matiĆØre de financement durable des soins de santĆ© en Afrique.
    • Ce qui doit changer pour atteindre les objectifs de santĆ© en Afrique.
    • Ā Pourquoi il est si important de soutenir la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial.

    PanƩlistes

    Cinq orateurs de haut niveau ont pris la parole:

    • Mathume Joseph Phaahla, Ministre de la SantĆ©, Afrique du Sud
    • Winnie Byanyima, Directrice exĆ©cutive, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)
    • Kalipso Chalkidou, chef du DĆ©partement du financement de la santĆ©, Fonds mondial.
    • Justice Nonvignon, chef par intĆ©rim du programme d’Ć©conomie de la santĆ©, Centres Africains de ContrĆ“le et de PrĆ©vention des Maladies en Afrique (CDC)
    • Dr. Githinji Gitahi, Directeur GĆ©nĆ©ral, AMREF

    Les faibles niveaux actuels des dƩpenses publiques minent les programmes de santƩ et entraƮnent des pertes en vies humaines

    Les dĆ©penses publiques au niveau de la santĆ© sont infĆ©rieures Ć  20 dollars par personne et par an dans plus de 50 % des pays d’Afrique.

    En utilisant l’exemple d’une initiative rĆ©ussie du secteur privĆ© pour contribuer au financement de la riposte Ć  la COVID-19 au Ghana, le Dr Nonvignon a indiquĆ© que le secteur privĆ© est capable de mobiliser des fonds Ć  sa maniĆØre. Un autre mĆ©canisme de financement est l’affectation de fonds par le biais, par exemple, de taxes sur la santĆ©.

    ā€œLes MinistĆØres des finances sont clairement confrontĆ©s Ć  des choix trĆØs difficiles, mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l’avenir de nos systĆØmes de santĆ© dĆ©pendre de partenaires extĆ©rieurs, nous devons jouer notre rĆ“le et ensuite laisser les autres nous apporter leur aide.”
    Dr Justice Nonvignon, CDC

    COVID-19 et vaccination : comment rendre l’Afrique plus autonome?

    Le modĆ©rateur a notĆ© que l’Afrique a le taux de vaccination contre la COVID-19 le plus faible au monde, ce qui met les Ć©conomies en danger face aux effets des variants. Il a demandĆ© quels sont les principaux goulots d’Ć©tranglement qui empĆŖchent d’amĆ©liorer les taux de vaccination et de faire en sorte que la rĆ©gion dispose des vaccins dont elle a besoin, quand elle en a besoin.

    L’inĆ©galitĆ© de l’offre est le premier problĆØme : au dĆ©part, les vaccins n’Ć©taient pas disponibles, sauf dans les pays occidentaux les plus riches, et lorsqu’ils l’Ć©taient, la dĆ©sinformation et la mĆ©fiance Ć©taient monnaie courante, ce qui a affectĆ© la confiance des africains dans les vaccins.

    Lorsque les vaccins sont devenus plus disponibles, les systĆØmes de santĆ© de la rĆ©gion, sous-optimaux et surchargĆ©s, n’ont pas pu rĆ©pondre aux besoins de la population. Des recherches ont montrĆ© que la disposition des gens Ć  accepter la vaccination se situe entre 70 et 80 % (bien qu’elle ne soit pas uniforme d’un pays Ć  l’autre) – dans ce cas, pourquoi les taux de vaccination restent-ils Ć  17 % alors que l’offre a augmentĆ© ?

    Un deuxiĆØme dĆ©fi est celui de la distribution, exacerbĆ© par (i) l’absence notable de personnel de santĆ© et (ii) l’exclusion des pharmacies de la chaine de distribution des vaccins. Les pharmacies peuvent ouvrir 24 heures sur 24 et le week-end, alors que les Ć©tablissements de santĆ© ne sont ouverts que durant la journĆ©e pendant la semaine de travail: or, 80 % des travailleurs du secteur informel ne peuvent pas quitter leur travail (par exemple, s’ils ont une Ć©choppe) pour se rendre dans un Ć©tablissement de santĆ© dans le but de se faire vacciner. Les pays doivent analyser la conception du systĆØme de santĆ© en ce qui concerne la fourniture de vaccins et se poser la question de savoir s’il est adaptĆ© aux besoins.

    La sĆ©curitĆ© des approvisionnements est le troisiĆØme goulot d’Ć©tranglement, qui se manifeste par de courtes durĆ©es de conservation et des dates de pĆ©remption proches, ce qui entraĆ®ne la destruction de nombreux vaccins. MalgrĆ© cela, le taux d’absorption est de 71%, ce qui est raisonnable.

    La fabrication locale est une autre considĆ©ration importante. Les pays doivent envisager de faƧonner le marchĆ© et de fournir des vaccins africains pour l’Afrique, plutĆ“t que de laisser le secteur privĆ© s’approprier la chaĆ®ne d’approvisionnement.

    Les vaccins sont des biens publics financĆ©s par des mĆ©canismes multilatĆ©raux tels que Gavi ou COVAX; par consĆ©quent, lorsque les pays africains seront en mesure de fabriquer leurs propres vaccins, ils devront persuader Gavi, COVAX et d’autres organismes d’acheter et de distribuer des vaccins fabriquĆ©s en Afrique et prendre des engagements pluriannuels.

    La plupart des vaccins sont actuellement achetĆ©s dans les pays dĆ©veloppĆ©s, mais la production de vaccins en Afrique est en pleine expansion. Le Dr Gitahi a soulignĆ© la nĆ©cessitĆ© de convaincre “nos propres collĆØgues” sur le continent de soutenir mutuellement leurs pays respectifs et d’acheter en gros.

    Les Ʃchanges dette-santƩ peuvent Ʃgalement constituer un mƩcanisme de financement attractif.

    Sur la question de l’allĆØgement de la dette, le professeur Chalkidou a proposĆ© que les pays examinent attentivement les modĆØles innovants tels que le rĆ©cent blue bond du Belize, un modĆØle de conservation qui pourrait ĆŖtre traduit en chĆØques santĆ©. Ce Ā«Ā blue bondĀ Ā» pour le programme de conservation des ocĆ©ans, le plus important Ć  ce jour, permet au Belize de convertir son eurobond existant (c’est-Ć -dire des obligations en devises Ć©trangĆØres Ć©mises sur le marchĆ© international) en dette bleue qu’il utilisera pour mettre en œuvre son programme national de conservation marine. La “dette pour la nature” pourrait facilement ĆŖtre transposĆ©e en “dette pour la santĆ©”.

    Quatre points essentiels Ơ retenir pour un meilleur financement de la santƩ

    Les intervenants ont transmis quatre messages clƩs aux mƩdias.

    1. Utiliser les droits de tirage spĆ©ciaux pour payer les besoins urgents en matiĆØre de santĆ©

    Les gouvernements africains doivent insister sur un allĆ©gement sensible de la dette et sur la rĆ©affectation des Droits de Tirage SpĆ©ciaux Ā (DTS) qui ont Ć©tĆ© crĆ©Ć©s pour accroĆ®tre la marge de manœuvre budgĆ©taire. L’ajout de DTS aux rĆ©serves internationales d’un pays renforce sa rĆ©silience sur le plan financier. En temps de crise, un pays peut puiser dans son Ć©pargne pour rĆ©pondre Ć  des besoins urgents (par exemple, pour payer l’importation de vaccins). Une nouvelle allocation de DTS complĆØte les rĆ©serves des pays en utilisant la force collective des membres du Fonds monĆ©taire international pour rendre les 190 pays membres un peu plus forts. Elle apporte un soutien en liquiditĆ©s Ć  de nombreux pays en dĆ©veloppement et Ć  faible revenu qui sont en difficultĆ©, ce qui leur permet de payer leurs soins de santĆ© et de soutenir les personnes vulnĆ©rables.

    Figure 1. Les allocations de DTS et leur utilisation
    .
    Source : Site web du FMI: FMI.org/DTS

     

    L’exemple ci-dessous montre comment les DTS pourraient ĆŖtre utilisĆ©s pour acheter des vaccins contre la COVID-19. Tous les pays pourront bĆ©nĆ©ficier d’une Ć©radication rapide de la COVID-19 et il est important de s’assurer qu’ils disposent des ressources financiĆØres nĆ©cessaires pour y parvenir.

    Figure 2. Exemple d’allocations de DTS utilisĆ©es pour l’achat de vaccins

     

    1. Ā RedĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© des populations africaines en augmentant les dĆ©penses publiques dans ce domaine.Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

    Les pays africains doivent par ailleurs assurer un meilleur recouvrement de l’impĆ“t auprĆØs de leurs citoyens et redĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© afin d’atteindre les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja concernant les dĆ©penses publiques de santĆ©, Ć  savoir au moins : (i) l’Ć©quivalent de 5% du PIB ; et (ii) 15% des dĆ©penses publiques totales.

    La fragilitĆ© des systĆØmes de santĆ© en Afrique est essentiellement due au fait que les gouvernements n’ont jamais rĆ©ussi Ć  prioriser la santĆ© par lā€™allocation de ressources adĆ©quates.

    The Abuja La DĆ©claration dā€™Abuja avait pour but de remĆ©dier Ć  cette prĆ©occupation en assurant un engagement dā€™au moins 15% du budget national pour le secteur de la santĆ© mais cet objectif s’est rĆ©vĆ©lĆ© illusoire pour la plupart des pays. En 2011, dix ans aprĆØs la DĆ©claration, 27 pays africains avaient augmentĆ© la part de leurs dĆ©penses allouĆ©e Ć  la santĆ©. En fait, seuls deux pays – le Rwanda et l’Afrique du Sud – avaient atteint l’objectif de 15 %. Sept pays avaient en rĆ©alitĆ© rĆ©duit la part de leur budget de santĆ© dans leur budget national.

    En 2019, la situation s’est dĆ©tĆ©riorĆ©e: 21 gouvernements africains dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage de leurs dĆ©penses publiques qu’en 2000 et seule l’Afrique du Sud avait atteint l’objectif de 15%; et 20 gouvernements dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage du PIB qu’en 2000.Ā  LĆ  encore, seule l’Afrique du Sud a atteint l’objectif de 5 % du PIB.

    Selon un rapport de lā€™OMS , la priorisation de la santĆ© sur le continent n’a pas de corrĆ©lation directe avec la richesse d’un pays. Il a fait le constat selon lequel plusieurs pays dont le revenu par habitant est Ć©levĆ© – tels que l’AlgĆ©rie, le Botswana, le Gabon, la GuinĆ©e Ć©quatoriale, Maurice, les Seychelles et l’Afrique du Sud – ne consacrent pas systĆ©matiquement une part plus importante de leur budget Ć  la santĆ©.

    Si l’on prend l’exemple des 16 Ɖtats membres de la CommunautĆ© de dĆ©veloppement de l’Afrique australe (SADC), les donnĆ©es les plus rĆ©centes de la base de donnĆ©es mondiale des dĆ©penses de santĆ© de l’OMS montrent qu’Ć  la fin de 2018, tous les Ɖtats membres de la SADC peinaient Ć  atteindre l’objectif annuel de 15 %.

    Figure 3. DĆ©penses courantes de santĆ© dans les Ɖtats membres de la SADC (en % du PIB), 2001 et 2018.

    Source: Jack Bwalya, SADC and the Abuja Declaration: Honouring the Pledge. 2021.

    Comme le suggĆØrent des Ć©tudes empiriques rĆ©centes Ā et un rapport de l’OMS de 2019 sur les dĆ©penses mondiales de santĆ©, l’une des principales raisons pour lesquelles les pays signataires (y compris ceux de la rĆ©gion de la SADC) n’ont pas atteint les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja est leur dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide extĆ©rieure pour couvrir leurs dĆ©penses dans plusieurs secteurs, dont la santĆ©.

    En outre, dans des pays tels que la Zambie, la dĆ©pendance Ć  l’Ć©gard de l’aide extĆ©rieure s’accompagne de diverses mesures d’austĆ©ritĆ© qui ont Ć©tĆ© introduites pour allĆ©ger le fardeau de la dette nationale. Il est donc d’autant plus difficile d’atteindre l’objectif de 15 %. Actuellement, l’allocation annuelle moyenne dans la rĆ©gion est de 5,3 %. En dĆ©finitive, le modĆØle de dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide a eu des consĆ©quences imprĆ©vues sur la capacitĆ© des gouvernements de la rĆ©gion de la SADC Ć  intensifier leurs efforts en utilisant des modĆØles de financement durables en vue dā€™allouer davantage de fonds publics Ć  la santĆ©.

    Les gouvernements doivent prĆ©lever lā€™impĆ“t sur les revenus les plus Ć©levĆ©s aussi bien chez Ā les particuliers que dans les entreprises, pour rĆ©aliser plus de progrĆØs et allouer advantage de fonds Ć  la santĆ© afin dā€™honorer leur engagement d’Abuja.

    1. Les gouvernements doivent dĆ©penser leur argent de maniĆØre plus judicieuse

    Les dĆ©penses publiques pour une meilleure santĆ© en Afrique impliquent la rĆ©alisation de meilleurs investissements publics, un sentiment partagĆ© par l’Union africaine. AmĆ©liorer la santĆ© est une entreprise coĆ»teuse et de nombreux pays africains disposent d’une marge de manœuvre budgĆ©taire limitĆ©e. Ā La pandĆ©mie actuelle de COVID-19 brouille les donnĆ©es sur les dĆ©penses de santĆ© mais, en 2019, les gouvernements africains ont dĆ©pensĆ© entre 0 et 610 dollars par habitant pour la santĆ©, par rapport aux pays Ć  revenu Ć©levĆ© qui dĆ©pensent plus de 4 000 dollars. En fait, dans 28 pays, les gouvernements ont dĆ©pensĆ© moins de 20 dollars par habitant pour la santĆ©. Cette situation est due Ć  plusieurs facteurs, mais le plus important d’entre eux est un faible PIB et une faible efficacitĆ© de la collecte des impĆ“ts dans les pays africains, aggravĆ©s par de faibles allocations budgĆ©taires au secteur de la santĆ© en raison de prioritĆ©s concurrentes.

    MĆŖme si l’Afrique a connu une meilleure croissance Ć©conomique dans un passĆ© rĆ©cent par rapport Ć  d’autres rĆ©gions, lorsque les richesses des pays africains s’accroissent, les dĆ©penses publiques de santĆ© n’augmentent pas automatiquement. Entre 2001 et 2015 par exemple, au moment oĆ¹ les Ć©conomies africaines se dĆ©veloppaient, les dĆ©penses publiques de santĆ©, en proportion des dĆ©penses globales, ont diminuĆ© dans 21 pays.

    L’aide au dĆ©veloppement pour la santĆ© a pour ainsi dire Ć©vincĆ© les ressources gouvernementales et crĆ©Ć© une dĆ©pendance vis-Ć -vis des bailleurs, ce qui complique le processus de transition des pays faisant face Ć  une baisse du financement des bailleurs et disposant de plans inadĆ©quats pour compenser ce changement de ressources.

    Le faible taux dā€™exĆ©cution budgĆ©taire et le gaspillage rĆ©duisent davantage les ressources disponibles pour la santĆ©. Le faible niveau des dĆ©penses publiques a un plus grand impact nĆ©gatif sur les citoyens avec pour consĆ©quence des paiement directs importants et un systĆØme de santĆ© inĆ©quitable qui ne garantit l’accĆØs qu’Ć  ceux qui sont en mesure de payer.

    1. Il est primordial de garantir le succĆØs de la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondialĀ Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

    Enfin, mĆŖme si les pays peinent Ć  augmenter leurs ressources nationales pour la santĆ©, ils doivent apporter leur soutien Ć  la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial afin de maintenir les progrĆØs accomplis dans l’Ć©radication du VIH, de la tuberculose et du paludisme et de contribuer au renforcement des systĆØmes de santĆ©.

    ā€œLe financement durable est fondamental: nous devons jouer notre partition en augmentant les ressources nationales pour la santĆ©”.

    Winnie Byanyima, ONUSIDA

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Les pays africains doivent par ailleurs assurer un meilleur recouvrement de l’impĆ“t auprĆØs de leurs citoyens et redĆ©finir les prioritĆ©s en matiĆØre de santĆ© afin d’atteindre les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja concernant les dĆ©penses publiques de santĆ©, Ć  savoir au moins : (i) l’Ć©quivalent de 5% du PIB ; et (ii) 15% des dĆ©penses publiques totales.

La fragilitĆ© des systĆØmes de santĆ© en Afrique est essentiellement due au fait que les gouvernements n’ont jamais rĆ©ussi Ć  prioriser la santĆ© par lā€™allocation de ressources adĆ©quates.

The Abuja La DĆ©claration dā€™Abuja avait pour but de remĆ©dier Ć  cette prĆ©occupation en assurant un engagement dā€™au moins 15% du budget national pour le secteur de la santĆ© mais cet objectif s’est rĆ©vĆ©lĆ© illusoire pour la plupart des pays. En 2011, dix ans aprĆØs la DĆ©claration, 27 pays africains avaient augmentĆ© la part de leurs dĆ©penses allouĆ©e Ć  la santĆ©. En fait, seuls deux pays – le Rwanda et l’Afrique du Sud – avaient atteint l’objectif de 15 %. Sept pays avaient en rĆ©alitĆ© rĆ©duit la part de leur budget de santĆ© dans leur budget national.

En 2019, la situation s’est dĆ©tĆ©riorĆ©e: 21 gouvernements africains dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage de leurs dĆ©penses publiques qu’en 2000 et seule l’Afrique du Sud avait atteint l’objectif de 15%; et 20 gouvernements dĆ©pensaient moins pour la santĆ© en pourcentage du PIB qu’en 2000.Ā  LĆ  encore, seule l’Afrique du Sud a atteint l’objectif de 5 % du PIB.

Selon un rapport de lā€™OMS , la priorisation de la santĆ© sur le continent n’a pas de corrĆ©lation directe avec la richesse d’un pays. Il a fait le constat selon lequel plusieurs pays dont le revenu par habitant est Ć©levĆ© – tels que l’AlgĆ©rie, le Botswana, le Gabon, la GuinĆ©e Ć©quatoriale, Maurice, les Seychelles et l’Afrique du Sud – ne consacrent pas systĆ©matiquement une part plus importante de leur budget Ć  la santĆ©.

Si l’on prend l’exemple des 16 Ɖtats membres de la CommunautĆ© de dĆ©veloppement de l’Afrique australe (SADC), les donnĆ©es les plus rĆ©centes de la base de donnĆ©es mondiale des dĆ©penses de santĆ© de l’OMS montrent qu’Ć  la fin de 2018, tous les Ɖtats membres de la SADC peinaient Ć  atteindre l’objectif annuel de 15 %.

Figure 3. DĆ©penses courantes de santĆ© dans les Ɖtats membres de la SADC (en % du PIB), 2001 et 2018.

Source: Jack Bwalya, SADC and the Abuja Declaration: Honouring the Pledge. 2021.

Comme le suggĆØrent des Ć©tudes empiriques rĆ©centes Ā et un rapport de l’OMS de 2019 sur les dĆ©penses mondiales de santĆ©, l’une des principales raisons pour lesquelles les pays signataires (y compris ceux de la rĆ©gion de la SADC) n’ont pas atteint les objectifs de la DĆ©claration d’Abuja est leur dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide extĆ©rieure pour couvrir leurs dĆ©penses dans plusieurs secteurs, dont la santĆ©.

En outre, dans des pays tels que la Zambie, la dĆ©pendance Ć  l’Ć©gard de l’aide extĆ©rieure s’accompagne de diverses mesures d’austĆ©ritĆ© qui ont Ć©tĆ© introduites pour allĆ©ger le fardeau de la dette nationale. Il est donc d’autant plus difficile d’atteindre l’objectif de 15 %. Actuellement, l’allocation annuelle moyenne dans la rĆ©gion est de 5,3 %. En dĆ©finitive, le modĆØle de dĆ©pendance vis-Ć -vis de l’aide a eu des consĆ©quences imprĆ©vues sur la capacitĆ© des gouvernements de la rĆ©gion de la SADC Ć  intensifier leurs efforts en utilisant des modĆØles de financement durables en vue dā€™allouer davantage de fonds publics Ć  la santĆ©.

Les gouvernements doivent prĆ©lever lā€™impĆ“t sur les revenus les plus Ć©levĆ©s aussi bien chez Ā les particuliers que dans les entreprises, pour rĆ©aliser plus de progrĆØs et allouer advantage de fonds Ć  la santĆ© afin dā€™honorer leur engagement d’Abuja.

  1. Les gouvernements doivent dĆ©penser leur argent de maniĆØre plus judicieuse

Les dĆ©penses publiques pour une meilleure santĆ© en Afrique impliquent la rĆ©alisation de meilleurs investissements publics, un sentiment partagĆ© par l’Union africaine. AmĆ©liorer la santĆ© est une entreprise coĆ»teuse et de nombreux pays africains disposent d’une marge de manœuvre budgĆ©taire limitĆ©e. Ā La pandĆ©mie actuelle de COVID-19 brouille les donnĆ©es sur les dĆ©penses de santĆ© mais, en 2019, les gouvernements africains ont dĆ©pensĆ© entre 0 et 610 dollars par habitant pour la santĆ©, par rapport aux pays Ć  revenu Ć©levĆ© qui dĆ©pensent plus de 4 000 dollars. En fait, dans 28 pays, les gouvernements ont dĆ©pensĆ© moins de 20 dollars par habitant pour la santĆ©. Cette situation est due Ć  plusieurs facteurs, mais le plus important d’entre eux est un faible PIB et une faible efficacitĆ© de la collecte des impĆ“ts dans les pays africains, aggravĆ©s par de faibles allocations budgĆ©taires au secteur de la santĆ© en raison de prioritĆ©s concurrentes.

MĆŖme si l’Afrique a connu une meilleure croissance Ć©conomique dans un passĆ© rĆ©cent par rapport Ć  d’autres rĆ©gions, lorsque les richesses des pays africains s’accroissent, les dĆ©penses publiques de santĆ© n’augmentent pas automatiquement. Entre 2001 et 2015 par exemple, au moment oĆ¹ les Ć©conomies africaines se dĆ©veloppaient, les dĆ©penses publiques de santĆ©, en proportion des dĆ©penses globales, ont diminuĆ© dans 21 pays.

L’aide au dĆ©veloppement pour la santĆ© a pour ainsi dire Ć©vincĆ© les ressources gouvernementales et crĆ©Ć© une dĆ©pendance vis-Ć -vis des bailleurs, ce qui complique le processus de transition des pays faisant face Ć  une baisse du financement des bailleurs et disposant de plans inadĆ©quats pour compenser ce changement de ressources.

Le faible taux dā€™exĆ©cution budgĆ©taire et le gaspillage rĆ©duisent davantage les ressources disponibles pour la santĆ©. Le faible niveau des dĆ©penses publiques a un plus grand impact nĆ©gatif sur les citoyens avec pour consĆ©quence des paiement directs importants et un systĆØme de santĆ© inĆ©quitable qui ne garantit l’accĆØs qu’Ć  ceux qui sont en mesure de payer.

  1. Il est primordial de garantir le succĆØs de la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondialĀ Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

Enfin, mĆŖme si les pays peinent Ć  augmenter leurs ressources nationales pour la santĆ©, ils doivent apporter leur soutien Ć  la septiĆØme reconstitution des ressources du Fonds mondial afin de maintenir les progrĆØs accomplis dans l’Ć©radication du VIH, de la tuberculose et du paludisme et de contribuer au renforcement des systĆØmes de santĆ©.

ā€œLe financement durable est fondamental: nous devons jouer notre partition en augmentant les ressources nationales pour la santĆ©”.

Winnie Byanyima, ONUSIDA

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